Ce lundi, une manifestante brandissant un drapeau palestinien et une pancarte indiquant «Israël commet un génocide» a été harcelé par la police et menacé d'arrestation en vertu de la loi sur le terrorisme. La manifestation de Canterbury illustre la marche vers un État policier menée par le gouvernement travailliste.
Deux policiers se sont approchés de la manifestante et lui ont demandé: «Quelle est votre intention ici aujourd'hui?»
Lorsque la femme a répondu que son intention était de «brandir ce drapeau et de maintenir la Palestine dans la conscience du public», on lui a demandé: «Soutenez-vous un groupe interdit?»

Légende: Le groupe de protestation directe Palestine Action a été proscrit comme organisation terroriste le 4 juillet, ce qui signifie qu'exprimer son soutien à cette organisation est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 14 ans d'emprisonnement.
Un policier a répondu : «La façon dont vous vous comportez en ce moment me laisse penser que vous êtes peut-être [une sympathisante]».
La femme a répondu clairement: « Je ne soutiens aucun groupe interdit. Je soutiens une Palestine libre et la fin du génocide ».
Le policier lui dit : «Le soutien de ceci [la pancarte indiquant ‘Israël commet un génocide’], mentionnant la liberté de Gaza, Israël, le génocide, tout cela, fera partie des groupes proscrits qui sont des groupes terroristes... que nous vous soupçonnons de soutenir, sur la base de vos actions ici, dans une ville, avec les drapeaux et les affiches que vous brandissez.»
Il poursuit en citant un extrait de la Loi sur le terrorisme: «exprimer une opinion ou une croyance qui soutient une organisation interdite», avant d'ajouter «c'est bien ce que vous avez fait». La manifestante répond: «C'est ridicule ; vous allez finir par arrêter la moitié du pays... Alors je ne peux plus jamais faire ça? »
«C'est un délit», lui répond le policier.
Lorsque la manifestante demande s’ils ne pourront plus jamais «faire ça en public», le policier répond: «Si vous aviez juste un drapeau, nous vous dirions probablement de faire attention à ce que vous faites », mais dans le contexte de la déclaration, « ‘Free Gaza’, qui soutient une organisation interdite, et une pancarte [disant] qu'Israël commet un génocide seraient en accord avec... »
Son collègue l'interrompt : « Ce que vous faites, c'est nous donner des soupçons. Il suffit de deux sur dix pour que nous soupçonnions que vous soutenez un groupe palestinien ».
Qu'il s'agisse ou non d'une politique officielle, à appliquer dans tout le pays, elle montre les pouvoirs conférés à la police par l’interdiction décrétée par les travaillistes pour intimider et potentiellement criminaliser toute activité de protestation contre le génocide, reconnu internationalement, commis par l'État israélien à Gaza, ou pour la défense des Palestiniens.
Refusant à Palestine Action une demande de référé concernant les effets de l'ordre d’interdiction jusqu'à ce qu'une révision judiciaire puisse avoir lieu, le juge Chamberlain a reconnu que cet ordre «aura sans aucun doute des effets graves sur le demandeur et sur beaucoup d'autres» et «jettera une longue ombre sur la liberté d'expression».
On a à présent l’illustration de ce que cela signifie.
La manifestante de Canterbury a raison de dire que l'application universelle de cette norme impliquerait l'arrestation de (au moins) la moitié du pays, ce qui est impossible. Mais le gouvernement travailliste et ses forces de police utiliseront cette vaste application de manière sélective, en s'en prenant aux individus les plus actifs politiquement pour tenter de paralyser les mobilisations plus larges.
Les membres d'organisations politiques de gauche, qui ont déjà été arrêtés en grand nombre lors de manifestations contre le génocide, sous de fausses accusations d'incitation à la haine, seront probablement fortements ciblés. La Loi sur le terrorisme, désormais applicable à des opinions politiques largement répandues, confère à la police d'énormes pouvoirs de détention, de perquisition et de saisie de biens, qu'elle peut utiliser pour surveiller les opposants politiques du gouvernement et agir à leur encontre.
Manifestants arrêtés en vertu de la Loi sur le terrorisme à Édimbourg
Le lendemain de cet événement à Canterbury, trois femmes ont été arrêtées en vertu de la Loi sur le terrorisme à Édimbourg après qu'une camionnette a été conduite contre la clôture d'une usine appartenant au fabricant d'armes Leonardo.
Shut Down Leonardo, une campagne d'action directe, a publié une photo de la camionnette, un drapeau palestinien accroché à l'arrière, avec trois femmes et des policiers sur le toit.
L'organisation explique ainsi: « Le groupe écossais a lancé une action contre l'usine Leonardo d'Édimbourg. La façade du site a été endommagée et les auteurs de l'action ont conduit une camionnette dans le périmètre. Cette usine fabrique des systèmes de cibles laser pour les avions de combat F-35 d'Israël ».

Si les trois activistes arrêtés à Édimbourg sont poursuivis en vertu de la Loi sur le terrorisme, les arguments invoqués par le juge Chamberlain pour rejeter la suspension provisoire de l'interdiction de l'AP sont nuls et non avenus. Il avait déclaré dans son jugement – en insistant sur le fait que l'ordonnance n'aurait pas d'effet bâillon plus large – que les personnes «qui étaient membres de PA avant l'interdiction» seraient autorisées à continuer à manifester.
Il avait ajouté que «même si leurs protestations prennent la forme d'une action directe entrainant la délinquence, le fait qu'ils étaient auparavant membres d'une organisation qui est maintenant proscrite n'aggraverait pas, en droit, leur comportement délinquant [italiques de l'auteur]».
Le point juridique fondamental est que l’interdiction fait de l'appartenance et du soutien au groupe spécifique Palestine Action un délit terroriste, et rien de plus. L'action directe en faveur de la cause palestinienne, y compris l'action qui peut être jugée délinquente par un tribunal, n'est pas en soi «terroriste» – même selon l'ordre anti-démocratique du gouvernement.
Mais comme le montre clairement le harcèlement policier de Canterbury, les intentions du gouvernement sont bien plus vastes et visent à donner un coup de massue aux droits démocratiques et à criminaliser le mouvement populaire de masse contre le génocide soutenu par l'impérialisme.