Les travailleurs de Michelin dans le sud du Sri Lanka font appel au soutien des salariés Michelin à l’international

Camarades

Nous, salariés de l’usine de pneus Michelin de Midigama, dans le sud du Sri Lanka, faisons appel à votre solidarité et à votre soutien dans notre lutte pour défendre nos emplois et nos conditions de travail. Environ 1 500 travailleurs travaillent dans notre usine, mais la situation est incertaine.

Nous venons très récemment d’apprendre que notre usine avait été vendue à l'entreprise indienne CEAT. Cet accord entre Michelin et CEAT a été conclu à notre insu. L'usine Michelin de Midigama devrait être cédée à CEAT très bientôt.

L'avenir de nos emplois, salaires, indemnités et conditions de travail au sein de l'entreprise CEAT est très incertain. Nous sommes membres du Syndicat interentreprises des salariés (ICEU), mais celui-ci ne nous a pas consultés et a conclu un protocole d'accord avec les deux société à notre insu.

La direction syndicale ne nous a pas informés de ce protocole d'accord. En fait, nous n'en avons eu connaissance que lors de la rencontre de notre délégation avec le commissaire au Travail à Colombo, le 26 mai.

L'ICEU affirme que nos emplois, salaires et conditions de travail seront maintenus par la CEAT, mais nous ne croyons pas aux déclarations des dirigeants syndicaux qui ont conclu cet accord secret avec les sociétés. Le syndicat ne nous a pas communiqué le contenu du protocole d'accord ni ne nous en a fourni une copie. L'indemnisation promise de 200 000 roupies (580 euros) est insuffisante.

L'ICEU n'est pas disposé à agir pour défendre nos droits. C'est pourquoi nous avons lancé une lutte indépendante pour les défendre. Dans le cadre de ce combat, nous avons manifesté devant l'usine le 24 mai.

Nous vous avons transmis les revendications suivantes et vous demandons de nous apporter votre soutien :

1. Tous les droits dont bénéficient les travailleurs de Michelin doivent être maintenus par la CEAT.

2. Si l’usine est cédée à CEAT, chaque travailleur devra recevoir 3 millions de roupies (8 875 euros).

3. Dans le cas contraire, nous disons que les travailleurs doivent avoir la possibilité de mettre fin à leur service chez Michelin selon les conditions de départ volontaire de l'entreprise.

Nous avons présenté ces revendications à l'ICEU, mais il les a rejetées avec véhémence et veut que nous acceptions leur programme de nous vendre pour une somme dérisoire de 200.000 roupies (585 euros).

Le site web de Michelin indique que l'entreprise procédera à des changements structurels. Il précise également que le bénéfice de l'année dernière s'est élevé à 3,4 milliards d'euros. Notre demande ne représente que 0,39 pour cent du bénéfice réalisé par l'entreprise l'année dernière. Nous savons que vous comprenez le caractère raisonnable de notre demande.

Pani Wijesiriwardane, membre du SEP , s'entretient avec des travailleurs de Michelin au sujet du licenciement de trois employés le 2 juin 2025 [Photo: WSWS]

Pour tenter de réprimer notre campagne indépendante, la direction de Michelin au Sri Lanka a sommairement licencié trois de nos camarades travailleurs – Sampath Karunasena , Chirangivi Senevirathne et Priyanga Dimuthu Kumara – sans aucune enquête.

Nous avons donc ajouté une autre revendication :

4. La réintégration immédiate les trois ouvriers de Michelin licenciés.

Nous avons décidé de prendre le chemin de la lutte des classes pour obtenir toutes ces revendications et nous vous appelons à apporter votre soutien en tant que frères et sœurs travailleurs de Michelin.

Nous n'avons aucune confiance dans le syndicat, qui nous a trahis ouvertement, et nous avons donc formé un Comité d'action indépendant pour mener la lutte nous-mêmes. Nous vous encourageons vivement à former des comités similaires dans vos usines, indépendamment des bureaucraties syndicales, afin de faire progresser la lutte pour vos droits.

Comme nous l'avons appris, Michelin a depuis 2017 fermé plusieurs usines en Europe et licencié des milliers de travailleurs. Nous sommes tous aujourd'hui confrontés à des attaques similaires contre nos emplois et nos droits fondamentaux dans le cadre de la restructuration de la société visant à accroître ses profits. C'est pourquoi il est nécessaire de mener une lutte commune pour contrer ces attaques.

Nous déclarons notre soutien total à toutes les luttes menées par les autres travailleurs de Michelin en Europe et à l’international, et espérons poursuivre notre lutte de manière collaborative et solidaire.

Merci à tous

Les salariés de Michelin, Midigama

(Article paru en anglais le 3 juin 2025)

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