Le 18 juin se tiendra le procès du porte-parole de la tendance moréniste Révolution Permanente (RP), Anasse Kazib pour «apologie du terrorisme» pour avoir tweeté en soutien au peuple de Gaza. Kazib risque 7 ans de prison, plusieurs milliers d’euros d’amende et l’inéligibilité.
Le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du Comité international de la IVe Internationale dénonce sans équivoque le procès lancé par l’État contre Kazib. Des différends politiques inconciliables séparent le PES de RP, et notamment de leur conception que tout mouvement social de la classe ouvrière doit être construit à l’intérieur de l’appareil syndical français. Toutefois, ceci ne change en rien notre opposition principielle à toute tentative de criminaliser Kazib en le traitant d’apologiste pour le terrorisme.
Les accusations de terrorisme et d’antisémitisme portées contre lui sont des mensonges politiques, visant à faire taire non seulement Kazib, mais tout opposant politique du génocide à Gaza en France et à l’international.
Le cas le plus connu est celui du doctorant britannico-gambien en étude africaines à l’Université Cornell, Momodou Taal. Pour échapper à la persécution politique de l’administration Trump et à la menace de le faire disparaître dans un camp de détention aux États-Unis, au Salvador ou à Guantanamo Bay, Taal a dû quitter les Etats-Unis. En France, Mathilde Panot, députée LFI et la député européenne Rima Hassan ont elles aussi été convoquées par la police judiciaire pour apologie du terrorisme en avril 2024.
Dans le tweet visée par la procédure judiciaire, Kazib affirmait: «75 ans d’apartheid, d’oppressions et depuis des mois les scènes d’agressions, de répressions jusqu’au sein des mosquées, de familles chassées de leurs domiciles se sont multipliées. Soutien au peuple palestinien qui est debout face à cet État sanguinaire qu’est Israël.»
Dans ce tweet rien ne justifie les accusations portées contre Kazib. D’abord, le fait que le régime sioniste est un régime d’apartheid est factuellement vrai, les Palestiniens ayant un statut de citoyen de 2e classe privés de droits civiques accordés aux citoyens juifs. En 2018, Netanyahou et sa coalition de partis ouvertement racistes a introduit la «Loi sur l'État-nation», imitant l'Afrique du Sud de l'apartheid. Elle a consacré la suprématie raciale comme fondement juridique de l'État.
Ensuite, l’affirmation en octobre 2023 selon laquelle le peuple palestinien était debout reflétait bien l’état d’esprit de masses de Palestiniens de Gaza, suite à un soulèvement contre une occupation de leur territoire où Gaza a été entourée d’un mur illégal pendant 18 ans.
Lors d’une conférence de presse, Kazib a souligné la gravité d’une enquête liberticide, qui est allée jusqu’à faire des réquisitions auprès de mutuelles, de la sécurité sociale, de la CAF, mentionner le nom de ses enfants ou relever de ses positions politiques, notamment sur les violences policières. Il a dit, «On n’est pas dans une enquête sur de l’apologie du terrorisme. Là, on est dans une enquête sur un opposant politique».
En criminalisant les déclarations de Kazib, l’État policier tente d’interdire toute déclaration de soutien à des actes d’opposition à l’impérialisme et à ses truchements régionaux, notamment sionistes, en installant le principe antidémocratique du délit d’opinion.
L’attaque israélienne contre Gaza, qui a pris des dimensions génocidaires, vise à anéantir toute résistance palestinienne au régime sioniste. Comme le gouvernement et l’armée israéliens utilisent le langage et les méthodes de l’extermination, il est tout à fait approprié de décrire cette guerre comme une tentative de «solution finale» à la question palestinienne du régime sioniste, soutenu par les pays impérialistes de l’OTAN.
Cette guerre d’anéantissement est soutenue par tous les principaux gouvernements impérialistes. Macron a affirmé son amitié pour le régime d’extrême-droite de Netanyahou, ses ministres ayant manifesté pour défendre Israël aux côtés de dirigeants du RN. A présent, Trump a déclaré qu’il faut nettoyer Gaza ethniquement avec le déplacement forcé des Palestiniens vers la Syrie et la Libye.
Dans ce procès, les coupables se cachent sous le manteau du juge. C’est l’État français, non pas Kazib, qui est coupable de soutien à des forces antisémites et génocidaires qui utilisent la terreur et le meurtre de masse contre des civils sans défense. Le gouvernement Macron travaille activement avec des forces d’extrême-droite pour bloquer l’énorme colère de masses de travailleurs en France et à l’international contre le génocide à Gaza.
Il a lancé le procès contre Kazib suite à une plainte de Jeunesse Française Juive, une organisation pro-israélienne d’extrême-droite et près de 50 avocats, parmi lesquelles des figures proches de l’extrême droite, comme Olivier Pardo, avocat du pétainiste Eric Zemmour. Cette plainte vise des dizaines de personnalités de gauche dont Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot, Danièle Obono ou encore 12 militants de l’UJFP, comme le souligne RP.
En 2018, alors que Macron confrontaient au mouvement des gilets jaunes qui revendiquaient plus d’égalité. Son ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin est un ancien sympathisant et journaliste pour l’Action française, le mouvement monarchiste dirigé par Charles Maurras qui s'est opposé à la loi de 1905 sur la laïcité et a soutenu le régime génocidaire de Vichy. L’ancien porte-parole du gouvernement Macron, Benjamin Griveaux, avait paraphrasé Maurras en 2018.
Le PES rejette le mensonge politique répugnant selon lequel la solidarité du gouvernement Macron avec des forces d’extrême-droite sur la question du génocide à Gaza viserait à combattre l’antisémitisme. Les néofascistes s’allient avec le régime israélien, afin de blanchir leur passé fasciste et antisémite et de créer des conditions pour une résurgence des dictatures d’extrême-droite en Europe qui seraient, comme dans les années 1930 et 1940, au service de l’oligarchie capitaliste.
Les dénonciations d’une prétendue montée de «l’antisémitisme de gauche» servent à masquer le fait que, dans le monde entier, les Etats capitalistes cultivent des forces d’extrême-droite. Dans le cadre d’une nouvelle éruption de conflits internationaux, ils tentent de réaligner violemment les structures politiques sur la nature économique oligarchique du capitalisme contemporain. Le génocide à Gaza est au coeur de la tentative de créer un «nouveau Moyen-Orient» dominé par l’impérialisme – et ainsi, notamment de le part de Trump, de préparer une guerre impérialiste contre la Chine.
La défense des droits démocratiques et la nécessité de s’opposer au génocide et à la guerre exige l’annulation des poursuites réactionnaires contre Kazib, ainsi que de toutes les menaces judiciaires portées en France et à l’international contre des défenseurs des droits des Palestiniens.
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