Le gouvernement sud-africain de l'ANC arrête 1 000 mineurs

Le gouvernement du Congrès national africain (ANC) a lancé une vaste opération policière pour arrêter 1 000 mineurs d'or migrants. Ces mineurs travaillent sans permis près de Barberton, une ville du nord-est du pays, proche des frontières avec l'Eswatini et le Mozambique.

L’assaut fait partie de l’opération Vala Umgodi (Boucher le trou) menée par l'ANC, initiée par le massacre de Stilfontein en janvier. Au cours de cette opération, 90 mineurs, pour la plupart des migrants sans papiers, ont péri après que la police a encerclé une mine abandonnée, les privant de nourriture et les forçant à remonter à la surface. Ce crime horrible a mis en lumière la réponse brutale du gouvernement de l'ANC aux conditions sociales explosives qui se développent en Afrique du Sud.

La dernière phase visait la mine de Sheba, qui fait partie du groupe Barberton Mines, dans la province de Mpumalanga. Selon le porte-parole de la police, Donald Mdhluli, le 2 août 2025, «environ 1 000 mineurs illégaux, également immigrants illégaux, ont été arrêtés», qualifiant cette opération d'«opération conjointe entre la sécurité de la mine et la police». D'autres arrestations sont attendues, car il reste des mineurs sous terre. Avec une froide indifférence, il a déclaré: «À leur sortie, ils ont été capturés», avant d'ajouter: «Aucun décès n'a été constaté à ce jour.»

Loading Tweet ...
Tweet not loading? See it directly on Twitter
Loading Tweet ...
Tweet not loading? See it directly on Twitter

Suivant la stratégie utilisée à Stilfontein, la police a encerclé la mine de Sheba, coupant les lignes d'approvisionnement pour forcer les mineurs à remonter à la surface. Cette tactique criminelle piège les travailleurs sous terre, garantissant leur arrestation, incapables de subvenir à leurs besoins sans nourriture ni eau. La police, en collaboration avec les services de sécurité de la mine, retient les mineurs en otage, mettant leur vie en danger.

Barberton Mines a attaqué les mineurs, les désignant comme responsables pour le licenciement de mineurs officiellement employés plus tôt cette année. Un communiqué indiquait: «Plus tôt cette année, la communauté et les employés ont protesté contre le licenciement de travailleurs par Barberton Mines, la mine étant non rentable et menacée de fermeture. Nous en connaissons maintenant la raison! De la nourriture et des fournitures ont été injectées dans un secteur minier clandestin prospère, ce qui a dû être stoppé, d’où l’intervention de la police et des services de sécurité de la mine. Ce message doit être diffusé et l’exploitation minière illégale ne sera pas tolérée.»

Les mineurs arrêtés, originaires pour la plupart de pays voisins comme l'Eswatini et le Mozambique, sont accusés notamment d'«intrusion, vol de minerai aurifère et infraction à la loi sur l'immigration», selon le parquet national. Pour les mineurs ayant déjà été condamnés, l'État a l'intention de s'opposer à la libération sous caution. L'affaire sera jugée la semaine prochaine.

Certains des mineurs arrêtés à la mine de Sheba comparaissent devant le tribunal [Photo by Still from video/SABC News/YouTube]

Devant le tribunal, des familles ont exprimé leur indignation face aux actions du gouvernement. Les manifestants ont scandé «Libérez nos maris! Ce ne sont pas des criminels, ils essaient de gagner leur vie.» Un manifestant a déclaré aux médias: «La mine tue constamment nos proches [et] personne n'est arrêté.»

Les manifestants scandaient «Libérez nos maris! Ce ne sont pas des criminels, ils essaient de gagner leur vie» et «La mine tue toujours nos employés [et] personne n'est arrêté.» [Photo by Still from video: SABC News/Youtube]

Une femme, s'exprimant en zoulou, a condamné le gouvernement en déclarant: «Vous avez pris nos frères et les avez enfermés. Ils ont des papiers d'identité et vous les avez enfermés avec des étrangers. Nos frères devraient être libres. Nous savons qu'ils ont eu tort d’avoir fait cela, mais le plus gros problème, c'est que nous sommes pauvres.» Elle a poursuivi: «Nous n'avons pas d'argent pour payer la caution, l'argent qu'ils gagnent sert à survivre, ils n'ont pas d'économies.»

Une autre femme a ajouté: «Vous voulez qu'on survive avec une subvention de 350 rands (20 dollars). Que sommes-nous censées faire? Nous sommes vulnérables. Nous savons que ce qu'ils font est mal, mais ils essaient en fait de gagner leur vie. Le problème, c'est de les enfermer maintenant, alors qu'ils espéraient trouver du travail. Maintenant, ils vont avoir un casier judiciaire.»

Un autre a dit: «il faut aider ces gars! L'Afrique du Sud est corrompue. Vous êtes tous corrompus. Ils n'ont tué personne […] Vous les traitez comme des meurtriers».

Un autre a crié: «L'Afrique du Sud est corrompue. Ce sont nos frères, et maintenant notre communauté souffre de leur disparition.»

Ces déclarations de Sud-Africains soulignent l'impact dévastateur de la situation sur l'économie locale, dont beaucoup dépendent des revenus des mineurs. Certaines témoignent également d'une solidarité envers d'autres Africains, contraints de migrer et de travailler dans des conditions brutales pour survivre, contrastant avec l'incitation à la xénophobie de l'establishment politique et de la bureaucratie syndicale.

Les actions barbares de l’ANC sont une mise en cause dévastatrice du nationalisme bourgeois et de toutes les forces qui ont historiquement soutenu l’ANC, en particulier le Parti communiste sud-africain (SACP).

Le taux de chômage officiel a atteint 33 pour cent au premier trimestre 2025, avec 8,2 millions de personnes au chômage. Le taux de chômage élargi, incluant les demandeurs d'emploi découragés, a atteint 43 pour cent. Le chômage des jeunes s'élève à 46 pour cent parmi les 15-34 ans. 55 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté supérieur de 1 634 rands (environ 88 dollars) par mois, et 25 pour cent vit sous le seuil de pauvreté alimentaire de 796 rands (environ 43 dollars) par mois.

En Afrique du Sud, l'exploitation minière dans des mines abandonnées est due aux ravages sociaux causés par la fermeture d'une grande partie des infrastructures minières du pays et à la pauvreté généralisée qui alimente un vaste secteur informel, dont la main-d'œuvre est la proie des organisations criminelles. Un autre facteur aggravant la crise est la concurrence des diamants synthétiques pour l'industrie minière sud-africaine.

Sous l'apartheid, la lucrative industrie minière reposait sur l'exploitation effrénée des travailleurs noirs, victimes d'une discrimination raciale extrême et de restrictions à la syndicalisation imposées par la Chambre des mines afin d'empêcher toute surenchère salariale due à la concurrence entre les propriétaires de mines. Cette situation était favorisée par le recrutement massif de travailleurs migrants en provenance des pays voisins.

La chute brutale des prix de l'or, le sous-investissement, la vétusté des machines et l'épuisement des gisements les plus facilement accessibles ont exercé une pression énorme sur l'industrie à la fin des années 1980. Confrontés également à une forte activité syndicale liée à la révolte populaire qui a mis fin à l'apartheid, les propriétaires de mines ont réagi par des fermetures et des licenciements massifs. Le secteur a perdu environ 300 000 emplois entre 1990 et 2020, laissant de nombreuses communautés sans aucune source de revenus.

Le gouvernement de l'ANC, en alliance avec le SACP et le Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), a mené une guerre contre la classe ouvrière tout en promouvant un petit groupe de petits-bourgeois noirs au rang de super-riches. Patrice Motsepe devint le premier milliardaire noir d'Afrique du Sud en 2008 (sa fortune s'élève aujourd'hui à 2,8 milliards de dollars) grâce à sa participation dans African Rainbow Minerals et Harmony Gold Mining. Parmi les autres bénéficiaires de la richesse minière figurent Tokyo Sexwale et le propriétaire de mines de charbon Sipho Nkosi, qui a présidé la Chambre des mines. La richesse minière a contribué à l'immense fortune du président Cyril Ramaphosa. La classe ouvrière noire, qui représente encore 80 à 85 pour cent des mineurs, continue de travailler dans des conditions extrêmement difficiles.

Le président Donald Trump rencontre le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le mercredi 21 mai 2025, à Washington [AP Photo/Evan Vucci]

Des dizaines de milliers de mineurs zama zama, qui font partie de la vaste économie informelle sud-africaine, représentent entre un quart et un tiers de la main-d'œuvre. Privés de protections élémentaires, ils sont soumis à une surexploitation, leurs conditions de travail dangereuses offrant des opportunités aux organisations criminelles, souvent liées au monde politique, de prospérer. Contraints de travailler dans des mines abandonnées, ces mineurs sans papiers vendent les minerais qu'ils extraient à des sociétés minières ou à des intermédiaires qui profitent de ce commerce illicite. Ce cycle d'exploitation renforce leur dépendance à l'économie souterraine, tandis que les sociétés minières continuent de profiter d'une main-d'œuvre bon marché et non réglementée, se soustrayant à toute responsabilité quant aux conditions de travail dangereuses.

Pour l'élite dirigeante sud-africaine, la présence de travailleurs migrants dans l'industrie minière illégale constitue un bouc émissaire commode pour justifier les problèmes auxquels le secteur minier est confronté. Au cours des quatre derniers mois, l'ANC a arrêté 1 826 mineurs, principalement des migrants, dont 1 128 Mozambicains, 473 Zimbabwéens, 197 Basothos, ainsi qu'un Congolais et un Malawite.

La direction stalinienne de l'ANC est directement responsable de ces attaques barbares contre les travailleurs. Gwede Mantashe, ancien président national du Parti communiste sud-africain (SACP), est l'actuel ministre du Pétrole et des Ressources minérales. À ce titre, il a constamment soutenu les sociétés minières et la répression gouvernementale contre les mineurs illégaux.

Des mois après le massacre de Stilfontein, Mantashe a déclaré au Parlement: «Nous collaborons avec la police, pas seulement à Stilfontein, partout, et nous maimons cela. Nous aimons cela.» Mantashe a également attisé la xénophobie à l'encontre des travailleurs migrants, les accusant de «violer notre économie».

Quant aux syndicats, ils sont eux aussi pleinement complices. L'Association des mineurs et du syndicat de la construction (AMCU) et le COSATU sont restés totalement silencieux sur les arrestations massives.

Un mineur est transporté sur une civière par des secouristes après avoir été secouru des profondeurs d'une mine d'or abandonnée à Stilfontein, en Afrique du Sud, le 14 janvier 2025. [AP Photo/Themba Hadebe]

Entre-temps, le Syndicat national des mineurs (NUM), autrefois dirigé par Ramaphosa, a soutenu la campagne, attaquant les compagnies minières qui ne soutiennent pas davantage la répression et attisant encore davantage la xénophobie. Dans une interview accordée aux médias, un porte-parole du NUM a déclaré: «Cette exploitation minière illégale existe depuis un certain temps […] L’entreprise ne fait rien. Au lieu de cela, elle accuse notre membre de vendre de la nourriture aux mineurs de Zama Zama. Ils nous privent de nourriture de force, ce qui crée un grave problème pour nos membres, qui ont désormais peur de travailler sous terre.»

Les Combattants pour la liberté économique (EFF), qui se présentent comme une alternative de gauche à l'ANC, sont restés silencieux.

Ce qu'il faut, c'est un véritable mouvement socialiste qui défende les droits de tous les travailleurs, qu'ils soient locaux ou migrants, contre la violence de l'État et les intérêts du capital. La solution à la crise minière réside dans la nationalisation de l'industrie minière, la plaçant sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Seule une révolution socialiste qui démantèle l'État capitaliste et réorganise la société dans l'intérêt des travailleurs peut remédier aux profondes inégalités et à l'exploitation qui ont engendré cette crise.

(Article paru en anglais le 9 août 2025)

Loading