Conférence donnée à l’École d’été 2025 du Parti de l’égalité socialiste

La théorie de la révolution permanente et les origines du trotskysme

La conférence suivante a été prononcée par Christoph Vandreier, secrétaire national du Parti de l’égalité socialiste (Allemagne), lors de l’École d’été internationale du Parti de l’égalité socialiste (États-Unis), tenue du 2 au 9 août 2025. Il s’agit de la première partie d’une conférence en deux volets sur les origines du trotskysme.

Le WSWS publie également deux documents sources écrits par Léon Trotsky pour accompagner cette conférence:Manifeste de l’internationale Communiste aux prolétaires du monde entier présenté lors du Premier Congrès de l’Internationale communiste, et le Chapitre 10 de l’œuvre de Trotsky «La Révolution permanente». Nous encourageons nos lecteurs à étudier ces textes en parallèle avec cette conférence.

Le WSWS publiera toutes les conférences de l’école dans les semaines à venir. L’introduction à l’école par le président national du SEP, David North, intitulée «La place de la Sécurité et de la Quatrième Internationale dans l’histoire du mouvement trotskyste» a été publiée le 19 août.

Introduction

L’enquête sur la Sécurité et la Quatrième Internationale n’était pas simplement une histoire policière sur l’assassinat de Léon Trotsky. En lançant une enquête sur l’assassinat de Trotsky et en exposant le rôle des staliniens et des impérialistes à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement, le Comité International s’est ancré plus profondément dans l’histoire du mouvement révolutionnaire.

Contrairement aux pablistes ou au groupe Robertson, il a pris au sérieux l’histoire du mouvement et la clarification politique de cette histoire, car il comprenait que la clé pour résoudre la crise de la direction révolutionnaire, et donc la crise de l’humanité, résidait dans la continuité de la Quatrième Internationale, c’est-à-dire la continuité du bolchevisme.

Dans la Perspective du Nouvel An 2017, les camarades Joseph Kishore et David North ont identifié les trois fondements politiques et théoriques suivants sur lesquels la Révolution d’Octobre s’est appuyée:

(1) la défense et l’élaboration du matérialisme historique et dialectique, en opposition à l’idéalisme philosophique et au révisionnisme anti-marxiste, en tant que base théorique de l’éducation et de l’activité pratique de la classe ouvrière ;

(2) la lutte ininterrompue contre les diverses formes d’opportunisme et de centrisme qui bloquaient ou minaient la lutte pour établir l’indépendance politique de la classe ouvrière ; et

(3) l’élaboration, pendant de nombreuses années, de la perspective stratégique qui a orienté le parti bolchévique vers la saisie du pouvoir en 1917. Dans ce dernier processus, l’adoption par Lénine de la théorie de la révolution permanente, élaborée par Trotsky au cours de la décennie précédente, était l’avancée critique qui a guidé la stratégie des bolchéviks dans les mois menant au renversement du Gouvernement provisoire. [1].

S’agissant du deuxième point, Lénine a mené une lutte intransigeante pour la perspective indépendante de la classe ouvrière. Dès ses écrits contre les populistes dans les années 1890, Lénine insistait sur le fait que la classe ouvrière devait adopter une position de classe indépendante face à ces forces bourgeoises et petite-bourgeoises. Dans Que faire?, il s’opposait aux «économistes» en affirmant que l’indépendance de la classe ouvrière ne pouvait être atteinte que par une lutte pratique, politique et théorique continue contre la conscience bourgeoise et spontanée, et c’est sur cette base qu’il rompit avec les mencheviks en 1903.

Lénine comprenait que, dans cette lutte pour une ligne indépendante et contre tout opportunisme, une conception matérialiste de l’histoire et de la société était indispensable. Seule une compréhension scientifique de la lutte des classes par le parti révolutionnaire lui permet d’intervenir dans celle-ci et d’élever la conscience de la classe ouvrière. Comme Lénine l’a brillamment résumé dans son ouvrage important Matérialisme et empiriocriticisme:

La tâche la plus noble de l'humanité est d'embrasser cette logique objective de l'évolution économique (évolution de l'existence sociale) dans ses traits généraux et essentiels, afin d'y adapter aussi clairement et nettement que possible, avec esprit critique, sa conscience sociale et la conscience des classes avancées de tous les pays capitalistes. [2]

Tel était le fondement du travail de Lénine, Trotsky et des autres grands marxistes. Ils concevaient le marxisme non pas comme un modèle à imposer au développement historique, mais comme un outil pour comprendre avec précision le développement objectif afin d’élaborer la ligne indépendante de la classe ouvrière. De ce point de vue, ils ont abordé les changements profonds que le capitalisme avait connus depuis la fin du XIXe siècle. En Russie, ces questions étaient particulièrement aiguës.

«Le principe fondamental du marxisme est que la révolution sociale – c’est-à-dire le processus de remplacement d’une classe dirigeante par une autre – n’a lieu que lorsque le développement des forces productives n’est plus possible dans le cadre des rapports de production existants», comme l’a souligné le camarade Kishore dans sa conférence sur la Révolution russe. [3]

Mais lorsque le marxisme arriva en Russie, ces processus en étaient encore à leurs balbutiements. Le pays était largement agrarien, avec une population paysanne de 100 millions d'individus. Bien que le servage ait été aboli en 1861, les structures rurales restaient essentiellement féodales, dominées par quelque 60 000 propriétaires terriens extrêmement riches, majoritairement aristocrates. En même temps, l'industrie dans les centres urbains était très moderne. Trois à cinq millions d'ouvriers produisaient environ la moitié du revenu national, souvent dans de grandes usines employant plus de 1000 personnes.

Dans ces conditions, une discussion intense eut lieu au sein du mouvement socialiste russe sur le caractère de la révolution en Russie, ce qui revêtait une grande importance pour le marxisme international et forma la base de la Révolution d'Octobre. Essentiellement, il y avait trois conceptions.

Georgi Plekhanov

Le père du marxisme russe, Gueorgui Plekhanov, comprenait la nécessité de construire un parti indépendant de la classe ouvrière engagé en faveur du socialisme international. Dès 1848 en Allemagne, il était devenu clair que la bourgeoisie, craignant une insurrection prolétarienne, préférerait chercher une alliance avec les pouvoirs féodaux plutôt que de faire avancer la révolution démocratique. «Le mouvement révolutionnaire triomphera en Russie en tant que mouvement ouvrier, ou il ne triomphera jamais», déclara donc Plekhanov lors du congrès fondateur de la Deuxième Internationale en 1889.

Mais Plekhanov a formellement transposé le développement du capitalisme en Europe occidentale à la situation en Russie et a donc compris la révolution comme une révolution purement bourgeoise. Les travailleurs devaient la faire avancer, mais en fin de compte remettre le pouvoir à la bourgeoisie afin que le capitalisme puisse se développer pleinement en Russie. En tant que dirigeant menchevik, il a pour finir ouvertement promu une alliance entre le prolétariat et la bourgeoisie. Avec la révolution de 1905, les limites de cette perspective sont devenues évidentes. Comme l’a expliqué David North:

Les événements de 1905 – c’est-à-dire le déclenchement de la première révolution russe – ont soulevé de sérieuses questions sur la viabilité du modèle théorique de Plekhanov. L’aspect le plus significatif de la Révolution russe était le rôle politique dominant joué par le prolétariat dans la lutte contre le tsarisme. Dans le contexte des grèves générales et de l’insurrection, les manœuvres des dirigeants politiques de la bourgeoisie russe semblaient mesquines et traîtresses. Aucun Robespierre ou Danton ne se trouvait parmi la bourgeoisie. Le Parti Cadet (Démocrates constitutionnels) ne ressemblait en rien aux Jacobins [4].

Au cœur de ces événements révolutionnaires de 1905, Lénine développa une position opposée à celle de Plekhanov. Pour résoudre les tâches de la révolution bourgeoise, le prolétariat ne pouvait pas compter sur la bourgeoisie, qui réagissait à chaque mouvement indépendant de la classe ouvrière en se rapprochant des propriétaires terriens et du régime tsariste.

Vladimir Ilitch Lénine

Lénine soutenait que la classe ouvrière devait résoudre les tâches de la révolution bourgeoise indépendamment de la bourgeoisie et contre elle. Pour ce faire, il comptait sur une alliance avec la paysannerie. Au lieu du parlementarisme bourgeois, il exigeait une «dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie»; au lieu de coopérer avec la bourgeoisie, il appelait à la mobilisation de la population travailleuse rurale. Mais même Lénine voyait les tâches de cette révolution, avant tout la solution de la question agraire, comme bourgeoises. Comme il l’a expliqué:

Mais ce sera, bien entendu, non pas une dictature socialiste mais démocratique. Elle ne pourra pas toucher (sans toute une série de stades transitoires du développement révolutionnaire) aux bases du capitalisme. Il ne lui sera possible, dans le meilleur des cas, que de réaliser un repartage radical de la propriété foncière en faveur de la paysannerie; d'introduire un régime démocratique consistant et total allant jusqu'à l'institution de la république; d'extirper tous les caractères asiatiques et féodaux non seulement de la vie quotidienne du village, mais aussi de l'usine; d'inaugurer de sérieuses améliorations de la situation des travailleurs en élevant leur standard de vie, et, par-dessus tout, de mener à bien la conflagration révolutionnaire en Europe. [5]

La conception de Lénine était sans conteste une avancée significative, car elle reformulait les rapports de classe dans la révolution et dans la nouvelle forme de pouvoir, et plaçait déjà la révolution en Russie dans le contexte de la révolution européenne. Cependant, sa formule de «dictature démocratique» laissait sans réponse la question du caractère de classe du nouveau gouvernement et restait plutôt formelle en ce qui concerne la politique du nouveau gouvernement. Dès 1905, Trotsky soulignait que Lénine voulait résoudre la contradiction entre les intérêts de classe des travailleurs et les conditions objectives du retard de la Russie par l'auto-limitation des travailleurs.

Si les mencheviks, en partant de cette conception abstraite : “Notre révolution est bourgeoise”, en viennent à l'idée d'adapter toute la tactique du prolétariat à la conduite de la bourgeoisie libérale jusqu'à la conquête du pouvoir par celle ci, les bolcheviks, partant d'une conception non moins abstraite, “Dictature démocratique mais non socialiste”, en viennent à l'idée d'une autolimitation du prolétariat détenant le pouvoir à un régime de démocratie bourgeoise. Il est vrai qu'entre mencheviks et bolcheviks il y a une différence essentielle : tandis que les aspects antirévolutionnaires du menchevisme se manifestent dès à présent dans toute leur étendue, ce qu'il y a d'antirévolutionnaire dans le bolchevisme ne nous menace – mais la menace n'en est pas moins sérieuse – que dans le cas d'une victoire révolutionnaire.[6].

Léon Trotsky

Avec cela, Trotsky avait déjà esquissé les traits fondamentaux de la théorie de la révolution permanente, qu’il a exposée de manière systématique un an plus tard dans Bilan et Perspectives. Contrairement à Lénine, Trotsky comprenait que la classe ouvrière devait diriger la paysannerie, incapable de mener une politique indépendante. La révolution dirigée par la classe ouvrière est permanente en ce sens que, une fois le pouvoir saisi, les travailleurs ne peuvent s’arrêter à des mesures démocratiques bourgeoises, mais seront contraints de prendre des mesures socialistes.

Cependant, la question s'est posée de savoir comment cela pouvait être possible dans une Russie arriérée, où le capitalisme ne s'était pas encore développé et où la grande majorité de la population était composée de paysans. Et c'est ici, en s'appuyant sur une étude détaillée du développement de l'économie mondiale et du développement contradictoire de la Russie, que Trotsky a élaboré l'élément central de la théorie de la révolution permanente, qui est d'une importance capitale non seulement pour les pays arriérés, mais aussi pour la stratégie de la révolution socialiste mondiale. Il comprenait la révolution en Russie non pas comme un événement national isolé, mais comme une partie de la révolution mondiale. En 1905, il écrivait:

En imposant son propre type d’économie et ses propres relations à tous les pays, le capitalisme a transformé le monde entier en un seul organisme économique et politique... Dès le début, ce fait donne aux événements en cours un caractère international et ouvre des perspectives majestueuses. L’émancipation politique, dirigée par la classe ouvrière russe, élève celle-ci à des hauteurs historiquement sans précédent, lui fournissant des moyens et des ressources colossaux, et en faisant l’initiateur de la liquidation mondiale du capitalisme, pour laquelle l’histoire a préparé toutes les conditions objectives [7].

La théorie de la révolution permanente de Trotsky n’était pas une utopie, mais reposait sur une compréhension du développement capitaliste mondial. En 1931, Trotsky résuma avec justesse cette idée dans son ouvrage La Révolution permanente:

La révolution socialiste ne peut être achevée dans les limites nationales. Une des causes essentielles de la crise de la société bourgeoise vient de ce que les forces productives qu'elle a créées tendent à sortir du cadre de l'État national. D'où les guerres impérialistes d'une part, et l'utopie des États-Unis bourgeois d'Europe d'autre part. La révolution socialiste commence sur le terrain national, se développe sur l'arène internationale et s'achève sur l'arène mondiale. Ainsi la révolution socialiste devient permanente au sens nouveau et le plus large du terme : elle ne s'achève que dans le triomphe définitif de la nouvelle société sur toute notre planète. [8]

Dans Défense de Léon Trotsky, David North résume à quel point cette analyse était fondamentale pour la stratégie de la révolution socialiste mondiale:

Partant de l’analyse du développement historique du capitalisme mondial et de la dépendance objective de la Russie vis-à-vis de l’environnement économique et politique international, Trotsky a prévu le développement socialiste de la révolution russe. La classe ouvrière russe serait contrainte de prendre le pouvoir et d’adopter des mesures de caractère socialiste. Pourtant, en suivant une voie socialiste, la classe ouvrière en Russie se heurterait inévitablement aux limites de l’environnement national. Comment trouverait-elle une issue à son dilemme? En liant son destin à la révolution européenne et mondiale, dont sa propre lutte n’était, en dernière analyse, qu’une manifestation.

La théorie de la révolution permanente de Trotsky a rendu possible une conception réaliste de la révolution mondiale. L’ère des révolutions nationales était révolue – ou, pour être plus précis, les révolutions nationales ne pouvaient être comprises que dans le cadre de la révolution socialiste internationale [9].

La théorie de la révolution permanente a été confirmée pour la première fois lors de la Première Guerre mondiale, avec l'effondrement du système des États-nations capitalistes, puis sous tous ses aspects lors de la Révolution russe.

Rassemblement sur la perspective Nevski, après la Révolution de Février 1917

La Révolution de Février avait déjà été initiée principalement par la classe ouvrière et dirigée en particulier par des travailleurs éduqués par les bolcheviks. Ils ont mené l’insurrection à la victoire, mais sans un parti centralisé, ils n’ont pas pu placer immédiatement le pouvoir entre les mains de l’avant-garde prolétarienne. Cela a donné naissance à un double pouvoir entre le gouvernement provisoire, dirigé par la bourgeoisie libérale, et le Soviet des députés ouvriers et des soldats.

Comme Trotsky l’avait prévu, la bourgeoisie a tout tenté pour réprimer la révolution et défendre le tsar. Après l’abdication du tsar, le gouvernement provisoire a tenté de désarmer les ouvriers, de dissoudre le Soviet et de poursuivre la guerre. Les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires, qui avaient initialement la majorité au Soviet, ont soutenu le gouvernement provisoire et, en particulier, la continuation de la guerre – conformément à leur conviction que la classe ouvrière devait soutenir la bourgeoisie, même si cette dernière était ouvertement hostile à la révolution.

Dans ces conditions, un débat véhément s’est développé au sein du Parti bolchevique concernant la relation avec le gouvernement provisoire et la continuation de la guerre. Kamenev et Staline, qui dirigeaient conjointement la rédaction de la Pravda, soutenaient que les bolcheviks devaient soutenir de manière critique le gouvernement provisoire afin de créer les meilleures conditions pour la «dictature démocratique des ouvriers et des paysans». Ils ont même ouvertement appelé à soutenir la continuation de la guerre.

Lénine, en revanche, s’était déjà rapproché des positions de Trotsky pendant la guerre dans son analyse fondamentale de l’impérialisme. Dans L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, il expliquait comment le capitalisme s’était transformé en un «système mondial d’oppression coloniale et d’étranglement financier de la grande majorité de la population mondiale par une poignée de pays ‘avancés’». Son slogan «Transformer la guerre en guerre civile» mettait à l’ordre du jour la révolution socialiste dans tous les pays européens.

Lénine s’exprimant au Palais de Tauride à Petrograd, le 4 (17) avril 1917

Dès avant son retour en Russie, Lénine qualifiait tout soutien au gouvernement provisoire, dans ses Lettres de loin, de trahison de la cause du prolétariat et rejetait la continuation de la guerre impérialiste. Dès son arrivée en Russie, il discuta des Thèses d’avril au sein du parti, et sur cette base il fut non sans aucune raison accusé de «trotskysme».

Dans ses thèses, Lénine soulignait que la position des bolcheviks ne devait pas changer, que la guerre du côté russe restait une guerre impérialiste de pillage. Précisément parce que l’humeur parmi les masses était que la guerre était une défense de la révolution, il était nécessaire pour les bolcheviks de révéler le véritable contexte de la guerre. Il fallait démontrer qu’il était « impossible de mettre fin à la guerre par une paix véritablement démocratique, une paix non imposée par la violence, sans renverser le capital.»

C’était un point important, car Lénine partait des conditions objectives et non de la conscience immédiate de la classe ouvrière, comme il l’avait déjà expliqué dans Que faire? La logique de la lutte des classes révélerait le caractère contre-révolutionnaire de Kerenski et des mencheviks, expliquait Lénine. À l’étape décisive, la convergence du programme du parti et des conditions objectives permettrait aux bolcheviks de gagner les masses de la classe ouvrière à la perspective de la révolution socialiste.

Dans le deuxième point de ses thèses, Lénine soutenait clairement l’idée de la révolution permanente en appelant le prolétariat à prendre le pouvoir. Il affirmait que les bolcheviks ne devaient avoir aucune illusion dans le gouvernement provisoire, mais devaient opposer au parlementarisme le pouvoir des soviets. La police, l’armée et l’appareil administratif devaient être abolis et remplacés.

En plus de la nationalisation des terres, Lénine exigeait également un contrôle direct des banques par les soviets et le contrôle ouvrier sur la production et la distribution. Le Parti ouvrier social-démocrate de Russie devait être renommé Parti communiste, et la fondation d’une Internationale communiste devait être entreprise, dirigée contre les sociaux-chauvins et les centristes.

David North résume avec justesse l’évolution de Lénine vers la position de Trotsky:

Le programme politique de Lénine – et ceci marquait son ralliement à la théorie de la révolution permanente articulée par Trotsky – ne se fondait pas principalement sur une évaluation des circonstances et des opportunités nationales en Russie. La question essentielle pour la classe ouvrière n'était pas de savoir si la Russie, en tant qu'État national, avait atteint un niveau de développement capitaliste suffisant pour permettre la transition vers le socialisme. La classe ouvrière russe était plutôt confrontée à une situation historique où son propre sort était étroitement lié à la lutte de la classe ouvrière européenne contre la guerre impérialiste et le système capitaliste qui lui avait donné naissance. [10].

La nouvelle orientation de Lénine était également clairement évidente dans son projet de programme pour le parti prolétarien, qu’il a également rédigé en avril 1917. Il y est écrit:

La guerre n'est pas née de la mauvaise volonté des rapaces capitalistes, bien que, sans aucun doute, elle se fasse uniquement dans leur intérêt et n'enrichisse qu'eux. Elle a été engendrée par un demi siècle de capitalisme mondial, par la multitude infinie de ses liens et de ses attaches. Il est impossible de s'arracher à la guerre impérialiste, impossible d’obtenir une paix démocratique, non imposée par la violence, si le pouvoir du Capital n'est pas renversé, si le pouvoir ne passe pas à une autre classe : le prolétariat. La révolution russe de février-mars 1917 a marqué le début de la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile. Cette révolution a fait le premier pas vers la cessation de la guerre. Seul le second pas, le passage du pouvoir au prolétariat, peut en assurer la cessation. Ce sera dans le monde entier le début de la « rupture du front », du front des intérêts du Capital, et ce n'est qu'en rompant ce front que le prolétariat peut soustraire l'humanité aux horreurs de la guerre, lui procurer les bienfaits d'une paix durable. [11]

Tandis que Lénine avait ainsi rejoint la théorie de la révolution permanente, Trotsky acquit une compréhension plus profonde de la lutte intransigeante de Lénine pour une rupture totale avec les opportunistes qui s’étaient transformés en patriotes sociaux et défenseurs de la patrie au cours de la guerre et de la révolution en Russie. Depuis que Trotsky avait exclu toute union avec les mencheviks, «il n’y avait pas de meilleur bolchevique», déclara Lénine en octobre 1917.

Lénine avait déjà placé la lutte contre l’opportunisme dans le mouvement ouvrier au centre de son programme dans Que faire? et avait consommé la rupture avec les mencheviks en 1912. Avec le déclenchement de la guerre, Lénine exigea, sur le plan international, une rupture totale d’avec les défenseurs de la patrie et surtout d’avec les centristes, qui voulaient empêcher cette rupture.

En Russie, cela fut confirmé par le rôle contre-révolutionnaire joué par les mencheviks. Au lieu de combattre la bourgeoisie et les Cent-Noirs, ils combattirent les bolcheviks et soutinrent la traque contre eux après les manifestations de Juillet. Trotsky fut emprisonné et Lénine dut entrer dans la clandestinité. Kerenski, soutenu par les mencheviks, alla même jusqu’à collaborer avec le général Kornilov pour priver le Soviet de son pouvoir et détruire la révolution. La question du pouvoir d’État devint cruciale, et les mencheviks ainsi que les socialistes-révolutionnaires qui soutenaient Kerenski furent discrédités aux yeux des masses.

Les troupes du gouvernement provisoire tirent sur la manifestation de la perspective Nevski.

Pendant cette période, Lénine se consacra à son étude fondamentale L'État et la Révolution, dans laquelle il s’opposait vigoureusement à la position des réformistes selon laquelle l’appareil d’État bourgeois pouvait être repris par la classe ouvrière. En s’appuyant sur Marx et Engels, Lénine démontra le caractère de classe de l’État et prouva que la classe ouvrière devait briser l’État bourgeois et le remplacer par le sien. Trotsky décrivit à juste titre cet ouvrage comme une «introduction scientifique à la plus grande révolution de l’histoire»; c’était la préparation à la prise du pouvoir. Après que les ouvriers, dirigés par les bolcheviks, eurent vaincu le putsch de Kornilov, Lénine écrivit, tout en travaillant encore sur L'État et la Révolution :

La question du pouvoir ne saurait être ni éludée, ni reléguée à l'arrière-plan, car c'est la question fondamentale, celle qui détermine tout le développement de la révolution… Mais le mot d'ordre : «Le pouvoir aux Soviets» est très fréquemment, sinon dans la plupart des cas, compris de façon absolument fausse, dans le sens de «ministère formé par les partis qui ont la majorité dans les Soviets». [Ce n’est pas cela] «Le pouvoir aux Soviets», cela signifie une refonte radicale de tout l'ancien appareil d'Etat, appareil bureaucratique qui entrave toute initiative démocratique ; la suppression de cet appareil et son remplacement par un appareil nouveau, populaire, authentiquement démocratique, celui des Soviets, c'est-à-dire de la majorité organisée et armée du peuple, des ouvriers, des soldats et des paysans ; la faculté donnée à la majorité du peuple de faire preuve d'initiative et d'indépendance non seulement pour l'élection des députés, mais encore dans l'administration de l'Etat, dans l'application de réformes et de transformations sociales. [12]

Lénine à la tribune, en présence de Trotsky (mai 1920)

L’orientation de Lénine contre tout compromis ou demi-mesure avec la bourgeoisie ou ses agents au sein de la classe ouvrière a indéniablement posé les bases de la Révolution d’octobre. Lénine et Trotsky ne pouvaient adopter cette position que grâce à leur orientation stratégique vers la révolution socialiste mondiale, car seule la classe ouvrière internationale offrait la base objective à un bouleversement révolutionnaire d’une telle ampleur.

Cela fut également évident juste avant la Révolution d’octobre, lorsque Zinoviev et Kamenev rejetèrent la prise du pouvoir par les bolcheviks. Les sceptiques ne considéraient que les conditions nationales en Russie, dans lesquelles ils jugeaient une révolution impossible. À la place, ils exigeaient la convocation de l’Assemblée constituante et comptaient sur la bourgeoisie pour accomplir les tâches démocratiques. Ils répétaient – à un stade plus avancé du développement – les disputes d’Avril.

Lénine et Trotsky comprenaient les développements en Russie comme faisant partie de la lutte des classes internationale et en tiraient donc des conclusions totalement différentes.

C’est précisément dans la situation où les bolcheviks avaient remporté la majorité des soviets et savaient qu’ils avaient d’importantes sections de l’armée derrière eux que les conflits sur l’orientation éclatèrent avec le plus de violence. Dans cette situation, ce sont précisément les luttes théoriques et politiques que Lénine et Trotsky avaient menées au cours des 15 années précédentes qui prirent toute leur importance.

David North résume l’importance du Parti dans les raisons pour lesquelles la Révolution russe doit être étudiée:

Les bolcheviks ont offert à la classe ouvrière un exemple de ce qu’est un véritable parti révolutionnaire, et du rôle irremplaçable d’un tel parti pour assurer la victoire de la révolution socialiste. Une étude attentive du processus révolutionnaire de 1917 ne laisse aucun doute: la présence du Parti bolchevique, avec Lénine et Trotsky à sa tête, a été décisive pour assurer la victoire de la révolution socialiste. Le mouvement de la classe ouvrière russe, soutenu par une insurrection révolutionnaire de la paysannerie, a pris une dimension gigantesque en 1917. Mais aucune lecture réaliste des événements de cette année ne permet de conclure que la classe ouvrière serait parvenue au pouvoir sans la direction fournie par le Parti bolchevique. Tirant la leçon essentielle de cette expérience, Trotsky insista plus tard: ‘Le rôle et la responsabilité de la direction [de la classe ouvrière] en période révolutionnaire sont colossaux.’ Cette conclusion reste aussi valable dans la situation historique actuelle qu’elle l’était en 1917. [13]

Dans Les leçons d'Octobre, Trotsky résume cette idée:

Mais il s'est avéré qu'en l'absence d'un parti capable de le diriger, le coup de force prolétarien devenait impossible. Le prolétariat ne peut s'emparer du pouvoir par une insurrection spontanée. ...Une classe possédante est capable de s'emparer du pouvoir enlevé à une autre classe possédante en s'appuyant sur ses richesses, sur sa 'culture”, sur ses innombrables liaisons avec l'ancien appareil étatique. Mais, pour le prolétariat, rien ne peut remplacer le Parti. [14]

La Révolution d’Octobre a été un événement international à tous égards. D’une part, plus d’une douzaine de puissances étrangères sont intervenues en Russie pour soutenir l’Armée blanche et renverser la classe ouvrière. D’autre part, les années suivant la Révolution d’Octobre ont vu de nombreuses insurrections et révolutions à travers le monde.

La plus significative fut la Révolution de Novembre en Allemagne. Ici, l’importance du parti révolutionnaire fut confirmée de manière négative. L’aile gauche de la social-démocratie avait hésité à rompre avec le SPD, puis avec l’USPD centriste, et à construire un parti révolutionnaire indépendant. Il existait des raisons historiques et politiques complexes à cela, mais le résultat fut que le SPD, discrédité mais soutenu par l’USPD centriste, parvint à priver les conseils ouvriers de leur pouvoir et à étrangler la Révolution de Novembre.

Lorsque l’aile gauche du SPD finit par se séparer et fonda le KPD le 1er janvier 1919, il ne fallut que deux semaines avant que ses dirigeants, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, ne soient brutalement assassinés par des soldats des corps francs d’extrême droite lors de l’insurrection spartakiste, sur ordre du gouvernement SPD. La bourgeoisie, de son côté, avait tiré les leçons de la Révolution d’Octobre et avait placardé des affiches dans tout Berlin proclamant: «Tuez leurs dirigeants!» Cet épisode n’est pas sans importance pour la discussion sur la Sécurité et la Quatrième Internationale.

Sept semaines après l’assassinat de Luxembourg et Liebknecht, le congrès fondateur de l’Internationale communiste [Comintern] a eu lieu. Lénine et Trotsky ont tiré la conclusion de la Révolution d’Octobre et des expériences en Allemagne: des partis communistes inspirés des bolcheviks devaient être construits dans chaque pays du monde afin de permettre l’extension de la révolution et de faire de la révolution socialiste mondiale une réalité. Le manifeste du congrès fondateur, rédigé par Trotsky, déclare:

Notre tâche est de généraliser l'expérience révolutionnaire de la classe ouvrière, de débarrasser le mouvement des mélanges impurs de l'opportunisme et du social-patriotisme, d'unir les forces de tous les partis vraiment révolutionnaires du prolétariat mondial et par là même de faciliter et de hâter la victoire de la Révolution communiste dans le monde entier.

Si la première Internationale a prévu le développement à venir et a préparé les voies, si la deuxième Internationale a rassemblé et organisé des millions de prolétaires, la troisième Internationale est L'Internationale de l'action des masses, l'Internationale de la réalisation révolutionnaire. [15]

Ce n’étaient pas de simples paroles. L’Internationale communiste adopta des principes organisationnels très clairs, destinés à écarter toute tiédeur envers les opportunistes et tout centrisme, et qui furent formulés dans les 21 conditions d’adhésion à l’Internationale communiste. Le manifeste du Deuxième Congrès, lors duquel ces conditions furent adoptées, affirma sans ambiguïté:

L’Internationale communiste est le parti de l’éducation révolutionnaire du prolétariat mondial. Elle rejette toutes les organisations et groupes qui, ouvertement ou en sous-main, abrutissent, démoralisent et affaiblissent le prolétariat, l’exhortant à se prosterner devant les fétiches qui masquent la dictature de la bourgeoisie: légalisme, démocratie, défense nationale, etc.

L’Internationale communiste ne peut non plus admettre en son sein les organisations qui, après avoir inscrit la dictature du prolétariat dans leur programme, continuent de mener une politique reposant manifestement sur une solution pacifique de la crise historique. La simple reconnaissance du système soviétique ne suffit pas. La forme soviétique d’organisation ne possède aucun pouvoir miraculeux. La force révolutionnaire réside dans le prolétariat lui-même. Il est nécessaire que le prolétariat se lève pour conquérir le pouvoir – ce n’est qu’alors que l’organisation soviétique révèle ses qualités d’instrument irremplaçable entre les mains du prolétariat [16].

L’attitude irréductible envers les opportunistes était en interaction directe avec l’internationalisme inconditionnel de l’Internationale communiste. Dès son manifeste fondateur, le lien entre opportunisme et nationalisme fut souligné et opposé à la conception d’un parti véritablement international, qui n’admet rien d’autre que la ligne indépendante de la classe ouvrière. Il y est écrit:

Dès 1889, ces partis se réunissaient en Congrès à Paris et créaient l'organisation de la II° Internationale. Mais le centre de gravité du mouvement ouvrier était placé entièrement à cette époque sur le terrain national dans le cadre des Etats nationaux, sur la base de l'industrie nationale, dans le domaine du parlementarisme national. Plusieurs dizaines d'années de travail, d'organisation et de réformes ont créé une génération de chefs dont la majorité acceptaient en paroles le programme de la révolution sociale, mais y ont renoncé en fait, se sont enfoncés dans le réformisme, dans une adaptation servile à la domination bourgeoise. Le caractère opportuniste des partis dirigeants de la II° Internationale s'est clairement révélé et a conduit au plus immense krach de l'histoire mondiale au moment précis où le cours des événements historiques réclamait des partis de la classe ouvrière des méthodes révolutionnaires de lutte. Si la guerre de 1870 porta un coup à la Première Internationale en découvrant que derrière son programme social et révolutionnaire il n'y avait encore aucune force organisée des masses, la guerre de 1914 a tué la Deuxième Internationale en montrant qu'au-dessus des organisations puissantes des masses ouvrières se tiennent des partis devenus les instruments dociles de la domination bourgeoise. [17]

Délégués au Premier Congrès de l’Internationale communiste, 1919

L’Internationale communiste ne se contentait pas de comprendre l’internationalisme comme une simple solidarité entre travailleurs. Elle concevait la révolution comme un processus international qui ne pouvait aboutir que par une compréhension précise du développement mondial et des expériences de la classe ouvrière dans chaque pays, considérées comme faisant partie de la richesse d’expérience de l’ensemble du mouvement. Ce n’était pas simplement une perspective internationaliste; c’était la perspective de la révolution mondiale. Trotsky l’a expliqué de manière brillante en réponse à l’accusation que les bolcheviks imposaient la perspective russe aux autres sections de l’Internationale communiste:

Notre point de vue est que l'économie mondiale constitue un système organique défini, sur les bases duquel se développe la révolution mondiale prolétarienne ; et l'Internationale Communiste s'oriente dans le complexus de l'économie mondiale en l'analysant par les méthodes scientifiques du marxisme et en tenant compte de l'expérience entière des luttes passées. Ce qui, loin de les exclure suppose des particularités de développement propres à chaque pays et des phases particulières de développement. Mais toutes ces particularités ont besoin, pour être appréciées avec justesse, d'être examinées en connexion avec la situation internationale. [18]

Comprendre la situation mondiale dans son ensemble à travers les expériences historiques du mouvement dans chaque pays afin d’élaborer une stratégie révolutionnaire est la concrétisation de l’appel de Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme, et cela reste le fondement de notre parti jusqu’à aujourd’hui.

Ici aussi, l’Internationale communiste tira des conclusions organisationnelles très claires. L’une des 21 conditions était de travailler sous l’autorité de l’Internationale communiste et de son Comité exécutif. Pour la première fois, un parti véritablement international avait ainsi été créé. En préparation du Deuxième Congrès, Trotsky écrivit:

Je le répète : l'Internationale Communiste n'est pas un ensemble des partis ouvriers nationaux. Elle est le parti communiste du prolétariat international. Les communistes allemands ont le droit et sont obligés de demander carrément la raison pour laquelle Turati se trouve dans leur parti. Les communistes russes ont le droit et sont obligés, en examinant la question, de l'admission dans la 3e Internationale des social-démocrates indépendants d'Allemagne et du parti socialiste français, de poser les mêmes conditions qui, de leur point de vue, garantiront notre parti international contre la liquéfaction et la décomposition. Mais toute organisation qui entre dans l'Internationale Communiste acquiert, à son tour, le droit et la possibilité d'une influence active sur la théorie et la pratique des bolcheviks russes, spartakistes allemands, etc., etc. [19]

En examinant les manifestes et discussions des quatre premiers congrès de l’Internationale communiste dans leur ensemble, on rencontre un langage unique que l’on ne trouve aujourd’hui que chez nous. La volonté intense de pénétrer les dynamiques objectives de la lutte des classes et du développement mondial, et d’écrire directement pour la lutte, pour intervenir dans ce développement de toutes ses forces. À tout moment, une intransigeance envers toutes les tentatives d’édulcorer le programme et de s’adapter aux pressions nationales.

Lors de ses troisième et quatrième congrès, l’Internationale communiste reconnut que la poussée révolutionnaire avait temporairement reflué, mais présenta des analyses approfondies expliquant pourquoi le capitalisme ne pouvait retrouver sa stabilité d’avant-guerre et pourquoi de nouvelles tempêtes approchaient. Dans ces conditions, l’Internationale communiste accorda une grande attention à la question de comment les partis communistes pouvaient manœuvrer dans le flux de la lutte des classes, gagner la confiance de la classe ouvrière et arracher les masses travailleuses aux organisations réformistes. Trotsky résuma l’importance du Troisième Congrès en ces termes:

Le troisième congrès constate la ruine des fondements économiques de la domination bourgeoise. En même temps, il met énergiquement les ouvriers conscients en garde contre la croyance naïve qu'il en résulte automatiquement la chute de la bourgeoisie, provoquée par les offensives incessantes du prolétariat. Jamais l'instinct de conservation de la classe bourgeoise n'avait créé des méthodes de défense et d'attaque aussi variées qu'à présent. Les conditions économiques de la victoire de la classe ouvrière sont visibles. Sans cette victoire, c'est la ruine, la perte de toute civilisation qui nous menace dans un avenir plus ou moins proche. Mais cette victoire peut seulement être conquise par une direction raisonnable des combats et en première ligne, par la conquête de la majorité de la classe ouvrière. C'est l'enseignement principal du troisième congrès. [20]

Ces questions de direction allaient bientôt resurgir avec acuité lorsqu’une situation révolutionnaire se développa en Allemagne en 1923. Dans les discussions qui eurent alors lieu au sein de l’Internationale communiste se manifestaient déjà les conflits croissants entre les marxistes et la bureaucratie grandissante en Union soviétique. Mais Joe parlera de cela maintenant.

Je voudrais conclure en soulignant que, malgré la terreur internationale et la calomnie historique, Staline n’a pas réussi à effacer cette tradition. Elle vit toujours dans notre mouvement. Avec le travail sur la Sécurité et la Quatrième Internationale, la Workers League n’a pas seulement renforcé ses liens avec cette histoire, elle l’a également fait avancer dans la meilleure tradition, en dirigeant ses attaques contre les staliniens, les impérialistes et avant tout contre les révisionnistes, et en comprenant la signification historique de cette lutte. Elle a démontré que les pablistes avaient rompu à tous égards avec la lutte révolutionnaire pour l’indépendance de la classe ouvrière, avec la tradition de la Révolution d’Octobre et de l’Internationale communiste.

[Notes]

[1] North, David & Kishore, Joseph, “Socialism and the Centenary of the Russian Revolution,” dans: Why study the Russian Revolution? [Pourquoi étudier la Révolution russe?], Volume 1, p. 13 (Oak Park: Mehring Books 2017) Source: https://www.wsws.org/fr/articles/2017/01/pers-j04.html

[2] Lénine, Materialisme et empirio-criticisme, 1908. Source: https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1908/09/vil19080900ao.htm

[3] David North Pourquoi étudier la révolution russe?https://www.wsws.org/fr/articles/2017/08/spon-a19.html

[4] David North, The Russian Revolution and the Unfinished Twentieth Century, Mehring Books, 2014, p. 23. Traduit de l’anglais.

[5] Lénine, Trois conceptions de la révolution russe https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1939/08/trois.pdf. [5]

[6] Léon Trotsky, Nos différends, https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/1905/1905_a_2.htm

[7] Léon Trotsky, Results and Prospects, [Bilan et Perspectives]1906. [traduit de l’anglais]

[8] Léon Trotsky, La révolution permanente] 1931. https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/revperm/revperm.pdf

[9] David North, Défense de Léon Trotsky] Mehring Books, 2010, p. 24. https://www.wsws.org/fr/articles/2012/06/livr-j25.html)

[10] David North, Pourquoi étudier la Révolution russe? Volume 1, p. 32 (Oak Park: Mehring Books 2017) Traduit de l’anglais.

[11] Lénine, Les tâches du prolétariat dans notre révolution https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/05/vil19170528f.htm

[12] Lénine, Les tâche du prolétariat dans notre révolution, April 1917. https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1917/09/vil19170927b.htm]

[13] David North, Pourquoi étudier la Révolution russe?Volume 1, pp. 20-21 (Oak Park: Mehring Books 2017). Traduit de l’anglais.

[14] Léon Trotsky, Les leçons d’Octobre, 1924. https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1924/09/lecons.pdf

[15] Léon Trotsky, Manifeste de l'Internationale Communiste aux prolétaires du monde entier. [source: https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1919/03/lt19190306a.htm

[16] Léon Trotsky, Manifeste du IIe Congrès de l’internationale Communiste, disponible sur: https://www.marxists.org/francais/inter_com/1920/ic2_19200700i.htm

[17] Léon Trotsky, Manifeste de l’internationale Communiste aux prolétaires du monde entier

[18] Léon Trotsky, Sur la politique du KAPD. Disponible sur: https://wikirouge.net/texts/fr/Sur_la_politique_du_KAPD._R%C3%A9ponse_au_camarade_Gorter

[19] Léon Trotsky, Conditions de l’admission dans la 3e Internationale. Disponible sur:

https://wikirouge.net/texts/fr/Sur_le_parti_socialiste_fran%C3%A7ais]

[20]Léon Trotsky, Discours prononcé au 3e Congrès de l’Internationale communiste [La vraie méthode]. Disponible sur: http://gesd.free.fr/trotseco.pdf]

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