Les travailleurs sri-lankais doivent défendre les travailleurs du vêtement licenciés chez Next

Le Comité d'action des travailleurs du vêtement (GWAC) et le Parti de l'égalité socialiste (SEP) du Sri Lanka appellent les salariés du textile sri-lankais et les autres travailleurs des secteurs privé et public à travers le pays à prendre la défense des employés du vêtement licenciés chez Next. La direction de l'usine Next Manufacturing, située dans la zone franche de Katunayake (KFTZ), a soudainement fermé ses portes le 20 mai, détruisant près de 1 500 emplois.

Des travailleurs de la zone franche de Katunayake s'adressant aux reporters du WSWS le 21 mai 2025 [Photo: WSWS]

Next Manufacturing possède deux autres usines, situées à Andigama et Nawagaththegama, au nord de Katunayake, et employant plus de 1 000 personnes. Ces usines appartiennent à Next UK, l'un des principaux détaillants de mode britanniques.

La direction de Next Manufacturing a affirmé que des «coûts d'exploitation élevés» étaient à l'origine de la fermeture de l'usine. Les employés des deux autres usines de Next doivent interpréter cela comme un avertissement : leurs emplois sont menacés.

En annonçant la suppression d'emplois, l'entreprise a affirmé qu'elle verserait une « indemnisation appropriée » et d'autres avantages, conformément à la loi TEWA sri-lankaise sur la cessation d'emploi des travailleurs (dispositions spéciales). Il s'agit là d'un stratagème.

Next Manufacturing a violé de manière flagrante la loi TEWA. Cette loi exige que l'entreprise obtienne l'approbation préalable du Commissaire du Travail, qu'elle informe officiellement le Conseil des Investissements, qui supervise les entreprises enregistrées sous son régime, et qu'elle informe les syndicats concernés.

Confrontés à la privation soudaine et brutale de leurs moyens de subsistance, certains travailleurs de Next se présentent chaque jour à l'entrée de la KFTZ dans l'espoir d'être embauchés par des agents d'entreprises de sous-traitance, qui paient de bas salaires journaliers.

La fermeture de Next est une partie de la catastrophe en train de se développer dans l'industrie du vêtement, dans un contexte de crise croissante du capitalisme mondial. Les pays producteurs de vêtements se livrent à une concurrence acharnée pour réduire leurs coûts, les géants de la distribution américains et européens exigeant sans relâche une production à bas coût.

Ce processus de compétition effrénée s'est intensifié avec l'imposition par le président américain Trump de droits de douane draconiens sur les pays exportateurs, dont le Sri Lanka, qui devra payer 44 pour cent de taxes douanières. Malgré une pause de 90 jours depuis avril, l'incertitude demeure.

Début avril, l'usine Vogue Tex, située à Weligama et Hikkaduwa, dans la province du Sud, a réduit de moitié la prime de Nouvel An versée à 2 000 travailleurs, invoquant l'impact de la hausse des tarifs douaniers américains. La direction de Vogue affirme désormais manquer de commandes à l'exportation ; d'autres usines de confection sont dans une situation similaire. Fermetures, licenciements, baisses de salaires et nouvelle intensification de la charge de travail sont à prévoir pour les centaines de milliers d'employés de ce secteur.

Les employés furieux de Next, qui s'adressent aux membres du GWAC et du SEP près de leur usine désormais fermée, ont condamné la fermeture de l'usine et veulent récupérer leur emploi, ou sinon, une compensation équitable.

Le gouvernement du Janatha Vimukthi Peramuna/National People's Power (JVP/NPP) dirigé par le président Dissanayake a pris le parti de l'entreprise. Après avoir rencontré les dirigeants de Next Manufacturing le 22 mai, le vice- ministre du Travail, Mahinda Jayasinghe, s'est adressé aux médias, réitérant les raisons de la fermeture de l'usine : « L'usine a enregistré des pertes de plus de 10 millions de roupies [103 000 euros] au cours des six dernières années, depuis 2019. »

Cependant, les reportages des médias montrent que la société mère de Next au Royaume-Uni a augmenté son bénéfice annuel de 10,1 pour cent, récoltant «un bénéfice avant impôts de 1,011 milliard de livres [1,31 milliard de dollars américains ou 1,21 milliard d’euros]» au cours de l'année allant jusqu'au 25 janvier 2025, bénéfices extraits des travailleurs sri-lankais et d'autres employés de cette société géante.

Prenant les allures d’un avocat de Next Manufacturing, Jayasinghe a dissimulé la violation de la loi TEWA par la société, tout en affirmant avoir présenté un plan d'indemnisation pour les travailleurs licenciés. Next Manufacturing, qui venait de supprimer 1 500 emplois, a-t-il déclaré avec cynisme, contribuerait à créer des emplois dans d'autres secteurs !

En septembre dernier, le président Dissanayake avait déclaré lors d'une réunion du Forum des entreprises : « Pour la première fois, vos intérêts sont les nôtres. Nos intérêts sont les vôtres. » Jayasinghe, qui est également secrétaire du syndicat des services enseignants dirigé par le JVP, ne faisait que répéter la ligne pro-grande entreprise de Dissanayake.

Anton Marcus, dirigeant du Syndicat des employés des zones franches et des services généraux (FTZGSEU), s'est également rallié au gouvernement et à l'entreprise. De nombreux travailleurs de Next sont membres de ce syndicat.

Le 23 mai, Marcus s'est entretenu avec le vice-ministre Jayasinghe, l'invitant à organiser une réunion entre la direction de Next, les représentants syndicaux et le vice-ministre. Il a ensuite déclaré aux médias que sa préoccupation n'était pas l'indemnisation, mais le rétablissement des emplois.

Les affirmations du dirigeant du FTZGSEU sont pure hypocrisie. L'autre jour, il a suggéré à un groupe d'employés de Next que le syndicat saisisse les tribunaux. Un travailleur licencié a déclaré aux membres du SEP et du GWAC que lui et ses collègues refusaient de recourir aux tribunaux, soulignant à juste titre que cela ne les aiderait pas à retrouver leur emploi.

Marcus veut embourber les travailleurs dans des procès interminables qui, au final, trancheraient en faveur de l'entreprise et obligeraient les travailleurs à accepter ses décisions. Parallèlement, les responsables syndicaux comme Marcus n'hésiteront pas à brader les emplois des travailleurs pour de maigres indemnités – paiements que les dirigeants d'entreprise ignoreront volontiers lorsqu'ils quitteront leurs usines et retourneront dans leur pays d'origine.

Cette destruction d’emplois dans le secteur privé survient alors que le gouvernement JVP/NPP a intensifié ses mesures d’austérité brutales, demandées par le Fonds monétaire international, augmenté le prix des produits de première nécessité et qu’il se prépare à «restructurer» les entreprises du secteur public, détruisant au moins un demi-million d’emplois dans le processus.

Que faut-il faire ?

Le comité d’action des travailleurs du vêtement (GWAC) exhorte la classe ouvrière à venir en aide sans délai à ses collègues de Next. Leur lutte pour défendre leurs emplois et leurs droits fondamentaux est intimement liée à votre combat. Attaquer une partie des travailleurs est une attaque contre tous ! Tel devrait être le mot d'ordre de l'unité parmi les travailleurs. Nous devons nous unir et nous préparer à riposter.

● Non aux suppressions emplois, au sabrage des salaires et des conditions de travail !

  • Il faut s’opposer à toutes les fermetures, préparez-vous à des grèves, y compris des occupations d’usines.

  • Rejetez les maigres indemnités décidées par les employeurs et les bureaucrates syndicaux. Exigez une indemnisation à salaire plein jusqu'à la création de nouveaux emplois.

  • Des congés de maladie entièrement indemnisés. Des logements et équipements de santé décents.

Les travailleurs ne peuvent pas s'attendre à ce que le FTZGSEU ou d'autres dirigeants syndicaux se battent pour leurs droits. Le Syndicat interentreprises des employés, dirigé par le JVP, garde le silence sur ces destructions d'emplois et soutient les entreprises. De nombreux dirigeants syndicaux du JVP sont ministres, vice-ministres ou députés.

La lutte pour ces revendications nécessite le développement d'organisations qui défendent les intérêts des travailleurs. Nous appelons les travailleurs de Next à former leurs propres comités d'action démocratiquement élus pour mener cette campagne.

Les travailleurs de l'habillement du Sri Lanka, ainsi que leurs frères et sœurs de classe des secteurs privé et public, doivent former des comités d'action indépendants dans chaque usine et lieu de travail. Les bureaucraties syndicales, devenues des agents des entreprises et du gouvernement, ne doivent pas être admises dans ces comités.

Nous encourageons vivement les travailleurs à décider et à organiser démocratiquement des actions collectives, telles que manifestations et grèves, pour défendre les employés de Next licenciés. La lutte contre les trusts et les investisseurs, notamment les géants de la distribution, et le FMI, est une bataille internationale qui doit être menée à travers le développement de l'Alliance ouvrière internationale des comités de la base.

Le Socialist Equality Party (Parti de l’égalité socialiste) souligne que la classe ouvrière ne peut défendre ses droits sociaux et démocratiques que dans une lutte politique consciente contre le système capitaliste et les élites dirigeantes nationales. Cette lutte est indissociable de la lutte pour un gouvernement ouvrier et paysan chargé de mettre en œuvre une politique socialiste dans le cadre de la lutte pour le socialisme international.

(Article paru en anglais le 28 mai 2025)

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