Nous encourageons tous les postiers à contacter le Comité de base des travailleurs des postes à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com ou en remplissant le formulaire à la fin de cet article.
Les travailleurs de Postes Canada ont adressé une réprimande cinglante à la direction, au gouvernement fédéral et à la bureaucratie anti-ouvrière du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). Près de 70 % des travailleurs postaux urbains et ruraux ont rejeté les dernières offres de l'entreprise lors d'un vote imposé par le gouvernement dans le but de nous imposer des reculs majeurs et des suppressions d'emplois.
Il ne s'agissait pas d'un vote ordinaire. Il s'agissait de la dernière initiative d'une campagne coordonnée menée par le gouvernement libéral, la direction de Postes Canada et l'appareil du STTP pour briser notre résistance, détruire nos emplois et nos conditions de travail et imposer une restructuration brutale du système postal. Après 18 mois de lutte, le message de la base est clair : nous ne serons pas sacrifiés sur l'autel du profit !
Mais soyons clairs : le rejet de l’entente, aussi nécessaire et rebelle soit-il, ne suffit pas à lui seul à mettre fin à cette attaque. Comme nous l'avons fait valoir avant le début du vote, il doit devenir le point de départ d'une lutte renouvelée fondée sur une stratégie entièrement nouvelle, qui brisera l'emprise de la bureaucratie du STTP et mobilisera l'immense pouvoir social de toute la classe ouvrière dans une lutte de classe politique.
Une contre-offensive sociale et politique contre l'assaut des capitalistes sur les dépenses sociales, les services publics et les droits des travailleurs est nécessaire de toute urgence. Les entreprises canadiennes et leurs mercenaires politiques sont déterminés à faire de nous un exemple. En infligeant une sérieuse défaite à une partie des travailleurs longtemps identifiés à la lutte militante, ils espèrent intimider tous les travailleurs, afin d'ouvrir la voie à la destruction des services publics et des droits des travailleurs.
Nous pouvons et devons faire de notre lutte le fer de lance d'une contre-offensive de la classe ouvrière contre l'austérité capitaliste et la guerre. Les conditions sont propices à cela, car les questions au cœur de notre lutte sont d'une importance vitale pour tous les travailleurs, tant du secteur public que privé : la fin des concessions, la défense des services publics et du droit de grève, et le contrôle des travailleurs sur l'IA et les autres nouvelles technologies.
Selon le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) – qui est un organe corporatiste du gouvernement et de l'État, et non une « tierce partie neutre » – 68,5 % des membres des opérations urbaines et 69,4 % des facteurs ruraux et suburbains (RSMC) ont voté contre les offres finales, et plus de 80 % des membres de chaque unité ont participé au vote.
Cela s'est produit dans des conditions de répression sans précédent. Notre grève a été déclarée illégale en décembre et lorsque nous avons retrouvé le droit de grève en mai, le syndicat a démobilisé ses membres en imposant une interdiction des heures supplémentaires sans effet ; nous avons été contraints de voter via un système en ligne géré par le gouvernement qui a privé de nombreux membres de leur droit de vote, en particulier dans les zones rurales ; et tout en appelant officiellement à voter « non », la direction du STTP a refusé de proposer une stratégie viable pour riposter. Au lieu de cela, elle s'est contentée de faire des promesses en l'air, affirmant sans conviction que le simple rejet de l’entente inciterait soudainement la direction et le gouvernement à entamer des négociations « de bonne foi ».
Malgré tout cela, des dizaines de milliers d'entre nous à travers le pays ont dit « non » ! Il s'agit là d'un vote clair d’opposition à l'ensemble du processus, depuis la Commission d'enquête sur les relations de travail (CERT) dirigée par le médiateur/arbitre anti-ouvrier William Kaplan, jusqu'à la tentative du gouvernement Trudeau-Carney de dicter nos conditions de travail, en passant par le refus de la direction du STTP d'organiser une riposte.
Mais il faut maintenant tirer des conclusions politiques. Si notre lutte se poursuit comme une simple affaire de « négociation collective », aussi « militante » soit-elle, elle sera inévitablement vouée à l'échec. Pour éviter cela et assurer la victoire, nous devons lancer un puissant mouvement ouvrier pour défendre les services publics, les emplois et les conditions de travail pour tous.
La trahison du STTP : interdiction de grève, arbitrage et démobilisation
Nous devons regarder les faits en face : le STTP s'est associé à la conspiration entre le gouvernement et la direction à chaque étape. Lorsque nous avons obtenu un mandat de grève à 95 % à l'automne 2024, la direction du syndicat a refusé de lancer une grève pendant des semaines. Lorsqu'une grève nationale a finalement été déclenchée en novembre, uniquement sous la pression de la base, elle a rapidement pris de l'ampleur et a reçu un large soutien dans tout le pays. Mais le gouvernement libéral est intervenu en décembre, utilisant une réinterprétation frauduleuse de l'article 107 du Code canadien du travail pour interdire purement et simplement la grève.
La réponse du STTP ? Une capitulation totale. Sans organiser de vote ni consulter les membres, la direction a ordonné un retour immédiat au travail, refusant de contester l'illégalité de l'interdiction ou de mobiliser le sentiment largement répandu parmi les travailleurs de la défier.
Lorsque le droit de grève a été prétendument rétabli quelques mois plus tard, le STTP a refusé de l'exercer. Au lieu d'organiser un débrayage ou d’autres actions militantes, il a annoncé une « interdiction des heures supplémentaires » sans effet, puis a discrètement sapé sa propre tactique en autorisant les travailleurs à temps partiel et temporaires à faire des heures supplémentaires, ce qui a atténué toute perturbation des activités.
Les offres misérables sur lesquelles nous avons été contraints de voter ont été légitimées par la CERT du gouvernement, dirigée par Kaplan, un arbitre de carrière et allié notoire de la direction. Les revendications des entreprises canadiennes avancées par la CERT comprenaient :
- Une augmentation considérable du travail à temps partiel et précaire ;
- La livraison sept jours sur sept imposée par des classifications d'emploi « flexibles » ;
- L'utilisation de l'acheminement dynamique, de la surveillance par IA et du « nivellement de la charge » pour pousser les charges de travail à leur limite ;
- Des augmentations salariales bien inférieures à l'inflation, ce qui signifie des réductions salariales réelles ;
- Aucune protection contre les licenciements collectifs.
Ce plan vise à transformer Postes Canada en une entreprise de logistique « allégée », une machine de livraison à bas salaires et étroitement surveillée, sur le modèle d'Amazon.
Pourtant, la direction du STTP soutient activement cette feuille de route. Elle estime que les services postaux de Postes Canada doivent être subordonnés au profit capitaliste et a supplié le gouvernement fédéral d'imposer un arbitrage exécutoire, laissant le dernier mot à un bureaucrate nommé par le gouvernement, sans droit de vote ni droit de grève. La présidente Jan Simpson et d'autres bureaucrates syndicaux continuent de faire tout leur possible pour faire taire la base et démobiliser la résistance.
Une lutte de classe politique : le gouvernement pro-patronal de Carney et la restructuration capitaliste
Les postiers sont engagés dans une lutte politique. Nous ne sommes pas simplement confrontés à un employeur véreux ou à une direction « déconnectée ». Nous sommes confrontés à une classe dirigeante déterminée à faire de nous un exemple en procédant à une restructuration radicale du système postal, au détriment des emplois, des salaires et du principe même du service public universel.
Le gouvernement libéral du premier ministre Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre, fait rapidement basculer la politique canadienne vers la droite. En plus d'interdire notre grève avant les élections, les libéraux se sont engagés à réduire les emplois et les dépenses du secteur public, tout en augmentant le budget militaire de plusieurs centaines de milliards au cours de la prochaine décennie et en injectant des dizaines de milliards supplémentaires dans les subventions aux entreprises et les grands projets de développement commercial. Le même establishment politique qui nous dit qu'il n'y a pas d'argent pour des emplois à temps plein ou des retraites à la poste comble les fabricants d'armes et les monopoles technologiques de fonds publics.
Dans ce contexte, l'IA, l'automatisation et la surveillance numérique ne sont pas utilisées pour alléger la charge de travail ou améliorer les services, mais pour intensifier l'exploitation et supprimer des emplois. L'objectif n'est pas de moderniser la poste dans l'intérêt du public ou des travailleurs qui la font fonctionner, mais de subordonner encore davantage ses activités au profit, en transformant Postes Canada en une division logistique de l'industrie privée du colis en vue de sa privatisation partielle ou totale.
Une véritable lutte contre ce programme de guerre de classe commencerait par expliquer à tous les travailleurs pourquoi les questions au cœur de notre combat sont d'une importance urgente pour chaque travailleur. Elle rejetterait la subordination des services publics au profit privé, s'opposerait à la privatisation et insisterait sur le fait que la défense d'emplois sûrs et de conditions de travail sécuritaires est une revendication non négociable. De plus, elle ferait clairement comprendre que la société dispose de ressources financières plus que suffisantes pour fournir des services publics et des emplois bien rémunérés à tous, mais que ces ressources sont actuellement contrôlées par une oligarchie capitaliste, qui les dépense dans le militarisme et la guerre, ainsi que dans des subventions visant à s'enrichir elle-même.
L'appareil du STTP est pleinement intégré à l'État et au monde des affaires canadien, c'est pourquoi il s'oppose farouchement au développement d'un tel mouvement. Sa réaction à notre puissant vote « Non » a été d'exclure toute grève et de faire appel aux forces mêmes qui orchestrent les attaques contre nous. Ils disent maintenant que le gouvernement Carney doit « prouver » qu'il respecte la négociation collective. Comme si un gouvernement qui a interdit notre grève et organisé un vote forcé bidon pouvait être considéré comme respectueux des droits des travailleurs ! « Plus d'ordres de retour au travail. Plus de votes forcés », déclare le STTP, mais nous savons que le tigre ne peut pas changer ses rayures.
La réalité est que la direction et le gouvernement évaluent toujours leurs options pour imposer une vaste restructuration. L'arbitrage exécutoire imposé par le gouvernement reste sur la table. Mais les travailleurs doivent également se méfier de la possibilité que Postes Canada provoque une grève dans des conditions où ils savent que la bureaucratie syndicale fera tout ce qui est en son pouvoir pour s'assurer qu'elle reste isolée, impuissante et, en fin de compte, vouée à l'échec. Dans de telles conditions, ils laisseraient délibérément la grève s'éterniser, dans le but d'éroder le moral des travailleurs, de les affamer et d'utiliser la détérioration supplémentaire des finances et de la clientèle de Postes Canada pour imposer leurs reculs et leur programme de restructuration. Cela ne doit pas se produire !
Prenons la lutte en main : construisons le Comité de base des travailleurs des postes !
Le rejet des offres « finales » doit être le début d'une véritable contre-offensive, menée par la base. C'est pourquoi le Comité de base des travailleurs des postes (CBTP) a été créé : pour donner une voix au mouvement grandissant des travailleurs qui exigent la fin des trahisons et la création d'une nouvelle avenue fondée sur le contrôle démocratique, la solidarité de la classe ouvrière et les principes socialistes.
Le CBTP appelle les travailleurs postaux à former des comités de base dans chaque dépôt, usine et unité de livraison afin de prendre la direction de la lutte. Les travailleurs doivent défendre le droit de grève, tout en rejetant l'arbitrage comme une mascarade antidémocratique. Nous devons nous associer aux travailleurs de Purolator, Amazon, FedEx et du secteur public et des communications au sens large (santé, éducation et transports), qui sont tous confrontés aux mêmes attaques.
Cela nécessite l'organisation d'une lutte nationale contre le programme d'austérité du gouvernement Carney et la restructuration de Postes Canada, ainsi que le développement de liens internationaux pour la mobilisation unifiée de toute la classe ouvrière qui est confrontée aux mêmes problèmes, enracinés dans la nature exploiteuse du système capitaliste.
C'est pour cette raison que le CBTP a été fondé en affiliation avec l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC) afin de coordonner les actions avec les travailleurs des services postaux et de la logistique, ainsi qu'avec tous les autres secteurs de travailleurs, à travers l'Amérique du Nord et dans le monde entier.
Les postiers sont à un moment décisif. La direction est soutenue par toute la puissance de l'État et des libéraux du grand capital. Le STTP contribue activement à la mise en œuvre de leurs plans en nous confinant dans le carcan du système de « négociation collective » pro-employeurs et en acceptant le cadre de rentabilité fixé par la classe dirigeante.
Nous, les travailleurs de la base, détenons le véritable pouvoir, mais seulement si nous nous organisons et luttons. Nous devons faire de cette lutte le début d'une contre-offensive plus large de la classe ouvrière, pour les emplois, les services publics et le pouvoir ouvrier.
Pour vous impliquer ou en savoir plus, contactez dès aujourd'hui le Comité de base des travailleurs des postes à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com ou remplissez le formulaire ci-dessous.
(Article paru en anglais le 8 août 2025)