Le Parti de l'égalité socialiste (SEP-Sri Lanka) appelle les travailleurs du Sri Lanka et du monde entier à exiger la réintégration immédiate et inconditionnelle de trois ouvriers licenciés de l'usine de pneus Michelin à Midigama, dans le sud du Sri Lanka.
Ces travailleurs ont été licenciés dans le cadre des tentatives de la direction de réprimer une campagne des salariés de Michelin Midigama qui se battent depuis le 23 mai pour défendre leurs emplois et salaires contre les attaques liées à la restructuration de ce trust international basé en France.
L'usine, qui emploie plus de 1 500 travailleurs, a été vendue à la société indienne CEAT, la transaction devant être finalisée ce mois-ci.
Les trois travailleurs victimes sont Sampath Karunasena, Chirangivi Senevirathne et Priyanga Dimuthu Kumara. Ils ont été suspendus il y a trois jours par l'entreprise qui leur a annoncé qu'ils seraient poursuivis et qu'une enquête serait ouverte. L'entreprise les a toutefois licenciés sans préavis, sans aucune enquête.
Il s'agit d'une violation flagrante du droit du travail en vigueur au Sri Lanka et d'une atteinte à leurs droits démocratiques fondamentaux. Ces trois travailleurs ont également été convoqués par la police de Weligama, suite aux allégations de la direction selon lesquelles ils seraient entrés dans l'usine sans autorisation.
Le trust a également traité d’« illégal » le mouvement social légitime des travailleurs de Michelin Midigama, en grève depuis vendredi après-midi pour défendre les travailleurs victimisés et tous leurs emplois, .
Dans un message du 1er juin, la direction a accusé les travailleurs de «nuire à la réputation institutionnelle de la société en diffusant de fausses informations dans les médias » ; elle a mis en garde contre toute intrusion dans l'établissement. Elle a également imputé aux travailleurs de «lourdes pertes financières» dues selon elle à leur «manque de coopération […] pour poursuivre la production».
Dans le but de saboter la grève des travailleurs, la direction a fermé ses opérations à l' usine de Midigama du début de l’équipe de nuit du 1er juin à l’équipe de nuit du 3 juin.
Les salariés de Michelin ont commencé à faire campagne pour leurs emplois, salaires et conditions de travail le 23 mai, après avoir appris que l'usine avait été vendue à la société indienne CEAT.
Quand les travailleurs ont envoyé des représentants au bureau du Commissaire du Travail à Colombo le 26 mai, on les a informés que le Syndicat interentreprises des employés (ICEU) avait signé un protocole d'accord avec Michelin et la CEAT. Le Commissaire du Travail a déclaré que chaque travailleur recevrait une indemnité de 200 000 roupies (569 euros) une fois la transaction finalisée.
Michelin et l'ICEU, affilié au parti au pouvoir Janatha Vimukthi Peramuna (JVP), n'ont rien dit aux travailleurs de la transaction entre les sociétés ni du contenu de leur protocole d'accord. Cet accord secret a été conclu à l'insu des membres de l'ICEU et en violation flagrante de leurs droits légitimes. L'ICEU est dirigée par Wasantha Samarasinghe, également ministre du Commerce du gouvernement JVP/Pouvoir national populaire.
Les travailleurs de Michelin ont rejeté l'accord de l'ICEU et ont avancé les revendications suivantes: 1. Une indemnité de trois millions de roupies (8 875 euros –10 000 dollars) pour chaque travailleur de Michelin licencié; 2. Pas d’interruption de la continuité de leur ancienneté et d'autres conditions lorsque la transaction Michelin-CEAT aura lieu; 3. Si ces conditions ne peuvent être remplies, les travailleurs de Michelin doivent être autorisés à prendre une retraite volontaire conformément au système d’indemnisation de la société Michelin.
Quand ces revendications légitimes ont été rejetées par la direction de l'ICEU, déclarant qu'elle avait déjà conclu un accord avec Michelin et CEAT, les travailleurs ont décidé de poursuivre leur grève.
Le gouvernement JVP/NPP s'efforce activement de briser la grève en cours. Outre qu’il se sert de l'ICEU, qui est affilié au JVP, Mahinda Jayasinghe, le vice-ministre du Travail du Sri Lanka, a tenté d'apaiser les travailleurs. Le 29 mai, il a déclaré aux médias que rien ne leur arriverait une fois la transaction Michelin-CEAT finalisée. La politique du gouvernement, a-t-il déclaré avec cynisme, est de « défendre les investisseurs autant que les salariés ».
Le gouvernement JVP/NPP suit la situation de près et avec inquiétude. Il ne se soucie guère des emplois et des droits légitimes des salariés de Michelin, mais s'efforce désespérément de conserver et d'attirer les investisseurs internationaux en leur accordant des concessions très généreuses.
Le régime JVP/NPP est surtout vivement préoccupé par la position militante et indépendante des salariés de Michelin et par leur défiance envers l'ICEU et les autres bureaucraties syndicales. Il craint que l'action des salariés de Michelin n'encourage d'autres travailleurs à chercher un moyen de lutter contre les mesures d'austérité du gouvernement dictées par le Fonds monétaire international (FMI) et contre de nouvelles attaques visant la classe ouvrière.
La vente par le groupe Michelin de son usine de Midigama fait partie de la restructuration mondiale qu’il opère et qui vise à accroître ses bénéfices dans le contexte d’une crise mondiale en train de s'aggraver. Le géant transnational a invoqué des « coûts d'exploitation élevés » et « l'intensification de la concurrence des fabricants asiatiques à bas coûts » comme facteurs motivant sa restructuration.
Début mai, il a progressivement abandonné la production de pneus pour camions dans ses usines de Pologne et de Chine, déclarant cela nécessaire pour mieux aligner la capacité de fabrication sur des «marchés ciblés».
Le groupe Michelin a également annoncé une vague de fermetures d'usines, invoquant des «réalignements du marché», des «surcapacités» et une «flambée des coûts de production». En novembre dernier, il a révélé son intention de fermer deux de ses usines dans l'ouest de la France – Cholet et Vannes – impactant environ 1 250 salariés.
Les travailleurs de Michelin au Sri Lanka affrontent aujourd’hui les mêmes problèmes, notamment celui de la sécurité de l’emploi, auquel sont confrontés des millions de leurs frères et sœurs de classe au plan international.
Les syndicats pro-gouvernementaux et pro-patronat comme l'ICEU, tout comme les syndicats dominants du secteur de l'habillement, occultent délibérément la dure réalité à laquelle sont confrontés les travailleurs de ces industries. Cela vise à saper la capacité des travailleurs à défendre leurs emplois, leurs salaires et les avantages durement acquis lors de luttes passées.
Le SEP prévient que les emplois et conditions de travail de millions de travailleurs des secteurs public et privé du Sri Lanka ne sont pas plus sûrs que ceux des salariés de Michelin. Le gouvernement a déjà clairement indiqué qu'il prévoyait de supprimer plus d'un demi-million d'emplois dans le secteur public par la restructuration de plus de 400 institutions publiques.
Les travailleurs de Midigama ont formé leur comité d'action pour faire avancer la lutte et défendre leurs droits. Les travailleurs de Michelin doivent se tourner vers les travailleurs des secteurs public et privé de tout le Sri Lanka pour rallier leur soutien et les inciter à former des comités d'action similaires pour une lutte unifiée en faveur de l'emploi et des droits fondamentaux.
Le SEP appelle les travailleurs Michelin et d’autres secteurs à entreprendre la lutte pour construire l’Alliance internationale ouvrière des comités de base, afin d’unifier leurs luttes à l’échelle internationale contre les attaques du gouvernement et de la grande entreprise.
Les salariés sri-lankais de Michelin ont publié une déclaration appelant leurs collègues internationaux à les soutenir. La défense des travailleurs persécutés de Midigama fait partie d’une lutte plus large pour défendre les emplois, les salaires, les conditions de travail et les droits démocratiques de toute la classe ouvrière à l’échelle internationale.
Le SEP exhorte les travailleurs, les étudiants et les jeunes à envoyer des lettres à la société Michelin et à publier des déclarations contenant les revendications suivantes:
Réintégration immédiate des trois employés licenciés de Michelin ! Retrait des plaintes déposées contre tous les employés !
L’obtention d’assurances écrites pour tous les travailleurs de Midigama que leurs emplois, salaires et conditions de travail sont protégés et que leur service ne sera pas rompu!
Veuillez envoyer vos lettres et déclarations à l'adresse suivante avec des copies au SEP (Parti de l'égalité socialiste).
Michelin Lanka Private Limited,
No. 218, Minuwangoda Road, Regent Courts, Ekala, Ja-Ela, Sri Lanka.
Adresse email du SEP: wswscmb@sltnet.lk
(Article paru en anglais le 3 juin 2026)