Le gouvernement libéral du Canada a apporté son soutien sans réserve à l'offensive impérialiste américaine contre l'Iran.
Quelques heures après l'attaque américaine contre les installations nucléaires civiles iraniennes samedi soir dernier avec les bombes non nucléaires les plus puissantes jamais utilisées, le premier ministre Mark Carney a publié une déclaration sur X saluant l'attaque et l'entrée des États-Unis dans la guerre d'agression illégale lancée par Israël contre l'Iran dans la nuit du 12 juin.
Carney a qualifié l'attaque illégale et sournoise ordonnée par le président fasciste américain Donald Trump contre l'Iran de réponse légitime à la prétendue volonté de ce pays de se doter de l'arme nucléaire, peu importe que les agences de renseignement occidentales, y compris celles des États-Unis, et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) aient admis qu'il n'y avait aucune preuve que Téhéran cherchait à développer une bombe nucléaire.
En réalité, l'intervention de Washington dans la guerre est une extension de sa volonté implacable d'assurer sa domination incontestée sur le Moyen-Orient, qui l'a conduit à mener et à fomenter des guerres dans toute la région depuis plus de trente ans. Ces efforts se sont accélérés depuis octobre 2023, Washington apportant un immense soutien politique et militaire à Israël alors que celui-ci menait une attaque génocidaire contre les Palestiniens de Gaza, intensifiait ses efforts pour annexer la Cisjordanie et attaquait le Liban, la Syrie et le Yémen.
L'attaque contre l'Iran s'inscrit dans le cadre des efforts de l'impérialisme américain pour redessiner le monde selon ses intérêts en menant une guerre mondiale contre ses rivaux, notamment la Russie et la Chine. Le soutien du Canada à ce programme insensé souligne la détermination d'Ottawa à s'assurer une part du butin.
« Le programme nucléaire de l’Iran constitue une grave menace pour la sécurité internationale », a affirmé Carney dans la première phrase de sa déclaration X sur l'attaque américaine contre l'Iran, « et le Canada a toujours été clair sur le fait que l’Iran ne peut en aucun cas être autorisé à mettre au point une arme nucléaire ».
Le premier ministre canadien a ensuite proclamé que « l’intervention militaire menée hier soir par les États-Unis visait à réduire cette menace » et s'est joint au chœur impérialiste exigeant que l'Iran ne prenne aucune mesure pour se défendre, affirmant que cela constituerait une escalade.
« La stabilité de la région est une priorité », a affirmé hypocritement Carney. « La résolution de la crise en Iran devrait mener à une désescalade plus vaste des hostilités au Moyen-Orient. »
La déclaration du premier ministre a été soutenue par la ministre des Affaires étrangères Anita Anand, qui a également commencé par souligner que « le Canada a toujours été clair : l’Iran ne doit pas avoir d’armes nucléaires, car cela menace la sécurité internationale ».
La déclaration du premier ministre canadien est allée encore plus loin que celles de ses homologues européens, notamment le premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Marz, qui ont tous deux également approuvé la frappe américaine sur les sites nucléaires iraniens de Fordow, Natanz et Ispahan.
L'annonce faite lundi soir par Trump d'un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran a immédiatement été saluée par Carney, qui a appelé à un retour aux « négociations » et à une « solution diplomatique ». Et ce, alors qu'Israël et les États-Unis ont collaboré pour utiliser à plusieurs reprises la promesse de négociations de la Maison-Blanche comme un stratagème pour couvrir leur agression. De plus, c'est Trump qui, en 2018, a fait dérailler l'accord nucléaire iranien soutenu par l'ONU, puis a imposé une campagne de sanctions punitives appliquées à l'échelle mondiale, poursuivie sous Biden, visant à faire s'effondrer l'économie iranienne et à provoquer un « changement de régime ».
La position de Carney est conforme à celle adoptée par Ottawa depuis que les Forces de défense israéliennes ont lancé leur attaque illégale contre l'Iran. Une attaque qui, dès le premier jour, a visé des scientifiques iraniens et le chef de l'équipe négociant avec les Américains, ainsi que des chefs militaires. Interrogé sur la guerre la semaine dernière, le premier ministre a déclaré qu'Israël avait « le droit de se défendre ».
L'attaque américaine contre l'Iran a été précédée d'une réunion des dirigeants du G7 au Canada, où Carney a accueilli à bras ouverts l’aspirant dictateur Trump, qui a envoyé des troupes à Los Angeles pour réprimer l'opposition à son attaque contre les immigrants et a menacé à plusieurs reprises d'utiliser la « force économique » pour faire du Canada le 51e État des États-Unis. Avec l'aide de Carney, Trump a pu obtenir un accord sur une déclaration commune du G7 dénonçant l'Iran avant de se précipiter à Washington DC pour superviser les plans de l'attaque de samedi.
Le chef de l'opposition conservatrice, Pierre Poilievre, a adopté une position encore plus belliciste que le premier ministre, approuvant également la guerre contre l'Iran tout en appelant explicitement à un changement de régime et à une répression des droits démocratiques au Canada.
« Permettre au régime génocidaire iranien de se doter de l'arme nucléaire aurait été irresponsable. Les mesures prises par les États-Unis et Israël pour l'en empêcher sont tout à fait justifiées », a déclaré Poilievre dans un communiqué dimanche. « Espérons que le courageux peuple iranien se soulèvera et mettra fin à ce régime effroyable afin que les citoyens puissent vivre libres et que le monde puisse vivre en paix. Notre gouvernement doit également protéger les Canadiens contre la violence qui se répand dans nos communautés et mettre fin à l'intimidation et à l'ingérence étrangère du régime iranien qui vise les communautés juives et perses du Canada. »
Poilievre milite depuis longtemps en faveur d'une attaque préventive contre le programme nucléaire iranien, ayant déclaré l'année dernière qu'une frappe israélienne serait « un cadeau de l'État juif à l'humanité ».
Le NPD social-démocrate, réduit à un croupion au Parlement, a adopté une position plus critique. La porte-parole des Affaires étrangères et de la Défense, Heather McPherson, a fait remarquer que l'attaque était illégale au regard du droit américain et international. « Le Canada doit défendre le droit international, condamner cette escalade illégale de la violence, œuvrer en faveur du désarmement nucléaire et refuser toute invitation à s'engager dans cette voie absurde et destructrice », a déclaré McPherson.
Il s'agit là d'une position tout à fait cynique, car le NPD a soutenu le gouvernement libéral de Trudeau alors que celui-ci appuyait explicitement Israël dans sa guerre au Moyen-Orient et son génocide à Gaza. Le parti est également un fervent partisan de la guerre menée par les États-Unis et l'OTAN contre la Russie en Ukraine et a fait pression pour qu'elle se poursuive malgré les efforts de l'administration Trump pour négocier avec la Russie. Et si un vote crucial a lieu au Parlement, on peut compter sur le NPD, pour maintenir au pouvoir l'actuel gouvernement libéral minoritaire.
Après avoir remporté les élections fédérales d'avril avec une quasi-majorité au Parlement, l'ancien banquier central Carney a présenté un programme visant à augmenter considérablement les dépenses militaires en vue d'un conflit direct avec les adversaires de l'impérialisme canadien, en particulier la Russie et la Chine. Le 9 juin, il a annoncé une augmentation annuelle de 9,3 milliards de dollars des dépenses militaires, avec effet immédiat, soit près de 50 milliards de dollars d'ici l'exercice 2029-2030.
Ces dizaines de milliards supplémentaires consacrés à l'armée seront financés par de nouvelles coupes dans les programmes sociaux et des attaques contre le niveau de vie de la classe ouvrière, le gouvernement libéral promettant simultanément une « nouvelle ère » d'austérité.
Dans le double objectif de stimuler les industries de guerre canadiennes et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des États-Unis en matière d'équipement militaire, le premier ministre s'est rendu à Bruxelles cette semaine pour un sommet Canada-UE. Il a finalisé un accord de sécurité et de défense qui ouvre la porte aux entreprises canadiennes pour participer au programme ReArm Europe, d'une valeur de 1250 milliards de dollars, et vise à favoriser une coordination plus étroite entre l'armée canadienne et l'Agence européenne de défense.
L'un des principaux moteurs des liens naissants entre le Canada et les puissances impérialistes européennes est la détermination commune de leurs élites dirigeantes à poursuivre la guerre contre la Russie déclenchée par l'OTAN et la crainte que Trump ne conclue un accord avec Moscou sans les consulter et à leurs dépens.
À la suite du sommet Canada-UE, Carney, Anand et le ministre de la Défense David McGuinty ont participé à une réunion des dirigeants de l'OTAN à La Haye, où l'objectif annuel des dépenses militaires de chaque pays devrait être porté à 5 % du produit intérieur brut (PIB). Carney a promis que le Canada porterait ses dépenses militaires à 2 % du PIB d'ici cette année, une perspective qui laisse déjà entrevoir une augmentation importante des dépenses. Pour que le Canada atteigne l'objectif de 5 %, Ottawa devrait dépenser 150 milliards de dollars par an pour la défense et les infrastructures militaires.
Alors même que Carney menace d'imposer davantage de droits de douane aux États-Unis et se drape dans le nationalisme canadien, avec le drapeau à la feuille d'érable et le slogan « Elbows Up » (jouer du coude), il participe à des discussions secrètes avec Trump sur un nouveau « cadre économique et sécuritaire » entre le Canada et les États-Unis. Dans le cadre de ces négociations, Ottawa a proposé de rejoindre le bouclier antimissile Golden Dome proposé par Trump, qui, selon le président américain, coûterait 61 milliards de dollars au Canada, soit un tiers du coût total prévu.
Malgré les tensions sans précédent entre Ottawa et Washington, l'objectif de la bourgeoisie canadienne reste de s'assurer une position de partenaire junior de l'impérialisme américain. Les travailleurs canadiens doivent s'opposer au programme de guerre et d'austérité de Carney et rejeter tous les efforts visant à les diviser de leurs camarades américains et internationaux. La tâche urgente consiste à construire une direction révolutionnaire qui unira les luttes des travailleurs dans un mouvement indépendant contre la guerre, l'autoritarisme et le système capitaliste, et pour la prise du pouvoir par les travailleurs et le socialisme international.