Environ 2.000 personnes, surtout des jeunes, ont assisté le 24 mai à la réunion parisienne de Révolution permanente (RP), section française de l’autoproclamée Fraction Trotskyste de la IVe Internationale (FT-CI) dirigée par le Parti des travailleurs socialiste (PTS) d'Argentine. La participation reflétait l'indignation croissante contre le génocide de Gaza, la guerre et l'extrême droite. Néanmoins, la conférence a justifié les avertissements du Comité international de la IVe Internationale (CIQI): c'était une impasse politique.
Ce qui manque aux jeunes et aux travailleurs, ce n'est pas l'indignation, mais une perspective révolutionnaire pour arrêter la plongée du capitalisme dans la catastrophe. Malgré les invocations d'internationalisme et de socialisme, aucune perspective n'a émergé lors de cette conférence. Sur la lutte politique nécessaire pour briser l'influence du libéralisme, du stalinisme et des appareils syndicaux et ouvrir la voie à la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière – c'est-à-dire, sur ce qui est au cœur de la construction d'un parti trotskyste – peu a été dit.
Ce silence a ses racines dans l'histoire de l’opposition historique de la FT-CI à la défense du trotskysme par le CIQI. Il provient de la rupture de Nahuel Moreno d’avec le CIQI et d’avec le trotskysme en 1963, qui visait à construire des partis «centristes de gauche» en alliance avec le mouvement bourgeois du général Juan Peron en Argentine et avec les révisionnistes pablistes pro-staliniens en Europe. La conférence a fait le silence sur les liens du PTS avec le péronisme et sur la participation de RP au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pabliste pro-guerre en France.
Les intervenants du FT-CI ont minimisé leurs liens avec l'establishment politique, empêchant de clarifier la question de comment arrêter le fascisme, le génocide et la guerre. La désillusion de masse face aux politiques réactionnaires du Parti démocrate américain, des péronistes et des forces staliniennes ou pablistes en Europe a alimenté l'ascension électorale de Trump, du président argentin Javier Milei et de Marine Le Pen en France. Restant silencieux sur qui a ouvert la voie à l'extrême droite, la FT-CI n'a pu donner aucune perspective pour lutter contre sa montée.
Julia Wallace de Left Voice (États-Unis) sur Trump et le Parti démocrate
La première intervenante a été Julia Wallace, membre de la section Left Voice (LV) de la FT-CI aux États-Unis. Dirigeante du syndicat SEIU et du mouvement Black Lives Matter, elle a attaqué à la fois Trump et les fractions du Parti démocrate qui ont flirté avec des références au socialisme tout en s'efforçant de lier les jeunes et les travailleurs au Parti démocrate. Wallace a dit:
[Trump] est un capitaliste milliardaire qui a hérité sa richesse d'une famille ayant investi dans les nazis. Trump est misogyne, un propriétaire bigot, arrivé au pouvoir en surfant sur l'anti-science, la peur... Des démocrates comme Alexandria Ocasio-Cortez [AOC] et Sanders cooptent la résistance. Ils ont organisé les manifestations sur la Lutte contre l’Oligarchie. Des dizaines de milliers de personnes y ont assisté. Ils ont même critiqué les démocrates pour ne pas avoir suffisamment combattu Trump. Mais AOC et Sanders ont tous deux voté pour financer le génocide en Palestine.
Elle a appelé à «un parti ouvrier luttant pour le socialisme». L'alternative, a-t-elle dit, ce sont les usines autogérées en Argentine approuvées par le PTS: «J'ai vu la puissance du trotskysme révolutionnaire en Argentine en visitant les usines contrôlées par les travailleurs il y a 15 ans.»
De telles invocations vagues du socialisme ne clarifient cependant pas qui réalisera le socialisme, ni comment. Toute l'histoire de la lutte des classes montre que cela ne peut se faire en élisant des politiciens qui s’autoproclament socialistes au pouvoir dans l'État capitaliste. La classe ouvrière doit conquérir le pouvoir sur la base de ses propres organisations politiques et sociales, comme l'ont fait la Commune de Paris en 1871 ou les Soviets lors de la révolution d'octobre 1917 en Russie.
Le trotskysme défend cette tradition marxiste-internationaliste contre les forces bourgeoises, mais aussi contre les descendants des bureaucraties staliniennes prônant le «socialisme dans un seul pays» qui, en 1991, ont dissous l'URSS et restauré le capitalisme. Le fait que Wallace fasse l’éloge d’usines autogérées en Argentine comme un exemple de «trotskysme révolutionnaire» brouille cette question clé.
Les usines autogérées en Argentine existent dans la société capitaliste. Elles sont soumises aux prix et aux droits de douanes dicté par le marché capitaliste, ainsi qu’à l’État policier de Milei. De telles usines déplaisent aux fascistes, car les travailleurs peuvent en conclure que les capitalistes ne sont pas nécessaires au fonctionnement des usines. Mais les présenter comme un exemple de socialisme ou de «trotskysme révolutionnaire», c'est falsifier le socialisme et le trotskysme.
Tout en condamnant les politiciens démocrates, Wallace a fait à plusieurs reprises des clins d'œil à la politique du Parti démocrate. Saluant le rôle supérieur joué selon elle par les travailleurs de sa propre race, elle a dit:
Les Noirs sont les moteurs de la classe ouvrière aux États-Unis. De la lutte multiraciale pour les droits démocratiques, aux mouvement des droits civiques, à la tradition révolutionnaire noire anti-impérialiste contestataire, nous faisons partie des secteurs les plus combatifs du prolétariat.
Les vraies questions commencent là où s'arrête Wallace. La libération des travailleurs noirs émergera-t-elle de la libération socialiste de tous les travailleurs, ou à l'intérieur des institutions de l'État capitaliste américain qui divisent la population selon des critères raciaux, en distribuant des postes et des privilèges aux individus sur la base de l’appartenance raciale? Wallace ne le dit pas. Mais c'est pour promouvoir ce dernier type de politique identitaire bourgeoise que la Fondation Ford a accordé une subvention de 100 millions de dollars pour financer Black Lives Matter.
Le mélange d'invocations par Wallace de l'internationalisme socialiste et du nationalisme noir fait obstacle à une réelle conscience socialiste. Au lieu d'armer les travailleurs et les jeunes pour une lutte socialiste irréconciliable contre les conceptions nationalistes qui prédominent maintenant, elle promeut la fausse vision que ces conceptions seraient compatibles avec le socialisme.
Sasha Yampolskaya sur la guerre OTAN-Russie en Ukraine
Sasha Yampolskaya, militante transsexuelle russe et membre de RP est revenue sur son arrivée en France en 2018 et sur la guerre OTAN-Russie en Ukraine. Elle a expliqué pourquoi elle a perdu ses illusions à l'égard de la Russie: «D'abord, les meurtres des personnes LGBT. Mais ensuite et surtout, le service militaire obligatoire. C'était avant le début de la guerre en Ukraine. Mais déjà la militarisation était déjà là, partout.»
Yampolskaya a critiqué l'hypocrisie indubitable de la propagande de guerre de l'OTAN, alors que les puissances impérialistes européennes prétendent se battre en Ukraine pour défendre la liberté et la démocratie, tout en approuvant le génocide israélien à Gaza:
Nos industriels d'armes ont besoin de ressources et c'est l'Ukraine qui peut les fournir. Arracher les travailleurs russes au chauvinisme de leur gouvernement est tout aussi urgent que comprendre que l'autodétermination de l'Ukraine ne passera pas par le soutien imposé en aide de l'OTAN. Parce qu'au-delà de la question des ressources, ce sont les impérialismes occidentaux qui ont poussé le gouvernement ukrainien à baisser plusieurs fois l'âge de conscription militaire pour continuer la guerre.
Les remarques de Yampolskaya soulignent toutefois la base limitée de son opposition à l'OTAN et au président russe Vladimir Poutine. L'opposition à l'homophobie et à la militarisation de la société capitaliste, en Russie et à l’international, est, bien sûr, légitime et nécessaire. Mais elle ne constitue pas à elle seule une base suffisante pour une lutte trotskyste contre la guerre en Ukraine.
Une telle lutte part d’une opposition révolutionnaire irréconciliable à tous les pays impérialistes, ainsi qu'aux kleptocraties capitalistes créées par la dissolution stalinienne de l'URSS. Ni le régime de Poutine en Russie, ni les régimes pro-OTAN en Ukraine ou dans d'autres républiques ex-soviétiques n'ont de rôle progressiste à jouer. Ils sont organiquement réactionnaires, enracinés dans l'usurpation du pouvoir de la classe ouvrière par les bureaucraties staliniennes en URSS.
Les puissances impérialistes jouant sur les conflits entre les ex-républiques soviétiques comme la Russie et l'Ukraine pour piller l’Eurasie, la seule stratégie viable est de faire revenir le pouvoir à la classe ouvrière dans une lutte révolutionnaire internationale à travers l'ex-URSS et l'Europe.
Malgré les critiques de Yampolskaya à l'égard de l'OTAN, le RP ne peut pas être qualifié de parti anti-impérialiste. De 2009 à 2022, il a travaillé au sein du NPA, qui soutenait les milices islamistes soutenues par l'OTAN en Syrie et les forces d'extrême droite qui, en 2014, ont mené un putsch pro-OTAN en Ukraine, préparant la guerre actuelle. RP a quitté le NPA en 2022, mais il reste profondément ancré dans ses liens avec les bureaucraties et les partis pro-guerre en France.
Elsa Marcel sur le génocide de Gaza
Elsa Marcel a abordé l'indignation ressentie par les travailleurs et les jeunes à l’international face au génocide de Gaza. Marcel est avocate et défend le porte-parole du RP, Anasse Kazib, contre les accusations réactionnaires et fausses portées par la police française selon lesquelles Kazib serait complice du terrorisme en raison de ses déclarations défendant Gaza.
Gaza, a-t-elle remarqué, «est probablement le premier génocide au cours duquel les victimes diffusent en direct leur propre massacre. … De notre côté, nous sommes de ceux qui n'oublieront jamais que [les gouvernements européens] sont complices de ce massacre et que l'Histoire les jugera..» Marcel a ajouté qu’une «riposte collective massive est indispensable pour la Palestine, mais aussi plus largement pour éviter la catastrophe.»
Ce que Marcel n'a pas abordé, c'est comment construire une «réponse collective massive» et quelle forme elle prendrait. Depuis deux ans, des manifestations de masse internationales se déroulent et des appels à une grève internationale circulent parmi les travailleurs des ports et de la logistique pour arrêter l'expédition d'armes américaines et européennes vers Israël.
Si un mouvement de masse capable d'arrêter le génocide n'a pas émergé, ce n'est pas par manque d'indignation, mais par la faillite des partis bourgeois, staliniens et pablistes. Dans les centres impérialistes, ils ont appelé à faire pression sur leurs propres gouvernements impérialistes et les bureaucraties syndicales pour qu'ils agissent. Or, comme on pouvait s'y attendre, les États impérialistes ont soutenu le génocide et les bureaucraties syndicales ont bloqué les grèves.
La politique de la FT-CI en France a illustré son incapacité à monter une opposition de principe au génocide. RP a appelé à un «vote critique» pour le Nouveau Front populaire (NPF) formé en 2024 par Jean-Luc Mélenchon, qui comprenait des partis explicitement pro-sionistes comme le PS bourgeois. La base du NPF, a dit Mélenchon, était de «jeter dans la rivière» ses différends avec le PS et d’autres partis pro-sionistes du NFP. Appeler à un «vote critique» pour une telle alliance, c'est abandonner l'opposition de principe au génocide.
Pour arrêter le génocide de Gaza, il faut construire une mobilisation internationale des travailleurs de la base, indépendamment des bureaucraties syndicales. Au Moyen-Orient, cela ouvre la voie au renversement révolutionnaire du système d’Etats-nation pourri et réactionnaire, dont la faillite est illustrée par le génocide sioniste, et à la construction des États-unis socialistes du Moyen-Orient. La base d'une telle lutte est l'opposition trotskyste irréconciliable au stalinisme et au nationalisme bourgeois que rejettent la FT-CI et RP.
Myriam Bregman du PTS : l'alliance moréniste avec le péronisme
Ensuite, l'avocate Myriam Bregman du PTS argentin a discuté du régime répressif de Milei. Bregman, seule parmi les orateurs, a tenté d'aborder la question de savoir comment il est possible pour la bourgeoisie de mettre en avant des gouvernements d'extrême-droite.
Avouant que les péronistes démobilisent et démoralisent les ouvriers, elle a dit:
[Le péronisme] refuse d'affronter l'extrême droite dans le seul endroit où on peut la vaincre. C'est aussi très grave, et nous devons en tirer des leçons, car le péronisme n'est pas seulement le principal parti d'opposition bourgeois. Il dirige aussi la CGT [d’Argentine], qui n'a rien fait, absolument rien pendant tout ce temps pour que les travailleurs puissent se défendre contre le gouvernement de Javier Milei.
Sur le papier, Bregman a rejeté l'unité avec les péronistes contre Milei et l'extrême droite:
Pourquoi pas nous unir tous pour battre l'extrême droite ? … En Argentine, on l’a fait, tout le monde s'est uni contre le gouvernement de droite de Macri. Les syndicalistes, les dirigeantes féministes, les gouverneurs de la droite péroniste, et ceux qui se disaient la gauche péroniste, ils se sont unis aux progressistes, et, savez-vous ce qui s'est passé ? Ils sont entrés au gouvernement, ils ont poursuivi des politiques qui ont aigri le peuple car ils ont appliqué les politiques d'ajustement structurel et d'austérité du Fonds monétaire international, et Milei a gagné.
Mais cela soulève une question: quel a été le rôle du PTS dans ce naufrage politique? Il a servi de critique loyal des péronistes, marchant à leurs côtés dans les mobilisations, se présentant comme la fraction «radicale» du mouvement dirigé par les péronistes. Leurs quelques phrases sur une grève générale, que ni la CGT ni le PTS n’ont cherché à préparer, ne perturbèrent pas leurs liens avec les péronistes. En fin de compte, les critiques de Bregman à l'égard du péronisme mettent à nu le PTS lui-même.
Anasse Kazib et les conceptions politiques de l’appareil syndical français
Le dernier intervenant était le porte-parole du RP, Anasse Kazib, un responsable de la fédération syndicale pabliste SUD-Rail. Il a dit: «Je suis cheminot sur le triage du Bourget. Chaque jour, nous faisons passer des trains qui transportent des marchandises produites par les prolétaires aux quatre coins du monde. Eux et nous faisons tourner le monde et c'est ensemble que nous devons lutter.» Il appela à s’opposer au nationalisme, invoquant l’opposition du célèbre marxiste allemand Karl Liebknecht à la guerre impérialiste.
Kazib a salué les responsables de la CGT dans la salle. Il a déclaré que la différence entre les bureaucrates syndicaux de rang inférieur et supérieur est que les premiers défendent les intérêts des travailleurs, tandis que les seconds défendent les intérêts français, de concert avec l'État et le Medef. Saluant les responsables de la CGT rassemblés, Kazib s'est écrié:
C'est ça la bureaucratie syndicale! C'est des militantes et des militants de combat, de valeur sur le terrain, qui charbonnent au quotidien pour obtenir des améliorations de leurs conditions de travail et de salaire. Mais des organisations syndicales, c'est aussi des gens au sommet qui utilisent cette position, qui utilisent les heures et les heures que [les bureaucrates subalternes] charbonnent sur le terrain, utilisent ce rapport de force-là pour essayer derrière de se positionner en protecteur des intérêts de la France.
Qu’est-ce que cela veut dire, si l'on essaie de traduire dans la langue du marxisme le langage de l'adoration de la bureaucratie de Kazib?
La bureaucratie recrute des couches d'ouvriers se faisant des illusions sur les syndicats et les subordonne aux politiques impérialistes élaborées lors des réunions des dirigeants de l'État, du Medef et des appareils syndicaux. Les échelons inférieurs de la bureaucratie sont, bien sûr, toujours insatisfaits de la trahison des grèves par les échelons supérieurs, qui les discréditent auprès des autres travailleurs. Kazib et d'autres syndicalistes au sein du RP font, en effet, partie des bureaucrates insatisfaits les plus en vue en France.
Mais cette insatisfaction n'a aucun contenu progressiste: elle ne fait qu'encourager les vieilles illusions selon lesquelles quelques bureaucrates individuels au sein de la bureaucratie pourront modifier sa politique. Ces illusions sont invariablement déçues.
En clair, RP tend un piège aux travailleurs. Reconnaissant en paroles la faillite des directions syndicales, il refuse d'appeler à l'organisation indépendante de la base. Reconnaissant en mots l'internationalisme et la mondialisation de la production économique, il propose que la lutte des classes soit contrôlée par les bureaucraties nationales. Il rejette l'Alliance ouvrière internationale des comités de la base, appelant bien plutôt des responsables syndicaux français à construire un «Réseau pour une grève générale».
Kazib a conclu en appelant à faire passer RP de 500 à 1 000 membres: «Si demain, nous disions ... que Révolution permanente a doublé de taille et compte encore plus de jeunes et de travailleurs dans ces rangs prêts à lutter pour changer le destin de l'humanité, je pense qu'on commencerait vraiment à faire flipper la bourgeoisie.»
Comment la bourgeoisie française voit-elle RP ? Si elle craint indubitablement la colère sociale explosive des masses, elle ne va pas «flipper» à la simple vue de RP.
Elle a des décennies d'expérience dans l'utilisation des renégats petit-bourgeois du trotskysme comme outils de sa politique. Elle a utilisé non seulement le NPA pro-guerre, mais aussi l'Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert, qui a rompu avec le CIQI en 1971 pour s'orienter vers le PS bourgeois. Parmi les anciens membres de l'OCI figurent l’ex-Premier ministre PS Lionel Jospin et Mélenchon, qui dirige le NFP.
Le rôle de RP dans les principales luttes politiques en France depuis qu'il a quitté le NPA indique qu'en dernière analyse, il se prépare à un rôle similaire.
Pendant la lutte sur les retraites de 2023, alors que des millions de personnes faisaient grève et que des émeutes éclataient contre le 49-3 de Macron, RP a dit que la situation n'était «pas révolutionnaire». Les deux tiers des Français se disaient favorable une grève générale pour faire chuter Macron et sa réforme. Mais RP a dit qu'encourager les travailleurs «à faire des expériences avec la démocratie représentative bourgeoise» était «la seule perspective démocratique viable».
Rejetant l'appel du PES à faire chuter Macron, il a affirmé que la démocratie n'émergerait pas de la lutte de la classe ouvrière pour le socialisme, mais le ferait sous un régime bourgeois qui gouverne contre le peuple. RP a aussi appelé les directions syndicales à présenter un «plan de bataille» contre Macron. Il s'est ainsi adapté aux bureaucraties syndicales qui ont mis fin aux grèves contre la réforme une fois qu’elle était promulguée.
Aux élections législatives de 2024, RP a appelé à un «vote critique» pour les candidats du NFP, alors même que le NFP soutenait les candidats de Macron. Macron a piétiné les résultats des élections, refusant au NFP le droit de former un gouvernement et nommant à la place son propre gouvernement de droite. RP n'avait pas servi d'opposition révolutionnaire à Mélenchon, au PS et à leur défense de Macron, mais de satellite politique du NFP, défendant son flanc gauche.
Les déclarations d'internationalisme et d'opposition au génocide et au fascisme à la conférence de RP à Paris ne constituent pas une répudiation trotskyste de ce bilan. Éludant les questions-clé, elles donnent un coup de jeune politique aux sections de la FT-CI, tout en les laissant poursuivre leur voie bureaucratique. Ce ne sont pas là des partis trotskystes révolutionnaires, mais des obstacles à la lutte menée par le CIQI pour construire de tels partis dans la classe ouvrière.