Perspectives

Exigeant une « capitulation inconditionnelle », Trump planifie une attaque sur l’Iran

Un pompier appelle ses collègues sur les lieux d'un bombardement d’un complexe résidentiel au nord de Téhéran, en Iran, le vendredi 13 juin 2025. [AP Photo/Vahid Salemi]

L'impérialisme américain se précipite tête baissée dans la guerre contre l'Iran, prenant le commandement direct d'un conflit prédateur qu'il a longtemps préparé avec Israël, son mandataire au Moyen-Orient. Avec le soutien et les encouragements des États-Unis, Israël a lancé l'offensive contre l'Iran dans la nuit du 12 juin.

Dans une série de messages belliqueux et mafieux publiés mardi sur sa plateforme de médias sociaux Truth Social, le président Donald Trump a pratiquement déclaré publiquement qu'il avait ordonné à l'armée américaine d'entrer directement en guerre.

Sans faire de distinction entre les forces américaines et israéliennes, Trump a déclaré : « Nous avons désormais le contrôle total et absolu du ciel iranien. » Il a ensuite proféré une menace directe d'assassinat à l'encontre du guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei. « Nous savons exactement où il se cache », a menacé Trump. « Nous n'allons pas l'éliminer (le tuer !), du moins pas pour l'instant. Mais... notre patience est à bout. »

Une trentaine de minutes plus tard, Trump a exigé la « CAPITULATION INCONDITIONNELLE » de Téhéran.

La guerre américano-israélienne contre l'Iran est un acte de criminalité effronté. L'entrée directe de l'impérialisme américain dans la guerre aura des conséquences catastrophiques pour le peuple iranien – un pays historiquement opprimé – ainsi que pour l'ensemble du Moyen-Orient et le monde.

Elle constitue une escalade massive dans la guerre mondiale menée par l'impérialisme américain. Washington considère depuis longtemps que sa volonté de subjuguer l'Iran et d'exercer une domination sans entrave sur la principale région exportatrice de pétrole et les principales routes commerciales maritimes du monde est essentielle pour préparer la guerre avec la Chine.

L'impérialisme américain ne s'est jamais réconcilié avec le soulèvement populaire de 1979 qui a renversé la dictature monarchique du shah. En déclarant que l'objectif de la guerre américano-israélienne contre l'Iran est la « capitulation inconditionnelle », Trump affirme, avec son style de gangster habituel, que Wall Street et Washington ont l'intention de réimposer leur domination néocoloniale sur le peuple iranien.

Ces derniers jours, l'armée américaine a déployé des avions de combat, des navires de guerre et d'autres équipements militaires dans la région. Avec le déploiement avancé de B-52, conçus pour transporter des armes nucléaires, l'appel de Trump aux 9 millions d'habitants de Téhéran à fuir ne peut être interprété que comme une menace implicite que le peuple iranien pourrait être la cible de bombes nucléaires.

Les médias américains répètent les mensonges d'une « menace imminente » de Téhéran, utilisés pour justifier une succession de guerres criminelles menées par les États-Unis.

Assuré du soutien de Washington et des autres grandes puissances impérialistes, Israël a déjà étendu la guerre pour s’en prendre aux infrastructures énergétiques, à la chaîne de télévision nationale, aux hôpitaux et aux civils, en plus des installations nucléaires, des défenses antimissiles et des structures de commandement.

Dans le même temps, le régime sioniste intensifie sa campagne de nettoyage ethnique et d'assassinat des Palestiniens à Gaza.

Les déclarations de Trump, à commencer par ses messages de vendredi qualifiant l'attaque israélienne contre l'Iran d'« excellente » et affirmant qu'il avait participé à sa planification, ont démontré que dès le début, cette guerre était une opération conjointe des États-Unis et d'Israël.

L'affirmation de la Maison-Blanche selon laquelle une sixième série de pourparlers aurait lieu dimanche dernier à Oman entre des responsables américains et iraniens sur une résolution pacifique du conflit nucléaire était une ruse, destinée à attirer les dirigeants politiques et militaires iraniens dans un piège mortel.

Si Trump mène la charge, les dirigeants des autres puissances impérialistes soutiennent l'attaque criminelle d'Israël contre l'Iran. S'exprimant mardi en marge du sommet du G7, le chancelier allemand Friedrich Merz a exprimé sa gratitude pour l'attaque d'Israël contre l'Iran, affirmant qu'Israël faisait « le sale boulot [...] pour nous tous ».

Publiée lundi soir, la « déclaration des dirigeants du G7 sur les récents développements entre Israël et l'Iran » présente l'Iran comme l'agresseur et donne le feu vert à l'escalade de la guerre. Elle affirme qu'« Israël a le droit de se défendre », promet le soutien des puissances impérialistes « à la sécurité d'Israël » et condamne l'Iran comme « la principale source d'instabilité et de terreur dans la région ».

Quel mensonge ! C'est Israël, et non l'Iran, qui a acquis illégalement des armes nucléaires avec l'aide des impérialistes, et qui refuse toute surveillance de son programme nucléaire par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ou de se conformer aux dispositions du Traité de non-prolifération nucléaire.

Et c'est Washington qui, en 2018, a abrogé l'accord nucléaire iranien soutenu par l'ONU, Trump imposant unilatéralement des sanctions radicales et applicables à l'échelle mondiale à Téhéran dans le but de provoquer l’effondrement de l'économie iranienne et de précipiter un changement de régime. Les agences de renseignement occidentales ont reconnu à plusieurs reprises qu'il n'y avait aucune preuve que l'Iran cherchait à se doter d'armes nucléaires et que, même si c'était le cas, Téhéran était loin de pouvoir fabriquer une telle arme.

La criminalité et la violence des puissances impérialistes trouvent leur origine dans la crise désespérée qu'elles traversent.

Quelle que soit l'issue initiale de l'attaque contre l'Iran, elle s'avérera finalement désastreuse pour l'impérialisme américain et ses alliés sionistes.

Les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak par Washington se sont soldées par des débâcles. Deux décennies plus tard, le capitalisme américain est confronté à une crise de la dette qui s'aggrave, est en proie à des conflits sociaux croissants et est dirigé par un oligarque criminel qui tente d'étouffer préventivement l'opposition de masse de la classe ouvrière en instaurant une dictature présidentielle.

L'Iran est un pays complexe avec une population de plus de 90 millions d'habitants et une classe ouvrière nombreuse et militante. L'attaque impérialiste radicalisera les masses en Iran, dans tout le Moyen-Orient et dans le monde entier.

La lutte contre l'impérialisme et la troisième guerre mondiale qui se profile nécessite le développement d'un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière animé par un programme socialiste internationaliste.

L'expansion de la guerre au Moyen-Orient produira sans aucun doute d'autres surprises et chocs. Mais il ne fait aucun doute que le régime nationaliste bourgeois iranien a été ébranlé par l'attaque initiale.

Cela n'est pas principalement dû à la puissance de feu et à la supériorité technologique de l'armée israélienne, équipée par les États-Unis. Cela tient plutôt au caractère de classe du régime iranien. La bourgeoisie iranienne vit dans la peur mortelle de la classe ouvrière, d'autant plus qu'elle a systématiquement supprimé toutes les concessions sociales accordées aux travailleurs et aux opprimés iraniens au lendemain de la révolution de 1979.

Organiquement incapable de lancer un appel de classe à toutes les masses opprimées – indépendamment de leur ethnicité ou de leur religion – du Moyen-Orient, y compris à la classe ouvrière israélienne, pour une lutte commune contre l'impérialisme, le régime iranien a cherché à manœuvrer face à la pression incessante des États-Unis, cherchant à plusieurs reprises un rapprochement avec Washington. Dans l'illusion qu'il pourrait conclure un accord avec Trump sans désarmement unilatéral – le même Trump qui a sabordé l'accord nucléaire initial et a menacé à plusieurs reprises d'anéantir l'Iran –, il est tombé dans le piège tendu par Washington et Tel-Aviv.

La classe dirigeante américaine apporte un immense soutien à cette guerre d'agression. Le Parti démocrate a déclaré son soutien à l'attaque illégale d'Israël contre l'Iran et au rôle de Trump dans cette affaire.

Dans une interview accordée dimanche à NBC, le sénateur démocrate Adam Schiff a approuvé l'attaque contre l'Iran, déclarant : « Je soutiens donc ces actions. Et je soutiens les actions de l'administration visant à aider Israël à se défendre. » Il a ajouté que si l'Iran devait riposter contre les bases américaines, « l'Iran s'exposerait à des attaques potentielles contre Fordow [raffinerie d'enrichissement d'uranium] ou ailleurs ».

La pseudo-gauche internationale reste silencieuse sur l'attaque contre l'Iran. Lors des rassemblements organisés ce week-end contre l'attaque de Trump sur les droits démocratiques, la députée Rashida Tlaib n'a même pas mentionné le bombardement de l'Iran. Yanis Varoufakis, l'ancien ministre grec des Finances qui a contribué à imposer l'austérité de l'UE à la Grèce, a écrit lundi dans un article publié sur X : « Ignorez la guerre avec l'Iran. Les Iraniens peuvent se défendre eux-mêmes. »

La seule réponse progressiste à la barbarie impérialiste est la mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière. La même crise capitaliste systémique qui pousse l'impérialisme vers la guerre mondiale contraint la classe ouvrière à mener des luttes sociales de masse. Au cours du week-end, des millions de personnes ont participé à des manifestations contre l'attaque de Trump sur les droits démocratiques et les programmes sociaux.

La lutte pour défendre les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière doit être unifiée avec la lutte contre la guerre impérialiste. Le développement d'un tel mouvement exige toutefois qu’elle soit armée d’un programme socialiste et d’une direction révolutionnaire. Le World Socialist Web Site, le Comité international de la Quatrième Internationale et ses partis affiliés, les Partis de l’égalité socialiste, se consacrent à mener cette lutte.

(Article paru en anglais le 18 juin 2025)

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