Pour commémorer les 100 premiers jours de son deuxième gouvernement, l’aspirant-dictateur Donald Trump a organisé un rassemblement à Warren, dans le Michigan, au Macomb Community College Sports & Expo Center. L'arène, qui peut accueillir jusqu'à 5 000 personnes, n'a jamais été remplie plus qu’à moitié.
Un fait pratiquement ignoré par les médias patronaux: plus de gens ont manifesté à l'extérieur du site pour s'opposer à Trump et à ses attaques contre les immigrés, les étudiants, les fonctionnaires et les droits démocratiques, qu'il n'y en avait pour l'acclamer à l'intérieur. Les manifestants brandissaient des pancartes faites à la main dénonçant le piétinement de la Constitution et les aspirations de Trump à devenir un «Führer américain».
Selon les derniers sondages, Trump est largement impopulaire. Un sondage ABC News/Washington Post/Ipsos publié cette semaine donne à Trump un taux d'approbation de 39 %, le plus bas pour un président à ce stade depuis 80 ans.
Un autre sondage NPR/PBS NewsHour/Marist publié cette semaine a révélé que seulement 42 % l'approuvent, contre 53 % qui le désapprouvent. Près de la moitié des personnes interrogées lui attribuent une note d'échec «F» ; de fortes majorités, dont 57 % qui sont «indépendants», rejettent les attaques de Trump contre les immigrés.
Au rassemblement proprement dit, un Trump isolé et fantasque a présenté une image n’ayant rien à voir avec la réalité. Dans son style typique de campagne électorale, l'escroc de 78 ans a répété, pendant 90 minutes, bon nombre des mensonges qu'il débite depuis plus d'une décennie.
Après avoir faussement affirmé avoir «gagné le Michigan trois fois», il a déclaré qu'il était venu dans le Michigan «pour célébrer les 100 premiers jours les plus réussis de toute administration de l'histoire de notre pays».
Défendant son invocation de l'Alien Enemies Act et les disparitions d'immigrés et d'étudiants pour des délits de pensée et des tatouages, Trump a qualifié à plusieurs reprises tous les immigrés de violeurs et de meurtriers. Reprenant la théorie suprémaciste blanche du «Grand Remplacement», il a accusé «l'administration précédente d’avoir organisé une invasion massive des frontières, permettant aux gangs, aux cartels et aux terroristes d'infiltrer nos communautés et de violer et d'assassiner nos concitoyens, et c'est être gentil que d’en parler ainsi».
Il s'est vanté d'avoir interdit les aides sociales aux «illégaux» et signé un décret mettant fin au droit du sol, inscrit dans le quatorzième amendement de la Constitution. Il a déclaré :
J'ai interdit toute aide sociale aux clandestins et j'ai signé un décret qui mettra fin à l'octroi automatique de la citoyenneté aux enfants d'étrangers en situation irrégulière. Pas de citoyenneté.
En énumérant ses «réalisations», Trump a noté que «dans les jours qui ont suivi ma prise de fonction, j'ai signé la loi Laken Riley». Cette loi a fait l'objet d'une procédure accélérée de la part des démocrates afin de donner à Trump le sceau d'approbation du Congrès pour mener à bien son opération de déportation massive. Quarante-six démocrates de la Chambre et douze du Sénat se sont joints à tous les républicains présents pour faire avancer cette loi, qui permet à la Gestapo de l'immigration de détenir et éventuellement d'expulser des immigrés ayant juste été accusés d'un délit – et non condamnés.
Défendant la disparition sans procédure régulière de centaines d'hommes vers le goulag du «terrorisme» au Salvador, Trump s'est vanté que «les pires des pires sont envoyés dans une prison sans état d'âme au Salvador». Il a ensuite diffusé un montage vidéo montrant les hommes, dont la majorité n'a jamais été condamnée pour un délit ou un crime, se faisant raser le crâne et enchaîner avant d'être emprisonnés.
Après la diffusion de la vidéo, les quelque 2 000 éléments lumpen présents ont scandé «USA! USA!USA! »
Trump a ensuite fait venir son propre Joseph Goebbels, le chef de cabinet adjoint Stephen Miller. Miller a affirmé que Trump luttait « contre les cartels de la drogue. Il réduit vos impôts. Il réduit les dépenses inutiles. Il assèche le marais. Il s'oppose à la gauche radicale. Il s'oppose aux communistes».
Trump a choisi de tenir le rassemblement de ses 100 jours à Warren, une banlieue ouvrière de Détroit, en grande partie en raison du soutien que la bureaucratie du syndicat de l’automobile UAW (United Auto Workers) dirigé par Shawn Fain, a apporté à sa guerre commerciale et à son programme militariste. La bureaucratie syndicale, Fain et Sean O'Brien (des Teamsters) en tête, a pleinement adhéré au nationalisme économique de Trump qui dresse les travailleurs les uns contre les autres dans un nivellement par le bas, tandis que les multinationales engrangent les profits.
L'antidote au poison du nationalisme proposé par Trump, les syndicats et les politiciens est l'unité internationale de la classe ouvrière contre tous les partis capitalistes et contre le système de profit qu'ils défendent, qui conduit l'humanité vers la catastrophe climatique, le fascisme et la Troisième Guerre mondiale.
Ce n'est pas seulement la bureaucratie syndicale nationaliste qui a adopté et normalisé le retour de Trump à la Maison-Blanche. Avant son rassemblement à Warren, Trump avait été chaleureusement accueilli à son arrivée dans le Michigan par la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.
Moins de cinq ans après que des fascistes alignés sur Trump ont ourdi un complot visant à la kidnapper et à la tuer pour avoir décidé – en réaction aux débrayages massifs des travailleurs – des mesures limitées visant à endiguer la propagation du COVID-19, Whitmer a serré la main de Trump alors qu’ils célébraient ensemble la nouvelle mission de la base aérienne de Selfridge, qui comprend l'entretien d'une flotte de 20 avions de chasse F-15.
Invitée par Trump à s'exprimer lors d'un événement militaire sur la base, Whitmer a accepté. Vêtue d'un treillis de combat, elle a déclaré:
Je suis vraiment heureuse que nous soyons ici pour célébrer cette recapitalisation à Selfridge. C'est crucial pour l'économie du Michigan, c'est crucial pour les hommes et les femmes ici, pour notre sécurité intérieure et pour notre avenir, donc, merci, je suis tellement, tellement, reconnaissante, que cette annonce ait été faite aujourd'hui. Et j'apprécie tout le travail, merci.
La génuflexion de Whitmer devant Trump n'est pas une aberration. Le Parti démocrate ne s'oppose pas à la guerre commerciale de Trump ni à son agenda menant potentiellement à un conflit mondial. C'est pourquoi Whitmer, aux côtés du gouverneur californien Gavin Newsom et du chef de la minorité sénatoriale Chuck Schumer, a apporté à Trump éloges, soutien et voix tandis qu'il met en œuvre leur politique commune axée sur la baisse drastique des dépenses sociales pour préparer la guerre
À l’opposé du soutien complice exprimé par Whitmer et d’autres démocrates, des milliers de personnes ont manifesté à l’extérieur de l’arène de Macomb, berceau des « Reagan Democrats », contre Trump et l’oligarchie. Cela a une portée objective : au cours du dernier mois, plusieurs manifestations nationales massives ont rassemblé des millions d’opposants à Trump, au néonazi multimilliardaire Elon Musk et aux projets de dictature.
C’est ce mouvement de masse croissant ayant sa base dans la classe ouvrière, et non les faux démocrates et les bureaucrates à deux visages, qui est la véritable opposition à Trump. La tâche historique qui attend les travailleurs, les étudiants et tous ceux qui s'opposent au fascisme est d'imprégner ce mouvement d'un programme socialiste visant à unir la classe ouvrière internationale contre le système capitaliste de guerre, de dictature et d'inégalités.
Ce programme sera présenté par des orateurs du monde entier au rassemblement international en ligne du 1er mai 2025 qui aura lieu ce samedi (3 mai). Inscrivez-vous dès aujourd'hui à ce rassemblement sur wsws.org/mayday25.
(Article paru en anglais le 1er mai 2025)