Le Sénat américain a adopté mardi le projet de loi budgétaire de Donald Trump et l'a transmis à la Chambre des représentants pour conciliation et adoption définitive dans le courant de la semaine.
Ce projet de loi est l'un des plus importants transferts de richesse des travailleurs et des pauvres vers l'oligarchie dans l'histoire des États-Unis. Il prévoit 930 milliards de dollars de coupes dans le programme Medicaid, ce qui, selon le Bureau du budget du Congrès, privera 11,8 millions de travailleurs à faibles revenus et handicapés de soins médicaux.
Il prévoit également 285 milliards de dollars de coupes dans les bons alimentaires, soit une réduction de 20 % d'un programme dont dépendent 40 millions d'Américains pour se nourrir et nourrir leur famille. Près de 11 millions de personnes, dont 4 millions d'enfants, pourraient perdre leur aide alimentaire.
En outre, il supprime les incitations fiscales en faveur des énergies propres et réduit de 320 milliards de dollars l'allègement de la dette étudiante.
Ces coupes sauvages contribueront à compenser le coût de la prolongation permanente des 3800 milliards de dollars de réductions d'impôts, qui profitent principalement au 1 % le plus riche, adoptées pendant le premier mandat de Trump. On estime que le 0,1 % le plus riche verra son revenu moyen augmenter de 3,9 % (389 000 dollars) par an, tandis que les 20 % les plus pauvres subiront une baisse de revenu de 6,8 %.
Le projet de loi alloue en outre 350 milliards de dollars à la « sécurité » nationale et frontalière, c'est-à-dire à la Gestapo de l'immigration et aux instruments de la guerre impérialiste à travers le monde. Cela comprend 46 milliards de dollars pour achever le mur frontalier de Trump et 45 milliards de dollars pour agrandir les centres de détention des migrants. Il prévoit également le recrutement de 10 000 nouveaux agents de l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) et de 3000 nouveaux agents de la police des frontières.
La législation augmente encore les dépenses militaires américaines pour 2025 – qui atteignent déjà le chiffre record de 1000 milliards de dollars – de 150 milliards de dollars supplémentaires, alors que l'impérialisme américain se prépare à la guerre contre la Chine.
Ce projet de loi marque une nouvelle étape dans un processus qui se déroule depuis un demi-siècle. Medicaid, adopté en 1965, était la pierre angulaire des programmes de la « grande société » et de la « guerre à la pauvreté » de Lyndon Johnson, et la dernière réforme sociale importante mise en œuvre aux États-Unis.
Au cours des 60 dernières années, la classe dirigeante a mené une contre-révolution sociale implacable. Les démocrates et les républicains ont tous deux supervisé la réduction drastique des programmes sociaux afin de financer les multiples plans de sauvetage de Wall Street et de l'élite dirigeante patronale. Le démantèlement de Medicaid marque un tournant.
Ces politiques susciteront une opposition populaire de masse. Même un sondage publié par Fox News a montré que les Américains s'opposent au projet de loi budgétaire à 59 % contre 38 %. Cela alimentera davantage la colère des travailleurs et des jeunes, déjà exprimée par les 11 millions de personnes qui ont manifesté lors de la journée « No Kings » le mois dernier et par la victoire surprise de Zohran Mamdani, qui se qualifie lui-même de «socialiste démocrate », lors des primaires démocrates pour la mairie de New York.
L'adoption du projet de loi de guerre de classe de Trump est l'argument le plus puissant en faveur de la révolution sociale et de l'expropriation de l'oligarchie. Il s'agit d'une expression flagrante de la domination de classe : une attaque généralisée dictée par et pour les milliardaires qui dominent la société américaine. Cette législation représente la politique de l'élite financière et patronale incarnée par l'administration fasciste de Trump et démontre avec une brutalité évidente que l'État capitaliste – y compris les deux grands partis des affaires – n'existe que pour défendre et accroître la richesse et le pouvoir de cette classe parasitaire.
Ce projet de loi va également aggraver la crise économique du capitalisme américain et mondial, en ajoutant 3300 milliards de dollars à la dette nationale américaine, qui s'élève déjà à plus de 36 000 milliards de dollars, et en augmentant le plafond de la dette de 5000 milliards de dollars. Cette crise, qui sape la position du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, poussera la classe dirigeante à intensifier son offensive contre les conditions sociales de la classe ouvrière, l'amenant à démanteler tout ce qui reste du filet de sécurité sociale, y compris Medicare et la sécurité sociale.
Ces politiques ne peuvent être imposées qu'en détruisant les droits démocratiques et en instaurant une dictature. Il est significatif que, au moment même où le Sénat adoptait le projet de loi de Trump, le vice-président JD Vance ayant donné le vote décisif pour départager un vote à égalité (50-50), le président se trouvait en Floride pour vanter l'ouverture d'un nouveau camp de concentration pour immigrants, surnommé «Alligator Alcatraz ».
Ni le Parti démocrate ni l'appareil syndical n'ont pris de mesures sérieuses pour s'opposer à l'attaque budgétaire contre la classe ouvrière. Aucun des deux n'a appelé à la moindre manifestation, et encore moins préconisé une grève. Tous deux sont terrifiés à l'idée de toute initiative susceptible d'encourager la protestation populaire, par crainte d'un mouvement social qui pourrait menacer le système capitaliste.
Les démocrates se sont livrés à une série de manœuvres cyniques pour se présenter comme des opposants au projet de loi, notamment en imposant la lecture intégrale du document de près de 1000 pages au Sénat et en organisant un « vote-o-rama » de 26 heures au cours duquel ils ont lu des amendements qu'ils savaient ne jamais pouvoir être adoptés. En réalité, les démocrates soutiennent des coupes brutales dans les programmes sociaux afin de financer une agression militaire toujours plus grande et de contribuer à compenser la dette et la crise du dollar du capitalisme américain.
La classe ouvrière est confrontée à une oligarchie absolument impitoyable dans la poursuite de ses intérêts, une élite dirigeante qui ne reculera devant rien pour préserver sa richesse et son pouvoir. L'idée que les intérêts des travailleurs peuvent être garantis par des réformes minimales proposées par des personnalités telles que Mamdani et les Socialistes démocrates d'Amérique, en poussant le Parti démocrate vers la gauche, est une fiction dangereuse.
Le Parti de l'égalité socialiste (PES) se bat pour armer la résistance montante des travailleurs et des jeunes d’un programme socialiste et d’une direction révolutionnaire. La voie à suivre consiste à construire un mouvement de masse, indépendant des deux partis capitalistes, afin d'exproprier les grandes entreprises et les banques, de les placer sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière et de les transformer en services publics au service des besoins humains, et non du profit privé.
Pour organiser et mener cette lutte, le PES appelle les travailleurs à créer des comités de base dans chaque lieu de travail et chaque quartier, indépendants de la bureaucratie syndicale et du Parti démocrate. Ces comités doivent être le fondement d'une grève générale visant à renverser l'administration Trump et à lutter pour un gouvernement ouvrier, fondé sur l'égalité sociale, une véritable démocratie et l'internationalisme. La classe ouvrière doit s'emparer du pouvoir politique, exproprier l'oligarchie financière et reconstruire la société sur la base des besoins humains, et non du profit privé.
(Article paru en anglais le 2 juillet 2025)