Perspectives

Non à l’assaut fasciste du gouvernement Trump sur les étudiants internationaux et la liberté d’enseignement à Harvard !

Des étudiants applaudissent à côté d'un drapeau palestinien, alors que les 13 étudiants qui ont été empêchés d'obtenir leur diplôme en raison de leurs activités de protestation sont reconnus dans l’intervention d’un étudiant, lors de la cérémonie de remise des diplômes à Harvard Yard, à l'Université de Harvard, à Cambridge, Massachusetts, le jeudi 23 mai 2024. [AP Photo/Ben Curtis]

La décision de l'administration Trump de priver l'Université de Harvard de sa capacité à inscrire des étudiants internationaux est une attaque fasciste contre les droits démocratiques et une tentative de placer l'ensemble du système universitaire sous le contrôle politique direct d'un régime de gangsters à Washington. Cette attaque doit être combattue par la mobilisation la plus large possible de la classe ouvrière pour défendre les étudiants étrangers, la liberté d’enseignement et le droit à la liberté d'expression.

L'action de la Maison-Blanche, annoncée jeudi, aurait un impact immédiat sur un quart des étudiants de Harvard, soit environ 6800 personnes originaires de plus de 100 pays. Ces étudiants, ainsi que quelque 300 personnes à leur charge, seraient contraints d'être transférés, de quitter le pays ou d'être expulsés. Au niveau national, entre 1,1 million et 1,36 million d'étudiants étrangers sont actuellement inscrits dans des établissements d'enseignement supérieur américains.

Vendredi, un juge fédéral a émis une ordonnance restrictive temporaire bloquant l'action de la Maison-Blanche dans l'attente d'une audience le 29 mai sur l'octroi d'une injonction préliminaire. Mais ce combat ne peut être laissé aux tribunaux, que l'administration Trump a de toute façon défié à plusieurs reprises. La classe ouvrière doit agir pour s'opposer à cet assaut et défendre les étudiants internationaux et le droit à la liberté d'expression.

L'action de la Maison-Blanche consiste à mettre fin à la certification du Programme des étudiants et visiteurs d'échange (SEVP) de Harvard, interdisant à l'université de parrainer des visas F et J pour les étudiants internationaux et les programmes d’échange au cours de l'année universitaire 2025-26. Il n'existe aucun précédent de révocation en bloc de la certification SEVP d'une université, qui a elle-même été établie dans le cadre des actions anti-démocratiques qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001.

La Maison-Blanche a justifié cette mesure en affirmant que Harvard avait permis à des « agitateurs anti-américains et pro-terroristes » de menacer et d'agresser des étudiants juifs, créant ainsi un environnement « dangereux » sur le campus. Ce mensonge calomnieux à l'encontre des manifestations contre le génocide de Gaza est le fait d'un gouvernement truffé de fascistes qui supervise et soutient le nettoyage ethnique systématique et l'extermination du peuple palestinien par la famine de masse.

L'attaque contre Harvard est une manifestation de la volonté de l'administration Trump d'établir une dictature politique et de ses préparatifs de guerre. Le décret accuse explicitement Harvard de collaborer avec le Parti communiste chinois : une accusation fabriquée de toutes pièces visant à qualifier tous les étudiants et universitaires chinois d'espions et à conditionner la population américaine à une guerre contre la Chine.

Les mesures prises à l'encontre de Harvard s'inscrivent dans le cadre d'un effort visant à transformer les universités d'institutions d'enseignement en centres de surveillance et en forces coercitives de l'État.

Comme l'indique la demande d'ordonnance restrictive temporaire déposée par Harvard, la tentative de révoquer sa capacité à parrainer des étudiants étrangers est « une mesure de représailles évidente » pour le rejet par l'université, le mois dernier, des « demandes du gouvernement visant à contrôler la gouvernance de Harvard, son programme d'études et l'“idéologie” de son corps enseignant et de ses étudiants ».

Dans une lettre envoyée jeudi, la secrétaire à la sécurité intérieure, Kristi Noem, a ordonné à Harvard de lui remettre cinq années de dossiers de surveillance et de dossiers disciplinaires et politiques concernant des étudiants étrangers. Noem a demandé à l'université de fournir « tous les dossiers, officiels ou non » relatifs à des « activités illégales », des « activités dangereuses ou violentes », des « menaces à l'encontre d'autres étudiants ou du personnel de l'université » ou la « privation des droits d'autres camarades de classe ». Elle a également exigé tous les dossiers disciplinaires des étudiants étrangers et « toutes les séquences audio ou vidéo [...] de toute activité de protestation impliquant un étudiant non immigrant ».

L'attaque contre Harvard n'est qu'un début. Les mêmes méthodes seront appliquées à toutes les autres universités et, au-delà, aux écoles, aux lieux de travail et aux institutions publiques de tout le pays. Jeudi, Noem a laissé entendre que la Maison-Blanche considérait « absolument » d'autres institutions et a déclaré que l'action contre Harvard « devrait servir d'avertissement à toutes les autres universités ».

Le même jour, le ministère américain de la santé et des services sociaux a déclaré que l'université de Columbia – qui a capitulé devant de nombreuses exigences de l'administration – avait violé la loi fédérale sur les droits civils en « agissant avec une indifférence délibérée » face à des allégations de « harcèlement d'étudiants juifs par d'autres étudiants ».

La classe ouvrière doit agir. L'attaque contre les étudiants internationaux de Harvard s'inscrit dans une volonté plus large de l'administration Trump d'instaurer un État policier et d'abolir les droits démocratiques les plus élémentaires. C'est l'un des fronts d'une campagne plus large d’expulsions de masse en vertu de la Loi sur les ennemis étrangers (Alien Enemies Act), de la révocation de centaines de visas d'étudiants internationaux pour s'être opposés au génocide à Gaza, et de l’enlèvement d'immigrés et leur expulsion dans des camps de prisonniers secrets à l'étranger.

Face à cet assaut, la réponse de la bureaucratie syndicale – y compris l'United Auto Workers (UAW) et l'AFL-CIO – est la lâcheté et la complicité.

Un grand nombre des étudiants internationaux actuellement menacés d'expulsion sont membres du Harvard Graduate Students Union-UAW (HGSU-UAW). Pourtant, l'appareil de l'UAW n'a rien fait pour les défendre, et ni l'UAW ni son président, Shawn Fain, n'ont publié de déclaration en réponse à l'attaque contre les étudiants internationaux.

Fain a personnellement apporté son soutien au nationalisme économique de Trump, en adoptant le programme de l’« Amérique d’abord » et en approuvant les mesures de guerre commerciale qui sont inséparables de l'attaque plus large contre les droits démocratiques.

Quant au Parti démocrate, il est complice de l'attaque contre les droits démocratiques. Il a ouvert la voie à l'attaque contre Harvard en adoptant le mensonge selon lequel l'opposition au génocide est de l'« antisémitisme » et en étant le fer de lance de la persécution des étudiants protestataires sous la direction de Joe Biden. C'est un parti de Wall Street et de l'appareil de renseignement militaire. Ce qui terrifie les démocrates, ce n'est pas l'autoritarisme de Trump, mais la croissance de l'opposition à cet autoritarisme par le bas, et surtout par la classe ouvrière.

On ne peut pas non plus faire confiance à l'administration de Harvard, qui a cherché à plusieurs reprises à s'accommoder de Trump, en insistant sur le fait qu'elle se conformait aux exigences de l'administration, et qui est profondément liée à l'appareil patronal et d’État.

Si l'opposition de l'université à la Maison-Blanche a été saluée par les étudiants, elle a, comme d'autres administrations, participé à la répression des étudiants protestataires. La semaine dernière, l'université de New York a commis l'acte honteux de refuser le diplôme à Logan Rozos, étudiant en fin d'études, pour s'être exprimé contre le génocide.

La défense des droits démocratiques dépend de l'intervention de la classe ouvrière. Le Parti de l'égalité socialiste et son mouvement de jeunesse, les Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale (IYSSE), appellent à l'organisation d'une grève sociale et politique pour soutenir les étudiants de Harvard et tous ceux qui sont attaqués. Des comités de base doivent être créés sur chaque lieu de travail, y compris parmi les membres de l'UAW, afin de coordonner la résistance dans tous les secteurs d'activité.

La défense des droits démocratiques les plus élémentaires est une question de classe. Le même gouvernement qui mène la guerre contre les droits démocratiques prépare l'assaut le plus radical contre les programmes sociaux de l'histoire américaine. Le « Big Beautiful Bill » de Trump supprimerait des centaines de milliards de dollars de Medicaid, Medicare et de l'aide alimentaire pour financer d’immenses baisses d'impôts pour les riches, développer l'armée et engraisser davantage les profits des entreprises.

L'attaque contre les droits démocratiques vise avant tout la classe ouvrière, que l'élite dirigeante considère – à juste titre – comme la seule force sociale capable de remettre en cause sa domination. La défense des droits démocratiques est liée à la construction d'une direction socialiste consciente au sein de la classe ouvrière afin d'unifier et de diriger cette opposition dans une lutte révolutionnaire contre le capitalisme.

(Article paru en anglais le 24 mai 2025)

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