La saisie par la marine israélienne du bateau de la Flotille de la Liberté Madleen, voguant vers Gaza, est un acte de piraterie pour défendre le génocide à Gaza.
Tôt lundi, des drones quadricoptères et des bâtiments israéliens ont encerclé le Madleen, battant pavillon britannique, et l'ont arraisonné illégalement dans les eaux internationales. Parmi les personnes enlevées et emmenées en Israël figuraient l’écologiste suédoise Greta Thunberg et la députée de France insoumise (LFI) Rima Hassan.
Selon la Coalition de la Flotille de la Liberté, en contact avec le Madleen depuis la Sicile, le bateau a été «intercepté de force par l'armée israélienne à 3h02 CET dans les eaux internationales [...] Le navire a été arraisonné illégalement, son équipage civil non armé enlevé et sa cargaison vitale, notamment du lait maternisé, de la nourriture et des fournitures médicales, confisquée.»
La saisie du Madleen est la dernière attaque en date contre des navires défiant le blocus illégal de Gaza par Israël. En 2010, des forces israéliennes avaient bombardé le navire turc Mavi Marmara, tuant 10 personnes. En mai, le Conscience de la Flotille de la Liberté a été bombardé par des drones israéliens dans les eaux internationales au large de Malte, forçant son équipage à abandonner le navire.
L'assaut contre le Madleen révèle non seulement la barbarie du régime sioniste, mais aussi la collusion permanente des puissances impérialistes avec le génocide à Gaza. Le mois dernier, Paris, Londres et Ottawa ont publié une condamnation creuse du nettoyage ethnique de Gaza qui utilise la famine comme arme de guerre. Mais en dehors de cette rhétorique, leur soutien pour le génocide n’a pas changé.
Le gouvernement travailliste de Sir Keir Starmer au Royaume-Uni continue de fournir des pièces pour les avions F-35 d'Israël qui bombardent toujours Gaza.
La Coalition de la Flotille de la Liberté avait demandé à Starmer de protéger le navire. Son communiqué publié samedi déclarait: « En tant que navire battant pavillon britannique, il relève de la juridiction et de la responsabilité du gouvernement britannique, qui a l'obligation légale de défendre “Madleen” et les civils à bord, et d'empêcher toute ingérence illégale – y compris toute menace ou utilisation de la force – par des puissances étrangères telles qu'Israël.»
La coalition a appelé Londres à avertir Israël que toute action contre le Madleen est «inacceptable et illégale » et a exhorté Londres à «se conformer à ses obligations légales» de «prévenir le génocide», notamment en rejetant «la légitimité du blocus d'Israël et en soutenant activement les efforts visant à fournir une aide humanitaire et à faire respecter le droit international».
Des diplomates français avaient assuré anonymement que la France aiderait le navire, la plupart des personnes à bord étant des Français, déclarant au site d'information blast-info : «La France suit avec attention la situation du voilier, du fait de la présence à bord de six ressortissants français [...] En cas de besoin, nous nous tenons prêts à porter assistance à nos ressortissants.»
Dimanche, le ministre israélien à la Défense Israel Katz avait menacé le Madleen : « J'ai ordonné à Tsahal [Forces de défense israéliennes] d'agir pour empêcher la flottille de la haine “Madeleine” [sic] d'atteindre les côtes de Gaza et de prendre toutes les mesures nécessaires à cette fin [...] À l'antisémite Greta et à ses collègues porte-parole de la propagande du Hamas, je dis clairement : vous devriez faire demi-tour parce que vous n'atteindrez pas Gaza. Israël agira contre toute tentative de briser le blocus ou d'aider les organisations terroristes – par mer, par air et par terre.»
Paris n'a rien fait pour protéger le Madleen contre la riposte militaire illégale du régime sioniste. Londres a envoyé un avion-espion de la base de la Royal Air Force d'Akrotiri, à Chypre, qui a surveillé la zone pendant que les forces israéliennes arraisonnaient illégalement le Madleen.
Il y avait 12 personnes à bord du Madleen, dont des citoyens de la Suède, du Brésil, de l'Allemagne, des Pays-Bas, du Brésil ainsi que de la France. Lundi, trois membres de l'équipage du Madleen, dont Thunberg, ont accepté d'être expulsés d'Israël et ont été expulsés vers leur pays d'origine. Huit d'entre eux, dont Hassan, ont refusé de signer les documents d'expulsion et sont toujours détenus en Israël, dans l'attente d'un ordre d'expulsion délivré par un juge israélien.
Tous ont refusé les demandes de Katz de regarder du matériel de propagande sur le soulèvement du 7 octobre 2023 contre le blocus illégal de Gaza, qu'Israël cite toujours comme justification du génocide.
Des manifestations ont éclaté à travers l’Europe après la saisie par Israël du Madleen. À Genève et à Lausanne, les manifestants ont occupé les gares et bloqué les voies ferrées. Il y a eu des manifestations en Grande-Bretagne et en Espagne. Le gouvernement espagnol – bien qu'il ait expédié des millions d'euros d'armes à Israël pendant le génocide – a convoqué le chargé d'affaires israélien au ministère espagnol des Affaires étrangères et lui a cyniquement remis une lettre officielle de protestation.
En France, où les dockers de Marseille ont refusé de charger une cargaison d'armes à destination d'Israël peu de temps avant qu'Israël ne s'empare du Madleen, LFI a organisé des manifestations dans plusieurs dizaines de villes, appelant à la libération de l'équipage du Madleen et appelant Macron à agir.
Ce dernier acte de barbarie confirme que les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas arrêter le génocide de Gaza en lançant des appels moraux aux gouvernements impérialistes européens. En réalité, tous ces gouvernements sont complices d’Israël. Il faut construire un mouvement international dans la classe ouvrière, à la base, pour arrêter l'envoi d'armes au génocide, visant aussi à mobiliser les travailleurs de toutes les ethnies du Moyen-Orient – Juifs, Arabes, Iraniens, Turcs et Kurdes – contre le génocide.
Des reporters du WSWS sont intervenus dans les manifestations à Paris. Jordan, un travailleur venu de Marseille, a déclaré au WSWS: « Il y a énormément d'injustices dans cette occupation illégale du territoire palestinien, et le silence de notre gouvernement nous révolte. Et savoir que la flotte qui amenait de l'aide humanitaire à naviguer seule a été interceptée dans les eaux internationales illégalement par l'armée israélienne nous révolte d'autant plus. [...] Et l’action des dockers au port de Fos était entièrement légitime.»
Cyrine a dit au WSWS que l’attaque contre le Madleen et l’assaut visant Gaza «n'est pas une vengeance par rapport à ce qui s'est passé le 7 octobre. C'est juste une excuse pour appliquer leur plan initial qui est l'extermination du peuple palestinien. [...] Depuis très longtemps, chaque fois, le président Emmanuel Macron sort avec un communiqué.» Cependant, a-t-elle ajouté, «L'année dernière, il a invité Netanyahou. Ça démontre juste de quel côté se retrouve la France, malheureusement.»
Carla, une jeune d'Amérique latine, a déclaré au WSWS: «Je suis ici parce que je suis fâchée. Je suis une jeune qui doit voir son avenir, mais on ne peut pas voir un avenir si on voit un génocide qui se passe vraiment. Là maintenant, il y a des gens qui n'ont pas accès à l'eau ou à la nourriture, ils sont tués. Et pourquoi ? Pour l'avantage des entreprises, pour les avantages des gens au pouvoir. [...] Je veux juste lutter pour un vrai futur, un futur que je veux vraiment.»
Carla a souligné sa solidarité avec l'action des dockers à Marseille et dans d'autres ports du monde pour arrêter le génocide. «Les travailleurs, comme vous l'avez dit, des usines d’armes, les dockers de Marseille, Belgique, partout, s’ils sont unifiés, ils peuvent tout bloquer.» Elle a ajouté qu’il faut «arrêter de dire que le capitalisme c’est la seule chose. L’action collective était toujours là. Et c’est pour cela qu’on a évolué.»