Cette semaine dans l’histoire

Il y a 100 ans: Les fascistes prennent le pouvoir en Italie

Mussolini, deuxième à partir de la gauche, à Naples pendant la Marche sur Rome

Le 30 octobre 1922, plus de 30.000 membres des groupes de combat des squadristes fascistes entrent dans la capitale italienne, triomphale, alors que leur chef, Benito Mussolini, assume les pouvoirs de l’État.
Les fascistes s’étaient massés à l’extérieur de la ville le 28 octobre après que Mussolini eut déclaré au congrès fasciste de Naples le 24 octobre: «Notre programme est simple: nous voulons gouverner l’Italie.» Mussolini avait déjà fait plusieurs déclarations publiques selon lesquelles il tenterait de prendre le pouvoir. La presse internationale avait diffusé ces menaces depuis des semaines.

Le premier ministre par intérim, Luigi Facta, avait déclaré l’état de siège, mais le roi, Victor Emmanuel III, avait refusé de signer l’ordre qui aurait permis de mobiliser des troupes. Le 29 octobre, le roi demande à Mussolini de former un gouvernement. Au cours des mois suivants, Mussolini réprime brutalement les droits démocratiques et pousse les organisations de la classe ouvrière à la clandestinité. En décembre, les fascistes massacrent pas moins de 24 travailleurs de gauche à Turin. Mussolini prépare l’impérialisme italien à une intervention sanglante en Éthiopie et, finalement, à la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l’impérialisme allemand.
L’ascension des fascistes au pouvoir lors de leur fameuse «Marche sur Rome» a été une défaite pour la classe ouvrière, non seulement en Italie, mais aussi au niveau international. L’élan révolutionnaire qui s’était construit dans la classe ouvrière au cours des «deux années rouges» de 1919-20, lorsque les ouvriers avaient saisi les usines et formé des milices d’autodéfense, avait été dissipé par les syndicats et le Parti socialiste, cédant l’initiative aux fascistes.
Dans son discours du 20 octobre 1922 à l’Organisation de Moscou du Parti communiste russe, Léon Trotsky a fait l’analyse suivante:


En septembre 1920, la classe ouvrière italienne avait, en effet, pris le contrôle de l’État, de la société, des usines, des fabriques et des entreprises. Que manquait-il? Il manquait une bagatelle – il manquait un parti qui, s’appuyant sur la classe ouvrière insurgée, aurait engagé une lutte ouverte avec la bourgeoisie pour les restes de forces matérielles encore aux mains de cette dernière, détruisant ces forces, s’emparant du pouvoir et consommant ainsi la victoire de la classe ouvrière. En fait, la classe ouvrière avait déjà conquis ou pratiquement conquis, mais il n’y avait pas d’organisation capable de consolider définitivement cette victoire et la classe ouvrière s’est donc retrouvée projetée en arrière. Le parti s’est divisé en segments, le prolétariat a été écrasé; et depuis lors, tout au long des années 1921 et 1922, nous avons assisté au plus effrayant recul politique de la classe ouvrière en Italie sous les coups de bandes bourgeoises et petites-bourgeoises consolidées, connues sous le nom de fascistes.

(Article paru en anglais le 24 octobre 2022)

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