Nous encourageons tous les travailleurs postaux à contacter le Comité de base des travailleurs des postes à l'adresse canadapostworkersrfc@gmail.com ou en remplissant le formulaire à la fin de cet article.
Le gouvernement libéral, dirigé par l'ancien banquier central et dirigeant financier mondial Mark Carney, est une fois de plus intervenu directement au nom de la direction de Postes Canada, ordonnant à 55 000 travailleurs postaux urbains et ruraux de voter sur les « meilleures et dernières » offres de la société. Après 18 mois de lutte pour la conclusion d'une convention collective, au cours desquels la direction du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) nous a à plusieurs reprises démobilisés, nous devons regarder la réalité en face : le gouvernement se range sans réserve du côté des patrons contre les travailleurs des postes. Pourtant, les bureaucrates du STTP s'opposent catégoriquement à mobiliser le pouvoir social de la classe ouvrière pour défendre nos emplois et nos conditions de travail, tous les services publics et le droit de grève.
Dans ces conditions, le Comité de base des travailleurs des postes appelle avec force tous les postiers à voter « non ». Cependant, le rejet catégorique des offres de Postes Canada, qui sont pleines de reculs, est en soi tout à fait insuffisant pour remporter la victoire sur la direction, le gouvernement et les entreprises canadiennes, qui sont déterminés à faire un exemple des travailleurs des postes dans le cadre d'une offensive intensifiée contre les droits sociaux et démocratiques de tous les travailleurs.
Nous devons faire d’un vote catégorique « non » le point de départ de l'élargissement de notre lutte pour en faire une contre-offensive sociale et politique de la classe ouvrière. Pour élargir notre lutte, sortir du carcan qui nous est imposé par le système de négociation collective truqué et conçu par l'État, et contrer le sabotage perpétré par l'appareil du STTP, nous, les travailleurs des postes, devons prendre les choses en main en créant un réseau de comités de base.
Cette stratégie offre la meilleure et la seule véritable voie à suivre, car tous les travailleurs, tant du secteur public que privé, ont un intérêt direct à faire échouer la campagne menée par la direction de Postes Canada et le gouvernement pour restructurer le service postal et détruire nos moyens de subsistance. S'ils l'emportent, les conditions misérables qu'ils veulent nous imposer deviendront la norme pour tous les travailleurs. Nous pouvons mettre fin à cela en menant un puissant mouvement ouvrier contre l'austérité capitaliste et pour le contrôle des travailleurs sur l'IA et les autres nouvelles technologies, afin de garantir qu'elles soient utilisées pour améliorer la vie des travailleurs et les services publics, et non pour maximiser les profits capitalistes.
Ce sur quoi le gouvernement oblige actuellement les travailleurs à voter n'est pas un « accord équitable ». Il s'agit d'une charte esclavagiste qui prévoit :
- De nouvelles catégories de travailleurs précaires à temps partiel pour mettre en place une distribution sept jours sur sept ;
- L'utilisation de « l’acheminement dynamique » et de la surveillance par IA pour éliminer le « temps perdu » et intensifier la charge de travail ;
- Des augmentations salariales bien inférieures à l'inflation, c'est-à-dire des baisses de salaire réel ;
- Des changements structurels qui aboutiront à terme à la suppression de dizaines de milliers d'emplois permanents à temps plein.
L'objectif est clair : « amazonifier » Postes Canada, c'est-à-dire la transformer en une plateforme logistique « allégée », fondée sur l'hyper-exploitation, afin de renverser la tendance récente à la baisse des profits. Si la direction parvient à ses fins dans cette ronde de négociations, cela l'encouragera à nous piétiner encore davantage lors de la prochaine ronde de « négociations collectives ».
Le vote ne sera pas non plus équitable. De nombreux travailleurs ont signalé des difficultés pour s'inscrire au vote en ligne imposé par le gouvernement. Non seulement beaucoup trouvent le processus pas clair, mais d'innombrables travailleurs ne disposent pas d'un compte de messagerie électronique, condition préalable à l'inscription et au vote. De nombreux travailleurs des zones rurales et isolées ont déjà du mal à accéder à Internet, ce qui signifie qu'ils pourraient bien ne pas avoir la possibilité de voter.
Ce processus ne prive pas seulement les travailleurs de leurs droits, il bafoue également la tradition démocratique des réunions et des votes en personne pour la ratification des conventions collectives, au cours desquels nous pouvons exprimer notre opinion au syndicat et à la direction et militer pour ou contre une entente.
Opposons-nous à la conspiration entre le gouvernement, la direction et le syndicat !
Le vote est supervisé par le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), un organisme non élu, nommé par le gouvernement, qui agit comme un instrument de répression brutale contre la classe ouvrière. En décembre 2024, le CCRI, sur ordre du gouvernement libéral, a utilisé une interprétation frauduleuse de l'article 107 du Code canadien du travail pour interdire et briser notre grève d'un mois, alors même que les travailleurs avaient voté à une écrasante majorité (plus de 95 %) pour la grève.
Il y avait un large soutien pour défier l'interdiction. Mais la direction du STTP a immédiatement capitulé. Elle a ordonné aux postiers de reprendre le travail, sans que nous ayons notre mot à dire ou puissions voter.
En mai, lorsque nous avons retrouvé le droit légal de faire grève, la bureaucratie du STTP nous a de nouveau démobilisés. Au lieu de paralyser Postes Canada, elle a décrété une interdiction des heures supplémentaires sans effet, une mesure destinée à minimiser les perturbations et à protéger les sources de revenus de Postes Canada. La direction du syndicat a justifié ce recul en affirmant qu'il permettrait de « protéger le public », révélant ainsi qu'elle considère le reste de la classe ouvrière comme fragmentée, isolée et opposée à nous, plutôt que comme une force qui peut et doit être mobilisée pour nous soutenir. Pire encore, le syndicat a immédiatement sapé sa propre action en autorisant les travailleurs à temps partiel et temporaires à travailler jusqu'à 40 heures par semaine, comblant ainsi le vide que l'interdiction des heures supplémentaires était censée créer.
Les offres misérables sur lesquelles nous sommes contraints de voter ont été légitimées officiellement par la Commission d'enquête sur les relations de travail (CERT), créée par le gouvernement libéral fédéral et présidée par William Kaplan, arbitre de longue date. Dès le début, les travailleurs savaient que la commission était truquée. Mais la direction du STTP a non seulement refusé de s'opposer à la CERT, mais elle l'a activement appuyée, affirmant que la commission donnait « une voix » aux travailleurs. En réalité, comme prévu, elle a jeté les bases d'une vaste restructuration de Postes Canada à nos dépens. Son objectif est de faire de la poste un concurrent « viable », c'est-à-dire rentable, des entreprises privées de livraison.
En mai, le STTP a supplié le gouvernement d'imposer un arbitrage exécutoire, proposant qu'un arbitre nommé par le gouvernement, comme Kaplan, décide de nos salaires et de nos conditions de travail, sans vote et sans droit de grève. La semaine dernière, plus d'un mois après que le gouvernement ait décidé de nous faire voter sur les concessions offertes par Postes Canada, la présidente du Congrès du travail du Canada, Bea Bruske, a publié une lettre de protestation pathétique. Elle appelait le gouvernement à « respecter la négociation collective » et à travailler avec les syndicats à la restructuration de Postes Canada. La réalité est que le CTC et ses affiliés ont été de proches alliés du gouvernement libéral pro-patronal au cours de la dernière décennie et ont chaleureusement accueilli son retour au pouvoir sous Carney lors des élections du 28 avril.
La direction du STTP et l'ensemble de la bureaucratie syndicale canadienne nous ont menés dans une impasse. Nous sommes coincés dans une campagne inutile de « grève du zèle » tandis que la direction transfère le volume des colis à Purolator, qui appartient à Postes Canada. Pendant ce temps, l'appareil du STTP – à commencer par la présidente Jan Simpson et le Conseil exécutif national – nous a isolés, démobilisés et a tenté de faire passer son sabotage pour un programme de « lutte ».
La participation de Simpson et compagnie à la commission truquée a donné à la CERT suffisamment de crédibilité pour que le gouvernement et l'entreprise redoublent d'efforts dans leurs attaques contre nous. Toutes les attaques contenues dans les « offres finales » de Postes Canada, de l'augmentation spectaculaire des postes à temps partiel à la mise en œuvre généralisée du tri et de la livraison séparés, du nivellement des charges et de l’acheminement dynamique, ont été discutées lors des réunions de la CERT.
De plus, dans un cadeau énorme à l'entreprise et au gouvernement, le STTP a effectivement cédé notre arme la plus importante, le droit de grève, juste au moment où nous en avons le plus besoin. Alors que nous sommes confrontés à une attaque coordonnée du gouvernement et de l'entreprise, l'appareil syndical a choisi de capituler afin de conserver ses privilèges bureaucratiques alors que nos emplois et nos conditions de travail sont détruits.
Mobilisons le pouvoir social de la classe ouvrière !
Les dirigeants syndicaux tentent de détourner notre attention avec des solutions farfelues visant à rendre Postes Canada « rentable », notamment les services bancaires postaux, les bornes de recharge pour véhicules électriques et les visites aux personnes âgées. Mais le problème fondamental auquel nous sommes confrontés n'est pas le manque de travail. Nous nous trouvons dans un secteur envahi par les travailleurs précaires, dont le travail est fortement exploité par l'automatisation et la surveillance. L'ensemble du secteur de la logistique est confronté aux mêmes défis que nous, mais le syndicat préfère nous maintenir dans l'isolement. Il est incapable d'encourager les travailleurs d'Amazon, de DHL, d'UPS, de FedEx et des petits transporteurs à se joindre à nous dans une lutte commune pour des emplois sûrs et bien rémunérés pour tous.
Assez, c'est assez ! Les postiers doivent rejeter massivement cette entente pourrie. Mais nous devons être clairs : le gouvernement Carney a déjà préparé la prochaine étape, à savoir l'arbitrage exécutoire. Cela signifie qu'il n'y aura pas de nouvelles offres, pas de droit de grève et pas de voix démocratique, mais seulement une décision imposée d’en haut et basée sur le projet anti-travailleurs de la CERT. Et le STTP a déjà clairement indiqué qu'il était prêt à sacrifier nos emplois et à réduire au silence la base par le biais de l'arbitrage.
C'est pourquoi un « non » catégorique doit être le point de départ d'une véritable lutte fondée sur une nouvelle stratégie visant à obtenir satisfaction grâce à la mobilisation de l'immense pouvoir de la classe ouvrière à travers le Canada et à l'échelle internationale.
Nous devons briser l'emprise de la bureaucratie syndicale et prendre la lutte en main en construisant le Comité de base des travailleurs des postes (CBTP). Il a été créé en juin 2024 parce que nous avons reconnu que les travailleurs postaux sont confrontés à une lutte politique et que l'appareil du CUPW, et plus généralement les syndicats pro-capitalistes, ne peut être réformé ou contraint de représenter nos intérêts.
Nous appelons tous les travailleurs postaux à :
- Former des comités de base dans chaque dépôt, centre de tri et unité de livraison ;
- Organiser une lutte à l'échelle du Canada pour défendre les emplois, les salaires et les services publics contre le programme d'austérité du gouvernement Carney et de l'ensemble de l'establishment politique ;
- Tendre la main aux travailleurs de Purolator, FedEx, Amazon et aux travailleurs précaires qui font face à des attaques similaires ;
- Lutter pour le droit de grève, qui est attaqué à tous les niveaux par les gouvernements, et pour le contrôle des négociations par les travailleurs ;
- S'unir au niveau international par le biais de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), en s'unissant aux travailleurs des postes et de la logistique d'Amérique du Nord, d'Europe et d'Asie, qui font tous face à des attaques similaires.
Ce combat ne concerne pas seulement les travailleurs postaux. Le gouvernement Carney crée un précédent en matière de suppressions d'emplois, de privatisation et de répression étatique à travers le pays afin de financer des milliards de dollars de nouvelles dépenses militaires en vue d'une guerre contre les « ennemis » du Canada, la Russie et la Chine en tête de liste. L'attaque contre la poste n'est qu'un front parmi d'autres dans une offensive plus large visant à financer les dépenses de guerre et à enrichir l'élite patronale.
Le droit de grève fait l'objet d'attaques coordonnées au niveau fédéral et provincial ; l'intelligence artificielle et les technologies de surveillance sont utilisées comme des armes pour intensifier l'exploitation ; les soins de santé et d'autres services publics sont démantelés pour grossir les profits.
Les travailleurs postaux peuvent et doivent tracer une ligne à ne pas franchir. Nous restons en position de force, car les choses pour lesquelles nous nous battons et contre lesquelles nous luttons sont d'une importance capitale pour tous les travailleurs. Mais seulement si nous agissons collectivement et construisons une nouvelle direction à partir de la base.
Rejoignez le combat ! Construisons le CBTP !
Répondez par un « non » catégorique aux « offres finales » de la direction !
Brisons le carcan imposé par le STTP ! Non à l'arbitrage et luttons pour un contrôle démocratique de notre lutte ! Organisons des comités de base pour faire avancer la lutte ! Unissons-nous à tous les travailleurs qui luttent contre la privatisation, le travail précaire et l'exploitation technologique.
Contactez le CBTP dès maintenant. Remplissez le formulaire ci-dessous ou contactez directement canadapostworkersrfc@gmail.com. Faisons de notre lutte le début d'une contre-offensive plus large pour les services publics, des emplois sûrs et le pouvoir ouvrier.
(Article paru en anglais le 10 juillet 2025)