Le Comité de base de grève des travailleurs de Philadelphie appelle tous les travailleurs municipaux, les membres syndicaux et les sympathisants à participer à une réunion publique en ligne le lundi 14 juillet à 19 h, heure de l'Est. Inscrivez-vous à la réunion ici.
La trahison par le syndicat AFSCME de la grève de huit jours des employés municipaux de Philadelphie révèle une fois de plus que la bureaucratie syndicale n'est qu'une force de police en milieu de travail au service du capitalisme et de ses deux partis politiques. Elle confirme une règle intransigeante : tant que les travailleurs resteront sous le contrôle de l'appareil syndical, le seul résultat possible sera la capitulation.
La grève a été une expression puissante de l'opposition sociale grandissante, indiquant une confrontation émergente entre la classe ouvrière et l'administration Trump, qui gouverne dans l'intérêt de l'oligarchie patronale. Elle a également démontré que la construction de ce mouvement est indissociable de la lutte pour renverser l'appareil syndical corrompu et redonner le pouvoir à la base, là où il doit être.
Une étape importante dans cette direction a été franchie mercredi avec la création du Comité de base de grève des travailleurs de Philadelphie, qui appelle les travailleurs à rejeter l'accord, à « passer outre la décision de mettre fin à la grève, qui a été prise en violation directe de la volonté claire de la base et sans aucun vote » et à renouveler la grève « immédiatement [...] élargie pour inclure les travailleurs des transports, les cols blancs et toutes les autres sections de la classe ouvrière de Philadelphie ».
L'« accord » visant à mettre fin à la grève est une trahison totale. Il prévoit une augmentation salariale de seulement 9 % sur trois ans, soit un point de pourcentage de plus que l'offre initiale de la maire démocrate Cherelle Parker. Il ne modifie en rien l'obligation de résidence, obligeant les travailleurs à rester dans une ville où le coût de la vie est nettement plus élevé. Pire encore, il ouvre la voie à des coupes importantes dans le financement de l'aide sociale et des soins de santé, permettant à la ville d'éviter de verser environ 13,5 millions de dollars au fonds de santé et engageant l'AFSCME (Fédération américaine des employés des États, des comtés et des municipalités) à collaborer à des mesures de réduction des coûts.
La bureaucratie de l'AFSCME a mis fin à la grève au milieu de la nuit précisément parce que celle-ci gagnait en ampleur et en force. Elle bénéficiait d'un large soutien parmi la classe ouvrière de la ville, tandis que les ordures non ramassées continuaient de s'accumuler dans les rues. La grève a perturbé le concert du 4 juillet organisé par la ville, les artistes de renom ayant refusé de franchir le piquet de grève. Et jeudi, 3000 cols blancs devaient voter sur une grève, menaçant les efforts de l'AFSCME visant à bloquer une lutte unifiée.
L'AFSCME ne tente même pas de justifier sa position, mais essaie plutôt de semer un climat de défaite et de frustration. Le président du Conseil de district 33, Greg Boulware, a déclaré à la presse qu'il avait mis fin à la grève parce que « nous sentions que le temps nous était compté ».
Par « nous », Boulware entend la bureaucratie, qui manquait de temps pour empêcher la grève de s'étendre aux cols blancs et à d'autres secteurs de la classe ouvrière. Tout au long de la grève, la maire Parker a calomnié les travailleurs en les qualifiant de « vandales », a utilisé les tribunaux pour forcer certains secteurs en grève à reprendre le travail et a déployé la police sur les piquets de grève. Au fur et à mesure que la grève se prolongeait, les conditions se mettaient en place pour que les travailleurs défient les injonctions, les mettant en conflit direct avec le Parti démocrate.
Le président de l'AFSCME, Lee Saunders, dont le revenu annuel est de 400 000 dollars et qui était jusqu'à récemment membre du Comité national démocrate, s'est rendu lundi à Philadelphie pour donner des ordres aux responsables syndicaux locaux. Sa démission très médiatisée du DNC le mois dernier, aux côtés de la présidente de l'American Federation of Teachers, Randi Weingarten, a été présentée comme une protestation contre le refus du parti d'autoriser des candidats plus jeunes et plus à gauche à se présenter aux primaires.
Mais le rôle de Saunders dans le sabotage de la grève de Philadelphie montre clairement que sa principale préoccupation est de contenir et de réprimer la colère croissante et tout à fait justifiée envers le Parti démocrate, un parti de Wall Street et de l'impérialisme.
La lutte à Philadelphie se déroule dans un contexte de contre-révolution sociale bipartisane. Au niveau fédéral, Trump et les républicains ont adopté des coupes historiques dans Medicaid et d'autres programmes sociaux afin de financer en partie des réductions d'impôts de plusieurs billions de dollars. Les démocrates n'ont pas vraiment opposé de résistance au Congrès, car ils soutiennent l'objectif fondamental de son « Big Beautiful Bill ».
À Philadelphie et dans toutes les grandes villes américaines, les démocrates préparent des coupes massives dans les systèmes scolaires, les réseaux de transport et d'autres fonctions essentielles, qui vont bien au-delà d'une nouvelle série de mesures d'austérité. Elles représentent le démantèlement permanent des infrastructures sociales dont dépendent des millions de travailleurs.
La classe ouvrière est saignée à blanc parce que le capitalisme américain, ravagé par une crise terminale, se débat pour trouver de nouvelles sources de richesse, qui ne peuvent provenir que du vol et de la violence à grande échelle. La dérive vers la dictature exprimée par Trump et la marche vers la troisième guerre mondiale sont les expressions politiques inévitables de ce processus.
Les conditions pour une explosion de masse des luttes de la classe ouvrière ne sont pas seulement mûres, elles sont dans un état de putréfaction. Cependant, alors que la classe ouvrière subit les attaques les plus violentes de son histoire, l'appareil syndical n'a déclenché que 19 grèves importantes depuis le début de l'année, c'est-à-dire uniquement lorsqu'il ne pensait pas pouvoir bloquer complètement une lutte.
Chaque lutte renforce la nécessité de créer de nouvelles organisations indépendantes représentant le pouvoir de la classe ouvrière. C'est l'objectif de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC).
En lançant l'IWA-RFC en 2021, le Comité international de la Quatrième Internationale a écrit : « De nouvelles formes d'organisations indépendantes, démocratiques et militantes de la base dans les usines, les écoles et les lieux de travail à l'échelle internationale » sont nécessaires. « La classe ouvrière est prête à se battre. Mais elle est entravée par des organisations bureaucratiques réactionnaires qui répriment toute expression de résistance. »
Cette nécessité a été confirmée à maintes reprises : lors de la grève de Volvo Trucks en 2021, où les travailleurs ont rejeté à plusieurs reprises une entente qui a finalement été imposée par l'UAW ; lors des luttes des enseignants pendant la pandémie, où les syndicats ont forcé les enseignants à retourner dans des salles de classe dangereuses ; lors de la lutte contractuelle du rail de 2022, où les syndicats ont bloqué une grève et ont permis au Congrès d'imposer une entente que les travailleurs avaient rejetée ; lors de l'accord d’UPS de 2023, salué comme une « victoire » par les Teamsters alors qu'il ouvrait la voie à des licenciements collectifs ; et lors d'innombrables autres trahisons dans tous les secteurs.
L'appareil syndical ne sert pas à unir les travailleurs, mais à les diviser ; non pas à mobiliser la lutte, mais à l’étouffer. Composé de fonctionnaires hautement rémunérés liés à l'État et aux entreprises, il existe pour faire respecter la discipline du travail au nom du capital.
L'expérience du président de l'UAW, Shawn Fain, révèle la faillite de tous ceux qui prétendent que l'appareil bureaucratique peut être réformé. La « grève debout » très médiatisée de Fain était une imposture, conçue pour empêcher une véritable lutte contre les constructeurs automobiles. Elle a été suivie de licenciements collectifs. Depuis, Fain a donné son appui au programme nationaliste de guerre commerciale de Trump et a récemment été dénoncé comme un voyou corrompu dans le dernier rapport du vérificateur de l'UAW.
La trahison de Philadelphie doit être étudiée attentivement. Elle fournit une expérience stratégique sur la nécessité d'une rébellion de la base contre l'appareil syndical. Cette rébellion commence par la formation d'organisations de lutte indépendantes, dirigées par les travailleurs eux-mêmes.
La lutte à Philadelphie est loin d'être terminée, et la création du Comité de base de grève des travailleurs de Philadelphie montre la voie à suivre. Les travailleurs de la base doivent insister sur le fait qu’eux seuls ont le droit exclusif de décider du cours de leur lutte, et non des responsables qui gagnent des salaires à six chiffres et agissent au mépris de la base.
La même question fondamentale se pose à tous les secteurs de la classe ouvrière, dans toutes les industries et dans tous les pays. L'IWA-RFC appelle les travailleurs à créer des comités de base sur les lieux de travail aux États-Unis et dans le monde entier, à relier leurs luttes et à préparer une contre-offensive unifiée contre l'oligarchie financière et tous ses serviteurs politiques.