Perspectives

Trump signe la loi sur la réduction des impôts et des dépenses : une célébration de la dictature et de l’austérité par la classe dirigeante

Le président Donald Trump pose pour une photo après avoir signé son projet de loi sur les allégements fiscaux et les réductions des dépenses à la Maison-Blanche, le vendredi 4 juillet 2025, à Washington. [AP Photo/Evan Vucci]

Le président Donald Trump a transformé vendredi la cérémonie de signature d'un projet de loi à la Maison-Blanche en une célébration du militarisme et de la contre-révolution sociale par la classe dirigeante, consacrée dans le projet de loi radical sur les impôts et les dépenses adopté par le Congrès la veille.

Organisant cette grotesque démonstration de réaction et de militarisme le 4 juillet, jour d’anniversaire de la Déclaration d'indépendance, Trump a salué son « grand et beau projet de loi » comme la plus grande réduction d'impôts, la plus grande réduction des dépenses et le plus grand investissement dans la « sécurité des frontières » de l'histoire des États-Unis. Cette mesure aura des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes, car elle permettra de verser des milliards supplémentaires dans les poches du 1 % et du 0,1 % le plus riche.

La veille, Trump avait prononcé un discours fasciste, menaçant ses adversaires politiques, dénonçant le socialisme et qualifiant les banquiers de « Shylock », un appel ouvert à l'antisémitisme.

Le projet de loi signé par Trump est la plus grande redistribution des richesses du bas vers le haut de l'échelle sociale de l'histoire des États-Unis. Il rend permanentes des réductions d'impôts de 3800 milliards de dollars, qui profitent principalement aux entreprises et aux super-riches, tout en réduisant de 930 milliards de dollars le budget de Medicaid et de 285 milliards de dollars celui de l'aide alimentaire.

Un nombre incalculable de personnes tomberont malades, s'appauvriront et mourront en conséquence directe. Selon le Bureau du budget du Congrès, 11,8 millions de personnes à faibles revenus et handicapées perdront leur couverture santé, et près de 11 millions, dont 4 millions d'enfants, pourraient perdre leur accès à l'aide alimentaire. La législation supprime également 320 milliards de dollars d'allégement de la dette étudiante.

Le projet de loi a été adopté par la Chambre des représentants par 218 voix contre 214, seuls deux républicains ayant voté contre, tandis que les démocrates n'ont opposé qu'une résistance symbolique. Il alloue 170 milliards de dollars supplémentaires à la « sécurité de l'immigration » et à la sécurité intérieure, ainsi que 150 milliards de dollars aux dépenses militaires cette année, en plus du budget record de près d'un billion de dollars déjà approuvé pour le Pentagone.

Il prévoit également des dizaines de milliards de dollars pour étendre le réseau de camps de détention pour immigrants et autorise le recrutement de 10 000 nouveaux agents de l'ICE (Immigration and Customs Enforcement) et de 3000 nouveaux agents de la police des frontières, qui sont actuellement engagés dans des rafles de masse et des opérations de terreur dans tout le pays.

L'événement organisé vendredi à la Maison-Blanche a reflété le soutien enthousiaste de la classe dirigeante au projet de loi de Trump, considéré comme un premier pas vers la destruction de ce qui reste du filet de sécurité sociale, notamment Medicare et la sécurité sociale. Alors que les marchés boursiers sont en hausse, Trump a déclaré que ce projet de loi prouvait que son administration était « gagnante, gagnante, gagnante ».

Le lien entre la contre-révolution sociale à l'intérieur du pays et l'explosion de la violence impérialiste américaine à l'étranger était clairement visible. Aux côtés des dirigeants républicains du Congrès, Trump a accueilli des militaires de la base aérienne de Whiteman, notamment les pilotes et l'équipage des bombardiers B-2 qui ont attaqué l'Iran le mois dernier. Les B-2 ont survolé la Maison-Blanche dans un spectacle militariste effrayant.

Dans son discours précédant la signature du projet de loi, Trump a fait l'éloge de la « grande et belle » armée, de la « démonstration spectaculaire de puissance militaire » et de « l'anéantissement total » lors du bombardement illégal de l'Iran. Au-delà de l'oligarchie financière, Trump s'appuie sur l'appareil de violence et de répression, notamment la police et la Gestapo de l'immigration, comme principale base sociale de son régime.

La veille, après l'adoption définitive du projet de loi, Trump a organisé un rassemblement de type électoral à Des Moines, dans l'Iowa, où il a déployé la rhétorique fasciste et la criminalisation de l'opposition politique qui caractérisent son régime. Parlant des démocrates, il a déclaré :

Je les déteste. Je ne les supporte pas parce que je crois vraiment qu'ils détestent notre pays [...] il y a des criminels de l'autre côté qui ont essayé de mettre votre président en prison et qui l'ont pourchassé [...]

Pour conclure sa diatribe, Trump a dénoncé le socialisme et le marxisme, s'en prenant une fois de plus au candidat démocrate à la mairie de New York, Zohran Mamdani, membre des Socialistes démocrates d'Amérique (DSA), qui s'est présenté avec un programme réformiste modéré. Menaçant implicitement de recourir à la violence physique, il a déclaré :

À New York, ils essaient d'élire un communiste, Zohran Mamdani, celui qui veut supprimer le financement de la police, prendre le contrôle des magasins et les gérer, et faire distribuer des marchandises par la population [...] Ce type est tout ce qu’il y a de plus communiste, et il veut détruire New York. J'aime New York, et nous ne le laisserons pas faire.

Les générations d'Américains qui nous ont précédés n'ont pas versé leur sang pour que nous puissions livrer notre pays à des marxistes fous à la veille de notre 250e anniversaire. En tant que président des États-Unis, je proclame ici et maintenant que l'Amérique ne deviendra jamais communiste, sous quelque forme que ce soit, y compris à New York.

Trump n'a pas limité ses menaces à Mamdani. Lors du rassemblement, il a intensifié ses attaques contre toute l'opposition, déclarant : « Les membres du Congrès et même les anciens présidents ont ouvertement embrassé des croyances ignobles telles que le socialisme, le marxisme et le communisme pur et simple. »

Ces propos hystériques traduisent la peur sous-jacente – derrière toute cette grandiloquence et ces fanfaronnades – qui anime l'oligarchie capitaliste face au soutien grandissant pour le socialisme et au désir de plus en plus profond d'une grande partie des travailleurs et des jeunes de remettre fondamentalement en cause l'ensemble du système capitaliste.

Les médias se sont fait l'écho des fanfaronnades de Trump. Le New York Times a publié vendredi un article flagorneur intitulé « De la Cour au Congrès en passant par le Moyen-Orient, Trump compte ses victoires », affirmant qu'il ne fait « aucun doute que, du moins selon ses propres termes, M. Trump peut se targuer d'une série de réussites ».

Bien qu'il y ait quelques « astérisques – des opinions divergentes et des questions sérieuses sur la sagesse et la durabilité de la voie sur laquelle il a engagé la nation », écrit le Times, « il est indéniable que, en moins de six mois depuis son retour au pouvoir, M. Trump, pour le meilleur ou pour le pire, a conduit la nation dans de nouvelles directions en utilisant avec force son pouvoir présidentiel et politique, sans que le Congrès ni les tribunaux ne puissent vraiment le contrôler ».

La capacité de Trump à mettre en œuvre son programme de guerre de classe et à instaurer une dictature politique (les « réserves » du Times) est due à l'absence de toute opposition au sein de l'establishment politique et du Parti démocrate.

Malgré leurs critiques rhétoriques et leurs votes symboliques contre le projet de loi de Trump, ils soutiennent ses objectifs : des réductions d'impôts pour les riches et la destruction des programmes sociaux. Ils n'ont pas appelé à des manifestations de masse, et encore moins à des grèves, contre cette attaque frontale contre la classe ouvrière. Au lieu de cela, ils ont lancé des appels creux aux républicains « raisonnables », sachant très bien que le parti se rangerait derrière Trump.

La complicité du Parti démocrate a été soulignée en mars dernier lorsque le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, s'est joint aux républicains pour adopter une résolution visant à éviter la fermeture du gouvernement, garantissant ainsi le fonctionnement ininterrompu du régime dictatorial de Trump. Une fois de plus, le mois dernier, la direction démocrate de la Chambre des représentants a conduit la majorité des démocrates à rejeter une résolution visant à destituer Trump pour avoir lancé une attaque illégale et non provoquée contre l'Iran sans l'autorisation du Congrès.

Le discours des médias et du Parti démocrate sur un « Trump tout-puissant » a été brisé par les manifestations de masse de la journée « No Kings », qui ont rassemblé un nombre record de personnes dans les rues à travers le pays pour s'opposer à l'instauration d'une dictature présidentielle.

La radicalisation de larges couches de travailleurs et de jeunes s'est également reflétée dans la victoire surprise de Mamdani à la primaire municipale de New York, malgré la dangereuse futilité de la perspective de Mamdani et des DSA de « pousser » vers la gauche le Parti démocrate, un parti de Wall Street et de l'appareil militaire et du renseignement.

Trump est de plus en plus isolé de la grande masse de la population, qui se mobilise et cherche une nouvelle perspective pour lutter contre l'oligarchie. La grève de 9000 employés municipaux à Philadelphie, qui a paralysé vendredi les célébrations du 4 juillet dans la ville, est un premier signe de l'émergence de la classe ouvrière.

Sous le monopole bipartite à travers lequel l'élite financière règne, la grande majorité de la population est complètement privée de ses droits. Ce qu'il faut, c'est rompre avec les démocrates et tout le cadre de la politique capitaliste, et construire un mouvement de masse de la classe ouvrière qui lutte pour le socialisme : une société basée sur l'égalité et l'expropriation des grandes entreprises et des oligarques financiers.

La leçon à tirer du « grand et beau projet de loi » de Trump est la nécessité de préparer une lutte révolutionnaire contre le système capitaliste. C'est la lutte menée par le Parti de l'égalité socialiste et le World Socialist Web Site.

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