L’assaut américano-israélien dont l’Iran a été la cible au cours de la dernière semaine a ouvert un nouveau front dans une guerre en pleine escalade qui s’étend à toute la région et au monde entier.

Jeudi, le gouvernement Trump a annoncé qu’il prendrait une décision « d’ici deux semaines » sur la possibilité d’attaquer directement l’Iran plutôt que de continuer à s’appuyer sur sa force mandataire israélienne, qui a déclenché la guerre par des frappes militaires il y a une semaine. Israël a lancé des attaques quotidiennes contre Téhéran et d’autres cibles, qui se sont poursuivies jeudi.

Dans les médias américains, on spécule ouvertement sur le fait que le délai de deux semaines de prise de décision annoncé par Trump pourrait en réalité servir de « couverture pour une frappe immédiate. » Comme l’a déclaré l’amiral à la retraite James Stavridis sur CNN, il s’agirait d’une « ruse pour endormir les Iraniens dans un faux sentiment de sécurité. » Cela correspondrait aux méthodes de gangster employées par Israël et les États-Unis la semaine dernière, lorsque Israël a profité de l’opportunité créée par de prétendues négociations États-Unis-Iran pour assassiner de hauts responsables gouvernementaux et militaires.

Plus tôt cette semaine, Trump a déclaré qu’il prendrait sa décision de lancer ou non une guerre directe contre l’Iran « une seconde avant » de le faire. Le New York Times a également noté qu’un délai de deux semaines permettrait aux États-Unis de « renforcer [leurs] propres options militaires », tandis qu’Israël poursuit ses bombardements.

L’un des effets involontaires du délai de Trump est de faire éclater davantage le récit mensonger, promu par Israël et toutes les puissances capitalistes, utilisé pour justifier un acte illégal d’agression. Israël a affirmé avoir lancé les frappes pour se défendre contre ce qu’il appelait une « menace imminente. » Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que l’Iran représentait « un danger clair et immédiat pour la survie même d’Israël » en raison de son prétendu programme d’armes nucléaires.

Le véritable objectif de la guerre – le renversement du gouvernement iranien – est rapidement apparu au grand jour. Jeudi, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré que le guide suprême iranien, Khamenei, «ne peut pas continuer à exister. »

En faisant cette déclaration, Katz reprenait celle formulée plus tôt cette semaine par John Bolton, ambassadeur du gouvernement Bush auprès de l’ONU, selon laquelle « le seul fondement durable pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient est le renversement des ayatollahs. L’objectif déclaré de l’Amérique devrait être précisément cela.»

Comme toujours, il existe un degré stupéfiant d’hypocrisie dans chaque mot prononcé par Israël et ses soutiens impérialistes. Katz a clamé que l’assassinat de l’ayatollah Khamenei était nécessaire à cause d’une frappe de missile iranienne ayant touché un bâtiment hospitalier israélien, faisant 80 blessés légers. Pendant ce temps, le gouvernement israélien tue chaque jour des dizaines de Palestiniens dans des centres d’aide humanitaire, après avoir détruit presque tous les hôpitaux de la bande de Gaza.

Cette hypocrisie s’accompagne de mensonges à une échelle colossale. La propagande utilisée pour justifier la guerre contre l’Iran s’inspire des mêmes mensonges que ceux employés pour justifier l’invasion américaine de l’Irak en 2003. À l’époque, les mensonges sur des « armes de destruction massive » ont servi à vendre une guerre d’agression illégale qui s’est conclue par le lynchage sectaire du président irakien Saddam Hussein. Cette guerre a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes et la destruction de toute une société.

Les mensonges d’aujourd’hui sont encore plus éhontés. Même les agences de renseignement américaines reconnaissent que l’Iran ne cherche pas à fabriquer d’armes nucléaires, et le pays a ouvert ses installations nucléaires civiles aux inspecteurs internationaux. Israël, en revanche, a constitué un arsenal d’armes nucléaires en violation du droit international.

Quant à être un « danger clair et immédiat », c’est Israël qui mène une campagne systématique de meurtres et d’assassinats de dirigeants iraniens et qui, depuis vingt mois, mène une campagne d’extermination dirigée contre le peuple palestinien.

Quel est le véritable but de la guerre? L'impérialisme américain, utilisant son mandataire Israël, cherche à dominer directement une région vitale et riche en ressources et ses corridors de circulation du golfe Persique et de la mer Caspienne. Pour la classe dirigeante américaine, cela est considéré comme crucial non seulement en soi, mais aussi comme préparation essentielle à un conflit planifié avec la Chine.

Dans la poursuite de cet objectif, l’impérialisme américain est prêt à commettre n’importe quel crime. Dans une publication sur X, Jacqui Heinrich, présentatrice de Fox News, a rapporté que la Maison-Blanche a nié avoir « écarté quelque option que ce soit (y compris les armes nucléaires tactiques). » Autrement dit, les États-Unis envisagent activement l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran.

L’impérialisme américain ne s’est jamais remis de la perte de l’Iran en tant qu’État client central au Moyen-Orient. Dès 1953 – lorsque la CIA a orchestré un coup d’État contre le Premier ministre élu d’Iran, Mohammad Mossadegh – et jusqu’en 1979, le Shah a régné comme gendarme de Washington dans le golfe Persique. La révolution de 1979, qui a renversé la brutale dictature du Shah soutenue par les États-Unis, a constitué un coup majeur porté à l’impérialisme américain.

Le lancement de la « guerre contre le terrorisme » par le gouvernement Bush visait à inverser tous ces revers en déchaînant une violence impérialiste sans limites. Le gouvernement Bush avait pour objectif de mener, selon les mots du général à la retraite Wesley Clark, « sept guerres en cinq ans », incluant des changements de régime en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Liban et en Iran.

En fin de compte, le gouvernement Bush n’a pu lancer que des guerres contre l’Afghanistan et l’Irak, qui sont devenues des bourbiers sanglants pour l’impérialisme américain. Le gouvernement Obama a renversé le gouvernement libyen et lancé une opération de changement de régime en Syrie qui a finalement conduit au renversement du gouvernement Assad en 2025. Sous Biden et Trump, Israël a lancé un programme de massacres et de bombardements de masse qui a anéanti la direction du Hezbollah au Liban. Mais c’est le plus grand prix convoité par l’impérialisme américain au Moyen-Orient – le renversement du gouvernement iranien – qui est désormais à l’ordre du jour.

La guerre contre l’Iran, tout comme le génocide de Gaza qui l’a précédé, ne peut être comprise que comme une composante d’une guerre mondiale de domination impérialiste et de contre-révolution. Quelles que soient les divergences au sein de la classe dirigeante américaine, toutes les factions – démocrates comme républicaines – sont unies autour de cet impératif stratégique. Les médias américains, fidèles à eux-mêmes, se sont rapidement alignés, ont répété la propagande du gouvernement Trump et ont braillé pour avoir la guerre.

Quant aux puissances impérialistes d’Europe, elles s’inquiètent une fois de plus que les États-Unis les écartent du partage des butins, tout en soutenant la violence sanglante d’Israël. « C’est le sale boulot qu’Israël fait pour nous tous », a déclaré cette semaine le chancelier allemand Friedrich Merz – autrement dit, tuer pour soumettre le Moyen-Orient au contrôle impérialiste.

Dans une déclaration publiée sur X plus tôt cette semaine, Yanis Varoufakis, ancien ministre des Finances du gouvernement Syriza en Grèce, a déclaré: « Ignorez la guerre contre l’Iran. Les Iraniens peuvent se défendre eux-mêmes. Les Palestiniens ont besoin que nous CONTINUIONS À PARLER DE GAZA ! » Cette déclaration, émanant d’un représentant en vue de la pseudo-gauche internationale (qui a contribué à imposer l’austérité de l’UE), constitue une déclaration de faillite politique.

L’une des questions centrales que les principaux organisateurs des manifestations contre le génocide à Gaza ont cherché à dissimuler est le lien entre le massacre du peuple palestinien et la guerre impérialiste plus large dont il fait partie, et qui comprend la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine et le conflit en développement avec la Chine. Avec la guerre contre l’Iran, la réalité de ce conflit mondial éclate au grand jour.

Dans le même temps, la guerre a mis à nu la faillite totale du régime bourgeois iranien. Même maintenant, sous les assauts militaires directs, le gouvernement iranien continue de lancer des appels à la négociation. Mais on ne peut pas raisonner avec l’impérialisme. Son objectif est la soumission totale de l’Iran et le pillage de ses vastes ressources.

Aux États-Unis, des millions de personnes sont descendues dans la rue le week-end dernier pour manifester contre le gouvernement fasciste de Trump, les expulsions, la répression et la dictature. Ces manifestations ont montré qu’il existe une opposition profonde et croissante à la guerre et à l’autoritarisme au cœur même de la principale puissance impérialiste. Mais cette opposition doit être armée d’un programme politique clair. Elle doit être organisée consciemment comme un mouvement de la classe ouvrière, indépendant de toutes les factions de la classe dirigeante capitaliste et opposé à elles.

Il faut fusionner la lutte contre la guerre avec la lutte contre l'inégalité, la dictature et l'exploitation. Cela nécessite la construction d'un mouvement international unifié de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 20 juin 2025)