Pour vous impliquer dans le Comité de base des travailleurs des postes, qui lutte pour que les travailleurs prennent la direction de leur lutte et s'affranchissent de l'appareil pro-patronal du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), remplissez le formulaire à la fin de cet article ou envoyez un courriel à : canadapostworkersrfc@gmail.com.
Chers camarades,
Notre lutte est en grand danger ! Si nous ne résistons pas activement au sabotage mené par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et ne nous battons pas pour mobiliser toute la puissance de la classe ouvrière pour défendre les services publics et lutter contre l'amazonification du travail, Postes Canada et le gouvernement libéral dirigé par Carney imposeront, par tous les moyens, de nouvelles conventions collectives qui ouvriront la voie à de vastes suppressions d'emplois, à une augmentation spectaculaire de la charge de travail et au démantèlement de la poste.
Postes Canada exige un vote imposé par le gouvernement sur sa « dernière offre contractuelle ». Cette offre revient à nous passer la corde au cou. Elle imposerait un « acheminement dynamique » à l'échelle nationale, ce qui intensifierait la charge de travail grâce à l'intelligence artificielle qui ajusterait nos itinéraires quotidiennement, et introduirait deux nouvelles catégories de travailleurs à temps partiel « flexibles » pour assurer la livraison le week-end et réduire les emplois à temps plein et les heures supplémentaires.
Face à cette attaque frontale, le STTP a brandi le drapeau blanc de la capitulation.
En décembre dernier, les bureaucrates du STTP ont fait appliquer l'utilisation manifestement illégale de l'article 107 du Code du travail par le gouvernement libéral qui interdisait notre grève. Ils nous ont ordonné de retourner au travail après 32 jours de piquet de grève, sans que les travailleurs aient leur mot à dire. Nous avons été isolés et maintenus dans l'ignorance, sans aucune réunion de masse pour débattre de ce qu’il fallait faire, précisément parce que la présidente du STTP, Jan Simpson, et le reste du comité exécutif national savaient qu'il y avait un soutien massif de la base pour défier l'ordre antigrève du gouvernement libéral détesté de Trudeau et pour appeler au soutien de la classe ouvrière dans son ensemble.
Aujourd'hui, une fois de plus dans notre dos et sans consulter les membres, le STTP veut renoncer à notre droit de grève. La bureaucratie syndicale veut nous empêcher de nous opposer à l'attaque menée par Postes Canada et les entreprises canadiennes contre nos emplois et nos conditions de travail.
Le STTP demande au gouvernement libéral d'imposer un arbitrage exécutoire. Cela signifierait que les conventions collectives des 55 000 postiers urbains et ruraux seraient dictées par un arbitre « tiers ». C'est-à-dire par un spécialiste pro-patronal des « relations de travail », déterminé à rendre la poste « rentable » selon la logique du capitalisme. En d'autres termes, à nos dépens et en démantelant ce qui reste de la poste en tant que service public.
Nous serions pieds et poings liés juridiquement par les reculs contractuels imposés par l'arbitre, sans même avoir le droit de voter, d'approuver ou de rejeter nos conditions d'emploi.
Les postiers ont une longue expérience de l'arbitrage exécutoire imposé par le gouvernement. Plus récemment, ce mécanisme a été utilisé pour nous extorquer ou nous imposer par décrets des concessions radicales après que le gouvernement conservateur de Harper en 2011, puis le gouvernement libéral de Trudeau en 2018, aient déclaré nos grèves illégales.
À l'heure actuelle, personne ne devrait se faire d'illusions. Le premier projet de décision de l'arbitre a déjà été rédigé par William Kaplan, médiateur de longue date du gouvernement fédéral, sous la forme du rapport de la Commission d'enquête sur les relations de travail (CERT). Mandatée par le gouvernement lorsqu'il a déclaré notre grève illégale en décembre dernier, la CERT a fait exactement ce que le gouvernement et les entreprises canadiennes attendaient d'elle. La CERT a demandé la fin de la distribution du courrier à domicile, la fermeture d'un plus grand nombre de bureaux de poste ruraux, le recours accru à des commerces franchisés privés et la fin des « heures non travaillées », qui garantit aux facteurs à temps plein une journée de salaire complète même lorsqu'ils terminent leur tournée plus tôt.
Compte tenu de tout cela, peut-on s'étonner que le gouvernement libéral, désormais dirigé par Mark Carney, banquier central et partisan de l'austérité, ait accueilli favorablement la demande d'arbitrage exécutoire du STTP ?
À la demande de la ministre de l'Emploi, Patty Hajdu, les négociations contractuelles ont repris jeudi. Conformément à ses instructions, Postes Canada et le STTP ont échangé des propositions sur les modalités et les délais à respecter si et quand un arbitrage exécutoire sera imposé.
Hajdu et le gouvernement libéral jouent la carte de la discrétion, affirmant qu'ils préfèrent toujours un « règlement négocié ». Mais personne ne devrait avoir de doute. Les dés sont pipés.
À moins que les travailleurs n'interviennent, le gouvernement, invoquant le soutien du STTP et du NPD à l'arbitrage exécutoire, utilisera bientôt ce mécanisme pour nous priver de notre droit de grève et nous imposer des reculs brutaux. Peut-être dès la semaine prochaine.
Les travailleurs doivent faire le bilan : à chaque étape, le STTP a isolé et saboté notre lutte. Après avoir étouffé notre grève nationale, ils ont salué la CERT comme un grand forum démocratique où nos voix seraient entendues. Puis, ils sont allés encore plus loin en s'asseyant à la table avec Steve MacKinnon, le ministre du Travail qui a interdit notre grève, pour planifier les mesures de guerre commerciale du Canada en représailles à Trump.
Nous avons fait preuve d'une grande combativité tout au long de notre lutte, mais la direction du STTP a réussi jusqu'à présent à affaiblir notre position à chaque fois. C'est pourquoi il est grand temps que nous prenions en main la conduite de notre lutte contractuelle en créant un réseau de comités de base dans chaque dépôt et centre de tri sous la direction du CBTP.
Grâce à nos comités de base, nous pouvons élaborer une autre stratégie, fondée sur la mobilisation la plus large possible de la classe ouvrière derrière nous dans une lutte sociale et politique. Les questions au cœur de notre lutte sont d'une importance vitale pour tous les travailleurs. Elles comprennent le droit de grève, la défense des services publics et l'utilisation de l'IA pour garantir des emplois bien rémunérés et sûrs pour tous, et non l’exploitation accrue des travailleurs. Gagner cette lutte ne consiste pas seulement à vaincre la direction de Postes Canada, mais aussi les grandes entreprises dans leur ensemble et le gouvernement libéral qui agit en leur nom.
Nous devons expliquer à tous les travailleurs que la classe dirigeante veut nous infliger une défaite décisive afin de montrer l'exemple pour l'offensive qu'elle prépare à tous les niveaux en imposant des politiques d'austérité capitaliste et de guerre. Pour financer des dizaines de milliards de dollars supplémentaires par an en dépenses militaires, ils veulent démanteler les services publics et réduire les salaires et les avantages sociaux des travailleurs. Nous devons lutter pour opposer à cette logique capitaliste un programme socialiste pour l'emploi, les services publics et les droits des travailleurs pour tous.
Il n'y a pas de temps à perdre ! Si vous êtes d'accord avec ce programme, nous vous invitons à contacter dès aujourd'hui le CBTP et à commencer à construire une nouvelle direction de la base à votre lieu de travail et au-delà.