Les Nations Unies avertissent que Gaza est «l’endroit le plus affamé de la planète» alors qu’Israël ordonne de nouvelles expulsions de masse

La famine continue de sévir en masse à Gaza ; les Nations Unies ont averti vendredi que l’enclave assiégée est « l’endroit le plus affamé de la planète ».

Jens Laerke, porte-parole du bureau humanitaire de l’ONU, a déclaré aux journalistes lors d’un briefing que « cent pour cent de la population est menacée de famine ».

Gaza était déjà confronté à la faim généralisée lorsque Israël a imposé un blocus total sur la nourriture, l’eau et l’électricité le 2 mars. Au cours de la semaine dernière, Israël a permis à un filet de nourriture d’entrer dans la zone, principalement distribué via les centres de distribution de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël. Le projet vise à concentrer la population dans le sud de Gaza en préparation de leur déplacement forcé vers d’autres pays.

Les soi-disant “zones humanitaires” se sont transformées en champs de bataille alors que les troupes israéliennes ont à plusieurs reprises attaqué les demandeurs d’aide cette semaine.

Vendredi, les troupes israéliennes ont ouvert le feu sur des demandeurs d’aide dans un centre de distribution de la GHF, blessant 20 personnes.

Sur la période allant du mardi au jeudi, un total de 10 personnes ont été tuées alors qu’elles tentaient d’accéder à de la nourriture dans les centres de distribution de la GHF après que les troupes israéliennes eurent à plusieurs reprises ouvert le feu sur les demandeurs d’aide. Hani Mahmoud d’Al Jazeera rapporte: « Les gens nous disent que les sites gérés et exploités par la GHF sont à quelques mètres seulement de l’endroit où l’armée israélienne est stationnée. Ils peuvent voir les chars, ils peuvent voir les véhicules blindés.»...

Mahmoud a ajouté que des familles signalent que leurs membres envoyés chercher de la nourriture dans les centres «humanitaires» ont disparu. «Des disparitions forcées ont également été signalées. De nombreuses familles ont signalé que leurs enfants, ou d'autres membres de leur famille, qui s'étaient rendus sur les sites [...] ont disparu alors qu'ils essayaient d'obtenir de la nourriture», a-t-il déclaré.
Pour recevoir des colis alimentaires, les demandeurs d’aide dans les installations « humanitaires » sont placés dans des enclos métalliques ressemblant à des cages et contraints de se soumettre à des scans biométriques.

Laerke, le porte-parole humanitaire de l’ONU, a ajouté que le blocus continu de l’aide humanitaire par Israël à Gaza a fait des efforts de l’ONU pour nourrir la population « l’une des opérations d’aide les plus entravées, non seulement dans le monde aujourd’hui, mais aussi dans l’histoire récente ».

Il a condamné la quantité insuffisante de nourriture entrant à Gaza: « C’est une alimentation au compte-gouttes dans une zone au bord d’une famine catastrophique. »

L’ONU a réaffirmé vendredi sa condamnation de la soi-disant Fondation humanitaire pour Gaza. Le Bureau du Comité des droits des Palestiniens de l’Assemblée générale de l’ONU a déclaré dans un communiqué: « La GHF échoue au test des principes humanitaires. » L’organisation a souligné que l’ONU et ses partenaires sont pleinement équipés pour fournir une assistance vitale, mais que l’obstruction politique – et non la capacité – est le principal obstacle à la résolution de la crise humanitaire à Gaza.

Dans une interview accordée à Al Jazeera, Michael Fakhri, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, a déclaré qu’il est « certain qu’il y a une famine » à Gaza.

Il a accusé Israël d’utiliser la nourriture « comme appât pour rassembler les gens » afin de les pousser vers des zones de rétention dans le sud de Gaza. « Il s’agit d’humilier les gens et de contrôler la population. Cela n’a rien à voir avec arrêter la famine, » a-t-il déclaré.

Au moins 30 personnes ont été tuées vendredi lors d’attaques israéliennes dans toute la bande de Gaza, y compris à Deir el-Balah, Jabalia et Khan Younis.

Israël a annoncé vendredi de nouveaux ordres de déplacement forcé dans une grande partie du nord de Gaza, portant le nombre de personnes déplacées au cours des deux dernières semaines à près de 200 000.

Mercredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que la GHF fait partie d’un plan visant à créer « une zone stérile dans le sud de Gaza, où toute la population peut aller pour sa propre protection ».

Dans un tweet publié mercredi, Avigdor Lieberman, l'ancien ministre israélien des finances, a clairement indiqué que le GHF était financé par les forces de renseignement et l'armée israéliennes. «L'argent destiné à l'aide humanitaire provient du Mossad et du ministère de la Défense. Des centaines de millions de dollars aux dépens des citoyens israéliens», a-t-il déclaré.

Dimanche dernier, l’armée israélienne avait annoncé un plan pour occuper les trois quarts de la bande de Gaza. L’ensemble de la population palestinienne restante, estimée à environ 2 millions de personnes, serait forcée de se regrouper dans une zone de seulement 35 miles carrés [soit 9 kilomètres carrés).

Ce plan est la mise en œuvre pratique de « l’opération Chars de Gédéon », que Netanyahou a décrite comme les « manœuvres finales» de l’offensive à Gaza.

La semaine dernière, le Premier ministre israélien a publiquement déclaré pour la première fois que le déplacement de la population palestinienne de Gaza est un objectif officiel de l’effort de guerre d’Israël.

Israël, a déclaré Netanyahou lors d’une conférence de presse, « est prêt à mettre fin à la guerre, sous la condition claire que... nous mettons en œuvre le plan Trump. Un plan qui est tellement correct et tellement révolutionnaire.»

Plus tôt ce mois-ci, NBC News a rapporté que les États-Unis sont en négociations avec la Syrie et la Libye, dont ils ont contribué à renverser les gouvernements lors d’insurrections islamistes, pour qu’ils acceptent la population palestinienne déplacée de Gaza.

Le 6 mai, le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich a précisé le plan du gouvernement: « Dans un an... Gaza sera entièrement détruite, les civils seront envoyés... dans le sud vers une zone humanitaire... et de là, ils commenceront à partir en grand nombre vers des pays tiers. »

À ce jour, au moins 53 900 Palestiniens à Gaza ont été tués par des attaques israéliennes depuis le 7 octobre 2023, et des centaines de milliers blessés.

(Article paru en anglais le 31 mai 2025)

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