Nous, l' International Youth and Students for Social Equality (IYSSE, Internationale des Jeunes et Etudiants pour l’égalité sociale), le mouvement de jeunesse du Sozialistische Gleichheitspartei (SGP, Parti de l’égalité socialiste) et la Quatrième Internationale, appellent tous les jeunes, les étudiants, les lycéens, ainsi que les travailleurs à s'opposer au rétablissement de la conscription militaire! Discutez de cet appel avec vos camarades de classe, vos camarades d'études et vos collègues, et rejoignez la construction d'un mouvement socialiste antiguerre !
Ces dernières semaines, les médias et l'establishment politique allemands ont lancé une campagne en faveur du rétablissement de la conscription. Dans le prétendu « débat » sur son retour, la question n'a jamais été de savoir si, mais seulement quand. Même la discussion sur son prétendu caractère « volontaire » n'est qu'une farce. Le ministre de la Défense Boris Pistorius (social-démocrate, SPD) a lui-même admis que la conscription ne resterait « volontaire » que tant qu'un nombre suffisant de « volontaires » se présentaient.
Nous disons non à la conscription, sous quelque forme que ce soit et à quelque moment que ce soit ! Nous ne sommes pas de la chair à canon pour les profits des riches !
Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement allemand veut à nouveau faire marcher au pas toute une génération, de telle façon qu’elle soit prête à sacrifier sa vie pour les intérêts économiques de la classe dirigeante. Le retour de la conscription fait partie de la militarisation de la société. Le gouvernement des chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et du SPD fait avancer la politique de réarmement avec agressivité.
On veut faire de la Bundeswehr (l’armée allemande) la plus grande armée conventionnelle d'Europe. On veut approvisionner la machine de guerre allemande à l’aide de centaines de milliers de soldats supplémentaires – et notre génération est censée fournir la chair à canon. Dans les écoles, les universités, dans les tramways, sur les emballages de pop-corn ou par la propagande en ligne, on fait une réclame agressive pour la guerre. On intègre par là directement à la vie quotidienne le travail meurtrier de la guerre et la normalité de la mort. Même les enfants ne sont pas épargnés. Cette militarisation n'est pas seulement une rechute dans le passé, mais la préparation délibérée d’une nouvelle guerre mondiale, qui avance à plein régime.
Il ne s'agit pas là de «légitime défense». L'invasion réactionnaire de l'Ukraine par la Russie ne change rien au fait que les puissances impérialistes ont systématiquement provoqué cette guerre pendant de nombreuses années. Depuis la dissolution de l'Union soviétique en 1991, l'OTAN, contrairement à toutes les assurances données à Moscou, a progressivement étendu ses frontières vers l'est et encerclé militairement la Russie. Berlin joue un rôle central à cet égard.
Avec son réarmement, le gouvernement allemand renoue avec la trajectoire historique suivie dans deux guerres mondiales. L’objectif déclaré est que, 80 ans après la défaite catastrophique de la Wehrmacht hitlérienne lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne peut remporter une guerre menée contre la puissance nucléaire russe. Pour nous, cela signifie le même sort que celui des jeunes d'alors ou que celui des Ukrainiens et des Russes aujourd'hui : le recrutement forcé, les tranchées et la mort.
La barbarie que la classe dirigeante est prête à déchaîner et son indifférence à la «démocratie » et aux «droits de l'homme» sont déjà démontrées à Gaza : depuis près de deux ans, le gouvernement allemand est complice d'un génocide – du massacre de dizaines de milliers d'enfants et de jeunes. Un gouvernement qui soutient de tels crimes est également prêt à sacrifier notre génération dans une nouvelle guerre mondiale.
Aujourd'hui déjà, on militarise les universités et les écoles. Des officiers de l'armée s'introduisent dans les salles de classe pour vendre le Tuer pour la patrie comme un «service rendu à la démocratie». On transforme les universités en centres militaristes, tandis que les manifestations contre la guerre et le génocide dans les universités sont brutalement réprimées par la violence policière.
Mais tout cela ne suffit pas encore à instiller chez les jeunes le poison du militarisme. Bien que la guerre ait été constamment promue dans les écoles et les universités ces dernières années, seuls 16 pour cent des jeunes sont encore prêts à prendre les armes pour l'Allemagne en cas de guerre. C'est pourquoi la conscription doit être réintroduite. Nous devons être soumis à la discipline militaire et contraints de marcher au pas afin de briser cette opposition.
Nous ne devons pas le permettre! Il faut mettre un terme à la folie guerrière et empêcher la conscription. Nous ne permettrons pas que notre génération soit à nouveau sacrifiée sur les champs de bataille des riches!
Contre le faux pacifisme !
Nous rejetons pas juste la conscription pour des raisons individuelles – pas juste parce que nous ne voulons pas mourir nous-mêmes dans une tranchée – mais parce que nous ne voulons pas que quiconque meure dans une tranchée. Nous nous opposons à la conscription parce qu'elle s'inscrit dans une spirale de guerre qui fait toujours plus de victimes humaines.
Rien n'est plus répugnant que la politique de groupes comme les Jeunesses Vertes ou les Jusos (Jeunes Socialistes) du SPD, qui soutiennent cette escalade de la guerre et ne s'y opposent que lorsque leur propre vie est en jeu. Les organisations de jeunesse des partis parlementaires soutiennent le génocide à Gaza et militent quotidiennement pour une nouvelle escalade de la guerre contre la Russie. Pour elles, il est acceptable que de jeunes Russes et de jeunes Ukrainiens ou des enfants palestiniens soient sacrifiés au profit, à condition qu'ils ne soient pas eux-mêmes menés à l’abattoir.
Si de jeunes allemands doivent être sacrifiés, ce ne sont pas eux qui doivent l’être estiment ces groupes, mais des enfants de la classe ouvrière qui s'engagent «volontairement » dans la Bundeswehr parce qu’ils ne voient pas d'autre moyen d'obtenir une formation. Chaque coupe dans les dépenses d'éducation et les services sociaux opérée par les partis au pouvoir vise à accroître la pression sur la jeunesse ouvrière pour qu'elle se porte « volontaire » au recrutement, tout en épargnant les fonctionnaires des Jusos et des Jeunesses Vertes.
Nous dénonçons ce faux pacifisme des couches aisées de la classe moyenne, qui soutiennent la guerre tant qu'elle ne les touche pas directement. Pour nous, stopper la conscription, c'est stopper l'escalade de la guerre !
Nous rejetons également la position d'organisations comme le Parti de gauche, qui s'opposent nominalement à la conscription mais sont d’accord pour que la Bundeswehr soit construite comme une soit-disant «armée de défense». Il est significatif que le Parti de gauche ait voté au Bundesrat (chambre haute du Parlement) des crédits de guerre massifs d'un montant de mille milliards d'euros, ouvrant ainsi la voie à l'élection de Merz à la chancellerie.
L’escalade de la guerre contre la Russie, le soutien du gouvernement au génocide de Gaza et aux attaques contre l’Iran montrent que le renforcement de la Bundeswehr n’a pas du tout pour objectif la «défense», mais bien l’imposition d’intérêts impérialistes criminels.
Cela soulève des questions politiques fondamentales : prétendre que la Bundeswehr peut être élargie en tant qu’armée défensive, c’est aussi prétendre qu’un capitalisme pacifique est possible. Deux guerres mondiales et l’évolution actuelle vers une troisième, démontrent qu’un tel capitalisme pacifique est impossible.
La guerre ne naît pas simplement des mauvaises intentions de certains politiciens au sommet de la société, mais des contradictions objectives du capitalisme-même. La contradiction entre un marché mondial d'une part, et la division du monde en États-nations rivaux d’autre part, conduit inévitablement à la lutte pour les marchés et les ressources – sous forme de guerres.
Tant que le capitalisme existera il y aura la guerre. Une «Bundeswehr pacifique» est donc impossible et une dangereuse illusion !
Une perspective socialiste contre la guerre
Cela exige de tirer des conclusions décisives : la lutte contre la conscription signifie la lutte contre la guerre et sa racine : le capitalisme. C’est pourquoi nous luttons pour la construction d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière, fondé sur les principes politiques énoncés par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) dans sa déclaration de 2016, intitulée « Le socialisme et la lutte contre la guerre » :
La lutte contre la guerre doit s’appuyer sur la classe ouvrière, grande force révolutionnaire de la société, unissant derrière elle tous les éléments progressistes de la population.
Le nouveau mouvement anti-guerre doit être anticapitaliste et socialiste, car il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre la guerre que dans la lutte pour mettre fin à la dictature du capital financier et au système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre.
Le nouveau mouvement anti-guerre doit donc, par nécessité, être complètement et sans équivoque indépendant et hostile à tous les partis et organisations politiques de la classe capitaliste.
Le nouveau mouvement anti-guerre doit avant tout être international, mobilisant l'immense force de la classe ouvrière dans une lutte mondiale unifiée contre l'impérialisme. À la guerre permanente de la bourgeoisie il faut répondre par la perspective de la révolution permanente par la classe ouvrière, dont l'objectif stratégique est l'abolition du système des États-nations et l'instauration d'une fédération socialiste mondiale. Cela rendra possible le développement rationnel et planifié des ressources mondiales et, sur cette base, l'éradication de la pauvreté et l'élévation de la culture humaine à de nouveaux sommets.
Nous appelons tous les jeunes à s'organiser dans les écoles, les universités et les centres de formation contre la réintroduction de la conscription ! Discutez de cet appel avec vos camarades de classe, avec les étudiants de votre université et avec vos collègues ! Contactez-nous et devenez membre de l'IYSSE !
(Article paru en anglais le 18 août 2025)