Perspectives

Préparons la grève générale pour faire chuter Macron et stopper l’escalade guerrière en Europe!

En appelant à un vote de confiance, le Premier ministre François Bayrou a fait exploser la crise politique en France et dans toute l’Europe. Son gouvernement minoritaire est sur le point de tomber, sans aucun vainqueur clair en cas de nouvelles élections législatives. La France est dans l’impasse.

Un conflit irréconciliable émerge entre la classe ouvrière et l’oligarchie capitaliste qui finance ses guerre via l’austérité. Alors que le chancelier allemand Friedrich Merz prépare un fonds de guerre de 1.000 milliards d’euros et déclare que «l’État social ne peut plus être financé», Bayrou appelle à supprimer les jours de congé et à 44 milliards d’euros de mesures d’austérité afin de préparer un triplement des dépenses militaires françaises. Cette politique d’austérité et de militarisation, menée dans toute l’Europe, se heurte à une opposition populaire massive.

Selon les sondages, 84 pour cent des Français s’opposent au budget de Bayrou. Plus des deux tiers souhaitent le départ tant de Bayrou que de Macron, le président des riches. Des grèves sont en préparation chez les travailleurs de l’énergie, des chemins de fer et des transports publics, des supermarchés, les chauffeurs de taxi et les pharmaciens, et les appels se multiplient pour bloquer l’économie par une grève nationale d’un jour le 10 septembre.

La situation politique est mûre pour une grève générale comme celle de mai 68 en France. Mais il faut lutter pour une telle éruption de la lutte de classe, dont une grève nationale d’un jour ne serait qu’une préparation. Il faut que la classe ouvrière soit politiquement armée, qu'elle comprenne ses tâches dans la lutte internationale qui s'annonce, et qu'elle surmonte l'obstacle que constituent les bureaucraties qui cherchent à retarder et à désorganiser ses luttes.

En France, ce sont avant tout la coalition du Nouveau Front populaire (NFP) dirigée par La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, le Parti socialiste (PS) bourgeois, les Verts et le PCF stalinien. Les bureaucraties syndicales rejettent les appels à bloquer l’économie: la CFDT a dit qu’ils n’étaient «pas notre méthode» et la CGT les a écartés comme «nébuleux». Mélenchon appelle à un «blocage général» d’un jour le 10 septembre, «car le 23 septembre, nous déposerons une motion de censure» au parlement, espérant forcer Macron à démissionner.

Mais il n’y a pas de solution nationale à cette crise, et il faut se méfier de partis petits-bourgeois comme LFI qui veulent subordonner la lutte de classe à leurs manœuvres parlementaires. La tâche posée aux travailleurs n’est pas d’élire un nouveau gouvernement capitaliste, mais d’arracher le pouvoir des mains d’une oligarchie capitaliste qui plonge tête baissée dans la guerre et la dictature.

Les racines de classe de la crise budgétaire française

Les travailleurs ne peuvent pas résoudre la crise budgétaire en élisant un nouveau gouvernement capitaliste. Un tel gouvernement chercherait inévitablement à poursuivre les grandes lignes de la politique de Bayrou. Les travailleurs sont confrontés à deux alternatives: mettre fin aux guerres et à l'escalade militaire en s'attaquant directement à la propriété capitaliste, ou sombrer dans la pauvreté.

Bayrou veut financer la hausse des dépenses militaires à 5 pour cent du PIB, objectif fixé par les puissances européennes avec Washington dans le contexte de la guerre OTAN-Russie en Ukraine et du génocide à Gaza. Il s’agit de dégager 100 milliards d’euros par an pour l’armée, tout en sabrant les budgets de l’État afin de rassurer les banques sur la capacité de la France à rembourser sa dette.

Les travailleurs ne sont pas responsables de ces dettes. Depuis le krach de Wall Street en 2008, la dette de la France est passée de 68 à 115 pour cent du PIB. Les deux tiers de cette hausse de 47 pour cent proviennent du financement de deux des nombreux plans de relance bancaires européens: en 2009, après le krach, et en 2020, pour stopper un nouveau krach au début de la pandémie de Covid.

Les États de la zone euro ont emprunté de l’argent à la Banque centrale européenne et l’ont donné à leurs banques, renflouant les marchés boursiers et obligataires et gonflant la richesse de l’oligarchie. Depuis 2009, l’industrie et le niveau de vie stagnnt. Pourtant les 500 premiers patrimoines français, recensés par Challenges, ont explosé après chaque renflouement bancaire, passant entre 2009 et 2025 de 194 à 1 228 milliards d’euros. Cette richesse est devenue incompatible avec la démocratie.

Sur les 445 milliards d’euros du budget de l’État français, 25 pour cent vont aux retraites, 20 pour cent à la santé, 15 pour cent à l’éducation et aux autres administrations, et 11 pour cent à l’assurance-chômage et aux prestations familiales, selon l’Élysée. Les recettes de l’État n’étant qu’à environ 330 milliards d’euros, la France affiche un déficit budgétaire massif que les banques menacent de ne pas financer.

71 pour cent du budget de l’État étant consacrés aux services sociaux de base, le seul moyen de trouver 100 milliards pour la machine de guerre, et encore 100 milliards pour réduire le déficit, est de détruire l’État social. Cela implique aussi de mettre en place une dictature policière pour écraser l’opposition ouvrière. À l’inverse, pour défendre les droits sociaux et démocratiques, la classe ouvrière doit mettre fin à la guerre et briser le diktat de l'oligarchie capitaliste.

Quelle voie à suivre pour la classe ouvrière ?

Il faut tirer les leçons politiques des luttes des dernières années. En 2023, des millions de personnes ont fait grève et des émeutes ont éclaté contre la réforme des retraites de Macron – pour voir, au final, les syndicats arrêter les grèves quand Macron a promulgué sa réforme par décret. En 2024, des millions de gens ont voté pour Mélenchon et le NFP, arrivé en tête aux législatives, pour voir Mélenchon soutenir les candidats de Macron au second tour, permettant à celui-ci de garder le pouvoir par le biais d’une série de gouvernements minoritaires fragiles.

Il faut débarrasser la lutte des classes de l'emprise paralysante des bureaucraties du NFP et de la perspective nationaliste qui sous-tend les manœuvres parlementaires de Mélenchon.

À cette fin, les travailleurs doivent construire des organisations de la base, indépendantes des appareils syndicales et de leur «dialogue social» avec l’État, afin d’organiser leurs luttes. Seule une montée massive de la lutte de classe pourra créer les conditions pour l’éruption d’une grève générale et d’une lutte internationale contre le capitalisme et la guerre impérialiste.

La classe ouvrière a besoin de ses propres revendication, sur lesquelles elle pourra mener une telle offensive politique. Le Parti de l’égalité socialiste avance à cette fin les revendications suivantes:

Non à la guerre impérialiste! Arrêtez la guerre contre la Russie, démantelez l'OTAN! Stop à l'escalade militaire !

Il faut mettre fin aux plans de guerre de l'OTAN contre la Russie, rejetés par la grande majorité de la population. La France doit quitter l'alliance impérialiste de l'OTAN, qui menace de déclencher une guerre nucléaire, dans le cadre d'une lutte internationale de la classe ouvrière pour démanteler l'OTAN et mettre fin à ses guerres. Pas un centime ne doit être consacré à la préparation de «guerres de haute intensité», c'est-à-dire à des massacres comme celui qui a tué des centaines de milliers d'Ukrainiens et de Russes.

Halte au génocide de Gaza! Non à la persécution des opposants au génocide!

Les travailleurs en France et à l’international doivent bloquer la production et la livraison d’armes au régime israélien. Les poursuites doivent cesser contre les opposants au génocide sur la base de fausses accusations de terrorisme ou d’antisémitisme. Les responsables israéliens de ce génocide, ainsi que les responsables de l’OTAN qui en sont complices, doivent être poursuivis.

Il faut faire chuter Macron et abolir la présidence de la Ve République!

Macron gouverne contre le peuple par la répression policière et les arrestations de grévistes. La classe ouvrière doit le faire chuter, mais son remplacement par un autre politicien capitaliste n'arrêterait pas les attaques contre la démocratie. Il faut abolir la présidence de la constitution de 1958, centre névralgique de la répression policière et des complots contre la démocratie.

Halte à la persécution des réfugiés et des immigrés, pour l’unité internationale de la classe ouvrière !

La lutte pour la révolution socialiste est indissociable de la lutte pour l’unité internationale de la classe ouvrière. Ceci signifie rejeter la persécution des immigrés, la construction de camps de détention pour les réfugiés, et les lois humiliantes interdisant le port de vêtements musulmans dans les écoles. Cela est essentiel pour déjouer les tentatives de la bourgeoisie et des bureaucraties pour diviser les travailleurs sur des critères nationaux et bloquer ainsi une lutte européenne contre la guerre et le capitalisme.

Il faut saisir les fonds publics de renflouement et exproprier l'oligarchie capitaliste!

Les travailleurs doivent rejeter le mensonge selon lequel il n'y aurait pas d'argent pour les besoins sociaux des masses. Il faut saisir les milliers de milliards d'euros de fonds publics accaparés par l'oligarchie capitaliste en France et dans toute l'Europe, et les utiliser pour financer l'emploi et les programmes sociaux. Cela nécessite une lutte ouvrière pour exproprier l'oligarchie et transformer les grandes entreprises européennes en un réseau de services publics servant les intérêts du peuple.

Pour les États socialistes unis d’Europe!

Les travailleurs et les jeunes en France ont des alliés puissants dans les millions de travailleurs à travers l'Europe et dans le monde hostiles à la guerre, au fascisme, au génocide et à l'austérité. Les bureaucrates et les parlementaires feront obstacle à lutte. Les travailleurs de la base doivent bâtir leurs propres organisations de lutte et un mouvement politique pour transférer le pouvoir à la classe ouvrière en France, en Europe et à l'international, remplaçant l'Union européenne capitaliste par les États socialistes unis d'Europe.

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